Quarante ans auparavant, se rencontraient Masaru Inaba et Niji Soga.
Masaru Inaba appartenait à un clan opulent de Kisaki. Il était né dans le bon clan, dans la bonne famille. Il n'avait jamais manqué de rien et avait eu une enfance agréable. Les Inaba n'étaient pas les plus grands samurais, on les comparait souvent aux Watanabe. Ce qui ne leur plaisait pas. Masaru avait appris à manier le sabre, était allé dans une école pour samurai. Il était destiné à gonfler les rangs de l'armée, comme tous les fils Inaba. Il n'avait pas spécialement été brillant. Il n'avait jamais rien eu de spécial. Si ce n'était sa beauté qui ravissait ses parents. Ils étaient fiers que leur fils fasse chavirer toutes les filles, qui pouvaient souvent être des prétendantes.
Quant à Niji Soga, elle portait ce patronyme car elle avait été élevée dans le monastère des Soga. C'était une orpheline, sa mère était morte en accouchant et son père n'avait jamais donné signe de vie. Dans ces cas là, l'hôpital donnait aux monastères alentours les rejetons. Qu'ils soient des nègres, des rouges, des albinos ou des métis. Cependant les petits Mikazuki étaient mis à l'adoption dans des orphelinats.
Dans ces monastères, les orphelins Colorés étaient accueillis, la plupart du temps, à bras ouverts. Il n'était pas rare que les enfants soient l'objet de violence ou qu'ils soient utilisés pour faire le ménage, la cuisine ou les autres corvées que ne souhaitaient pas faire les religieuses.
Les prêtresses, les mikos, avaient nommé le nouveau-né. Niji était son prénom. Elles s'occupaient d'elles comme il se devait. Quand elle atteint l'âge de tenir un balai elles la cantonnèrent au rang de femme de ménage. Cela ne dérangeait pas la fillette. Le soir venu, elle passait sa tête dans l'entrebâillement des portes et la lueur des lumières éclairaient son visage. Elle aimait les regarder faire leur prière, leurs incantations près des bougies, leur danse religieuse. Elle avait eu à huit ans son propre kimono de cérémonie et dès qu'elle avait fini les tâches ménagères elle était invitée à les rejoindre. Les prières des mikos devaient repousser le mal, les démons, les auras néfastes, elles les sentaient et préféraient prévenir que guérir. Les chamanes du temple guérissaient chacune des mikos et des enfants de leurs maux. Les amulettes devant protéger les enfants de différentes sortes de mauvais sorts décoraient leurs chambres et l'ensemble du temple.
Niji vivait avec d'autres orphelins, de tous âges, de toutes origines. Darunee, Haiko, Jinzo, Jung, Nalani, Nirmala, Prija, Rajana, Shuji, ShunYan, Satomi, Takara. Et parmi cette ribambelle d'enfants elle ne possédait pas un grand nombre d'amis. La majorité d'entre eux étaient en mauvais terme avec les religieuses qui les battait parce qu'ils ne faisaient pas bien leur travail. Contrairement à elle.
Niji admirait, avec la Mikazuki avec laquelle elle avait créé le plus de lien, les feux follets devant le temple. La femme l'avertissait alors qu'un kitsune rodait peut-être, pour protéger le temple, lequel était dédié au culte du kami Inari. La fillette se cachait souvent dans les jambes de sa protectrice alors que la Cheffe du temple la cherchait pour la gronder. Elles étaient complices depuis que la femme l'avait pris sous son aile. Dès qu'elle avait vu son petit minois elle avait décidé qu'elle serait sa protégée. Elle était même à l'origine de son prénom. Alors qu'elle s'était liée d'amitié avec elle, les autres Mikazukis avaient tendance à la trouver trop envahissante, trop embarrassante. La dame leur répondait avec un clin d'œil que tout le monde avait ses bizarreries, que certains étaient juste plus douer pour le cacher.
Il n'y avait aucune prêtresse Colorée dans le monastère perdu dans les montagnes. Pour en trouver il fallait aller dans les quelques temples Colorés qui jonchaient la contrée.
Quand Niji eu atteint l'âge adulte, elle embarquait dans une calèche et troquait la vie de temple pour la capitale du pays, Kisaki. La veille, sa prêtresse favorite l'avait prévenu, là-bas elle devrait faire un service qui ne lui plairait sûrement pas. Elle lui disait qu'elles n'auraient pas les mêmes chances de réussir, qu'elle finirait sûrement bonne. Elle lui demandait si elle était sûre de son choix. Alors Niji lui répondait que depuis sa plus tendre enfance elle avait été désignée pour les corvées, pourquoi cela lui poserait-il problème soudainement.
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Rakuen
FantastiqueTaina et Fubuki vivent à Mikazuki. Toutes les deux étaient amies un jour, toutes les deux se considèrent mutuellement comme des sœurs aujourd'hui. Elles se perçoivent au-delà de leurs différences. Seulement, le gouvernement n'est pas de cet avis, l...