Relation Interdite

Chapitre 19

L'amour... Est-ce cela l'amour ? Pouvoir oublier la personne avec qui on a partagé sept ans de notre vie en l'espace de quelques mois ? Ne plus ressentir cette douleur qui nous déchire les entrailles au simple contact de cette personne... Je ne le sais pas. La seule chose que je sais c'est que cet amour est impossible. Mais comment y résister. Tant de questions qui me taraudent.

Je me dirige lentement vers la demeure d'Alix, appréhendant grandement le fait d'avoir cours chez elle. Je ne sais pas comment cela va se passer. Des souvenirs de la soirée me sont revenus à l'esprit et je sais maintenant que nous ne nous sommes pas embrassées. Mais ce qui compte c'est l'intention. Nous étions toutes les deux à quelques millimètres l'une de l'autre et si je n'avais pas eu cette envie irrépressible de régurgiter ma boisson... Je ne veux pas y penser.

Je toque, au bout de quelques minutes, un homme plutôt petit, munit d'une canne, le visage marqué par une douleur lancinante dans la jambe m'ouvre et m'invite à entrer. C'est le papa d'Alix, je le reconnais nous nous étions vus à la réunion parents-prof. Il avait l'air d'être un bon père, aimant. Sait-il que la personne qu'il vient de faire entrer chez lui a pratiquement embrassé sa fille ? je ne pense pas. Comment l'aurait-il deviné.

« Bonjour Mme Venturini vous allez bien ?

- Bonjour Monsieur Garcia, très bien merci et vous ?

- On fait aller comme on dit. Entrez, je vais chercher Alix. »

Mr Garcia quitte la pièce et je patiente en regardant autour de moi. La maison est assez petite, il y a un étage, un petit salon et une cuisine ne permettant pas l'accès à plus de trois personnes à la fois. Au bout de quelques minutes, Alix et son père me rejoignent dans le salon.

« Bonjour, j'espère que vous allez bien, On s'est dit avec mon père qu'on serait plus tranquilles dans ma chambre, ça vous va ? »

Dans sa chambre ? Je vais vraiment passer les deux prochaines heures dans sa chambre ? Ce n'est pas possible je suis dans un cauchemar. Ou en enfer, ça doit être ça. Nous montons à l'étage et Alix m'oriente vers une petite pièce, équipée d'un lit et d'un bureau. De nombreuses photos sont affichées ici et là. Je ne veux pas gêner sa vie privée et ne m'attarde donc pas dessus. Nous nous asseyons et je donne le sac à Alix. Je l'observe brièvement et m'aperçois qu'elle a les yeux rougis par des larmes.

« Tout va bien Alix ? Nous pouvons annuler la séance tu sais.

- Non surtout pas ! J'en ai besoin. Enfin je veux dire pas de problème ça va aller. C'est le jour anniversaire de l'accident aujourd'hui alors je ne suis pas dans un bon jour. »

Elle termine sa phrase en regardant vers le mur. Je suis ses yeux et distingue une photo de famille. Je sens qu'Alix se retient de pleurer et qu'elle est profondément attristée. Je pose ma main sur son épaule, lui offre un sourire compatissant et essaie de la consoler. Elle se lève et s'approche de la photo pour la décrocher. Elle se rassoit à côté de moi et me la tend.

« Regardez, c'était il y a quatre ans jour pour jour. On était beau vous ne trouvez pas ? »

Alix est bien plus jeune sur cette photo, bizarrement son père aussi semble beaucoup plus jeune. Pourtant, chez un adulte, quatre années ne se voient pas forcément. Mais aucune marque de douleur n'est affichée sur son visage. Une réalité me frappe soudain, qui sont les trois autres personnes sur cette photo.

« Je sais ce que vous êtes en train de vous demander. Qui sont ces personnes sur cette photo ?

- Oui j'admets que je me suis posée la question. Mais tu n'es pas obligée d'en parler. Si tu en ressens le besoin tu le peux bien entendu, comme je te l'ai dit, je serais toujours là pour t'écouter.