Chapitre 38

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Fubuki

Je reprenais toujours Orava quand il affirmait à la moindre occasion qu'il aimait les femmes.

« Orava, tu n'aimes pas les femmes pour ce qu'elles sont individuellement, tu aimes leur corps. Ce n'est pas la même chose.»

Il cogitait et disait impunément que ce n'était pas faux. Alors quand il disait à sa cousine qu'il respectait profondément chacune de ses conquêtes j'étouffais mon rire. A chaque fois que nous voyions cet homme il était en compagnie d'une autre femme que la semaine précédente. Et quand il rencontrait une demoiselle il portait sa main à ses lèvres presque systématiquement en la complimentant.

Alors que Mahana le reprenait, aussitôt que la femme fut partie, il adressait un doigt d'honneur à sa cousine. Ils se chamaillaient souvent et avec Taina on se sentait de trop, surtout quand Mahana lui rappelait qu'ils partaient à Haumea et qu'il allait se marier là-bas. Il saignait presque du nez en voyant des femmes en yukata, en robe ou en jupe. C'était l'été il allait devoir s'y faire.

Il y avait bien une personne qui me changeait de la compagnie de Mahana et Orava. J'avais passé beaucoup de temps avec Najwa. Par exemple, avec nos séances à la bibliothèque, elle avait réussi à me convaincre que la dérive des continents avait eu lieu, ou que la terre n'était pas plate. Avec elle j'apprenais comme je n'avais jamais appris. On s'entendait bien, j'avais toujours cru que j'aimais apprendre, mais j'ai eu la vraie définition de cette passion en rencontrant Najwa Faizi. Quand on lui demandait ce qu'elle aimait tant dans les livres, comment elle était aussi intelligente elle avait sa réplique.

« Je suis ce que j'ai appris, et plus. »

Elle disait qu'elle n'était pas intelligente de naissance, elle pensait que les gens qui la qualifiaient de génie ne comprenaient pas que c'était le fruit de travail, d'efforts. Elle disait aussi qu'elle avait acquit ces compétences, qu'elle avait appris et accumulé les connaissances.

« Je ne suis pas née avec un livre entre les mains, même si c'est presque ce que mes parents veulent faire croire, on dirait. »

« Ha ha, ce qui veulent bien t'écouter toi serons ce qu'il en est. »

« C'est sûr, on n'est jamais mieux servi que par soi-même.»

Je mangeais une pastèque avec elle et Taina. Elles me parlaient du fil rouge du destin. Les parents de Najwa l'avaient rappelé à l'ordre, elle devrait se marier avant que trop d'années ne s'écoulent. Elle et Taina se disaient qu'elle trouverait la personne à l'autre bout de leur fil un jour prochain. Elles n'avaient pas que leur taille en commun.

Lori, le qilin de Najwa, était mignonne. Najwa m'avait proposé de monter sur son dos, j'avais fait un tour en trottinant, peu sure de moi sur ce colosse. Elle commença à s'amuser avec une sauterelle et lui courait après.

« Tout doux Lori ! Tout doux. » Criai-je.

« Doucement Lori, viens là ! »

Lori répondit après quelques secondes à l'appel de son amie, et propriétaire à temps partiel. Elle lui tendait un poireau.

Je descendis et regardai le légume, confuse.

« Elle...elle mange cela ? »

« Oui Lori est un qilin, les qilins sont herbivores. Et elle affectionne particulièrement les poireaux. »

Le yokai croqua dans le légume. Eh bien...j'en apprenais tous les jours.

Mahana avait une peur bleue du courroux de sa mère. Avant de partir pour Haumea, la mère exigeait de sa fille qu'elle apprenne à faire des tatouages. Alors celle-ci s'entrainait sur Najwa, en lui faisant des tatouages éphémères aux hennés. Elle avait des motifs plein les mains, ils devaient conjurer le mauvais sort et la protéger des esprits maléfiques. Najwa adorait ces tatouages et remercia mille fois Mahana, même si celle-ci devait faire cela. Elle proposa même à Kenza Faizi de s'en faire appliquer par les soins de Mahana. Elle accepta, seulement en dehors de ses heures de travail. Les tatouages devaient rester environ deux semaines selon la future spécialiste.

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