Chapitre 12

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Nous sommes en Novembre, la température extérieure chute dangereusement et le soleil est parti en vacances dans l'autre hémisphère.

« Mon cœur, tu ne voudrais pas changer de destination pour Noël ? Je ne sais pas, partir à Venise ou dans un pays scandinave ? »

Cela fait maintenant sept ans, c'est-à-dire depuis que notre histoire a commencé, que nous passons Noël chez ses parents, au fin fond de la Meuse (désolé les meusiens, mais je pense que chez vous, le nombre de vache excède largement celui des humains. Il n'y a ni réseau, ni beau paysage et, même si j'adore ma belle-mère, ce weekend de fête commence à m'agacer. Je pense que dans un sens, je jalouse un peu Laura, sa famille l'a toujours acceptée et elle les voit régulièrement. En comparaison, je n'ai pas adressé la parole aux miens depuis sept ans. Se faire surprendre au pieu par ses parents est une chose. Mais se faire surprendre avec une fille, par MES parents en est une autre. Je me rappelle parfaitement cette journée. Elle débutait très bien, nous avions passé l'après-midi ensemble, on était allées au cinéma et je l'ai invité à rester dormir à la maison. Elle venait souvent quand mes parents étaient là. De toute façon, c'était une fille et avec les œillères qu'ils avaient, ils n'auraient pas imaginé une seconde que cette jeune fille très féminine puisse être ma petite amie. Je sais, cette dernière phrase est absurde, on peut être féminine et gay tout comme on peut être garçon manqué et hétéro mais c'est la première chose que m'a dit ma mère. Enfin la deuxième après le fameux « Tu déshonore la famille, tu nous fais honte, qu'avons-nous fait Dieu pour mériter tel châtiment » mais j'y reviendrai plus tard. Du coup cette soirée s'annonçait plutôt bonne. Nous sommes allées dans la chambre et j'ai mis en route un film sur Netflix. (J'avoue ne pas me rappeler du titre du film ni même de quoi il parlait... Après tout dans ces moments-là.... C'est surtout pour avoir un bruit de fond.)

Nous avons donc commencé nos petites affaires. Je n'ai bien entendu jamais reçu le sms de ma mère me disant « nous rentrons plutôt, à tout de suite biz » qui fut d'ailleurs son dernier. Je me souviens de la porte qui s'ouvre, de Laura et moi en panique, en sous-vêtements, Moi à califourchon sur elle. J'ai sauté sur le côté, mais il était déjà trop tard. Ma mère n'a rien dit pendant deux bonnes minutes. Le visage figé en une expression de stupeur, d'incompréhension et de profond dégout. Puis, il s'est transformé en haine. Haine envers moi mais aussi et surtout envers Laura. Elle lui a attrapé le bras et l'a pratiquement jeté dans les escaliers. Je me rappelle avoir couru derrière elles, en larme, habillée que de mes sous-vêtements, suppliant ma mère de la lâcher. Ma mère s'est tournée vers moi et m'a probablement donné la plus grande gifle que la terre ait connu. Puis, elle s'est retournée vers Laura et a armé son bras pour réitérer son geste. Je me suis interposée et elle m'a hurlé que Laura n'était qu'une erreur de la nature, qu'elle m'avait pervertie... tout le baratin de la mère homophobe quoi. C'était une remarque stupide étant donné que si on suit son idée... c'est plutôt moi qui l'ai « pervertie », avant Laura était sortie avec tout un tas de garçon. Elle l'a jeté dehors puis ma regardé droit dans les yeux et m'a dit. « Soit tu pars, soit tu restes. Si tu pars, ne reviens plus, si tu restes, nous trouverons des remèdes et des médecins pour te soigner. »

Comme vous vous en doutez, je suis partie illico-presto, il était hors de question de quitter Laura et encore moins de devoir suivre moultes thérapies toutes les plus stupides les unes que les autres. Ses parents m'ont recueilli le temps des vacances et le temps que je trouve de quoi me loger à Strasbourg pour commencer la fac.

Depuis ce jour, je n'ai pas eu de nouvelle de mes parents et nous passons tous nos Noëls chez la famille de Laura.

Je me suis donc risquée à lui poser la question du changement de plan.

« Pourquoi, tu n'aimes plus aller chez mes parents ?

- Si, si j'aime beaucoup (totale hypocrisie), mais je pensais qu'un voyage pourrait mettre un peu de nouveauté. Je n'aime pas la routine.

Relation InterditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant