Chapitre 39

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Taina

Quelques années après, je cherchais, en suivant le conseil de Mahana, mon Rakuen.

Hai Ma était devenu officiellement ministre des affaires étrangères. Le temps était vraiment passé vite.

Fubuki s'était marié à un Mikazuki du nom d'Eiji, d'un autre clan, le clan Inaba. Ces clans avaient presque été rivaux durant des décennies mais maintenant que les lois avaient été abolies, des mariages du genre resserraient les liens entre clans autrefois ennemis.

Lorsque j'allais chez elle j'admirais toujours les trois cadres qui trônaient au dessus d'un meuble, accrochés méticuleusement au mur, représentant chronologiquement les mariés des trois générations : deux tableaux, représentant Mugetsu et Tadao, puis Raito et Denpo, et enfin une photographie, celle de Fubuki et Eiji.

J'étais allé à leur mariage, accompagné de mes parents, sa famille et Najwa. Jassem et Kenza Faizi étaient là aussi. Hassan Faizi non, puisqu'ils avaient divorcé. Il lui avait apparemment caché un fait très important durant la guerre. Même le duo que j'appréciais et admirais le plus avait fini par céder. Comme quoi on ne pouvait rien prévoir.

Fubuki avait été marié légalement puis le mariage traditionnel eu lieu au sanctuaire. La cérémonie fut dirigé par le kannushi, le prêtre, assisté par les mikos, des jeunes femmes au service du sanctuaire. Les mariés et tous les accompagnateurs se dirigèrent vers le sanctuaire, le kannushi ouvrant la marche et un assistant portant une grande ombrelle rouge au dessus des mariés suivait ceux-ci.

Bracelets aux poignées et colliers au cou nous étions sur notre tente-et-un. Fubuki était splendide, un hibiscus dans les mains, maquillée à la perfection, par sa grand-mère. Celle-ci avait aussi fait son chignon roulé. Elle portait un kimono blanc, shiromuku, ses cheveux étaient recouverts d'une parure blanche, le tsunokakushi. Le kimono était revêtu d'un long manteau blanc, l'uchikake. Le marié portait une tenue plus simple : un hakama, une sorte de pantalon bouffant et un montsuki, une veste. Les vêtements étaient unis et de couleur sombre, frappés des kamon des différents clans.

Najwa et ses mehndis* à l'encre obscure et au henné, qu'elle s'était aussi fait faire par une vieille dame, c'était une histoire d'amour. Elle levait constamment les mains pour que tout le monde les voie. Mais elle dansait aussi timidement, paradoxalement, son naturel la rattrapait au galop. Elle avait ses anneaux dorés aux oreilles comme elle les aimait tant. Ses cheveux aile de corbeau étaient attachés en deux nattes formant un nœud, quant aux cheveux de jais de Jassem ils étaient autant en bataille que la crinière d'Argos. Il portait un habit traditionnel Gayan jaune.

Ce médecin prenait bien soin de son apparence, comme son prédécesseur. Puisque Kenza était vêtue d'un habit Gayan vert, la mère et la fille étaient souvent vêtues de vert, surement leur couleur porte bonheur. Et elle avait attaché ses cheveux ondulés en un chignon bas. Comme moi. Je portais un houmongi, un kimono clair mais similaire au tomesode.

La fête continuait sur fond de jazz je gigotais près de la table, le traiteur de ce mariage avait encore tapé fort. On se demandait bien qui ça pouvait être. J'étais jalouse de Fubuki, elle ne grossissait pas malgré ce que Mugetsu lui faisait avaler. Les Faizi fêtaient sans alcool. Avec les jumeaux on jouait à « le sol est de la lave », je gagnais facilement et ils manquèrent de renverser des verres plusieurs fois. Quand Fubuki et Eiji s'embrassèrent j'eus presque versé une larme, peut-être que je l'avais versé en fin de compte. Je m'étais promis que non pourtant. Et je ne compte pas ma larme de bonheur en mangeant les meilleurs dangos de ma vie, sous l'œil attentif d'Argos.

Fubuki espérait pouvoir retrouver un jour les trois enfants qu'elle gardait autrefois, je me rappelais comme à travers des lettres de braille elle avait exprimé son affection pour ces trois bambins. Cependant, en les cherchant à travers la capitale elle n'en retrouva jamais la trace. Beaucoup soupçonnaient qu'ils aient fui la capitale en déménageant à la campagne.

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