Relation Interdite

Chapitre 32

Cela fait une semaine que les cours ont repris. Comme depuis le début de la reprise, j'ai l'estomac noué par appréhension de me retrouver face à Alix. Je ne l'ai pas encore vu, car elle a séché les 5 heures de cours de la semaine dernière. Cela m'agace royalement qu'elle gâche tout ce potentiel et qu'elle n'en fasse qu'à sa tête. Je la vois parfois dans les couloirs, mais elle fait tout pour éviter de croiser mon regard. C'est difficile à supporter pour deux raisons évidentes. La première parce que je sais que cela signifie que je l'ai fait souffrir, ce que je ne voulais absolument pas, et la deuxième, plus difficile à avouer pour moi, c'est que son regard me manque, le désir que je pouvais lire dans son regard quand elle posait ses yeux sur moi, sa voix, son odeur... Julie n'arrête pas de me dire de la recontacter, d'essayer de reprendre ce que j'ai lâchement abandonné, mais je n'ai pas encore trouvé le courage. Je dois lui dire que je l'aime, que je veux être avec elle. Je sais qu'il faut que je le fasse sinon je le regretterai sûrement toute ma vie...

Comme chaque matin depuis la rentrée, j'essaie de bien m'habiller, de me maquiller et de me parfumer. Je ne veux pas trop me l'avouer mais l'unique raison pour laquelle je fais des efforts dans mes tenue, c'est que je veux reconquérir Alix, ou du moins faire en sorte qu'elle me regarde à nouveau comme avant. Je déteste être invisible à ses yeux. Je sais que c'est assez idiot de ma part et qu'aller lui parler serait bien plus simple, mais la lâcheté dont je fais preuve depuis trois semaines maintenant ne veut plus me lâcher. Trois semaines.... Cela fait déjà trois semaines depuis que j'ai décidé d'arrêter de voir Alix afin de « réfléchir ». Les trois semaines les plus longues de ma vie. Je ne passe pas une minute sans penser à elle et cela me rend dingue. Je finis ma tasse de café et me dirige vers le lycée.

Les cours passent assez vite, les élèves sont attentifs et on remarque assez distinctement la différence avec la période précédant les vacances. Ces deux semaines leur ont fait du bien et depuis la reprise des cours, ils sont bien plus présents en cours. À 14h, j'ai cours avec la classe d'Alix. Je laisse entrer les élèves dans la salle tout en restant assise devant mon bureau, à préparer mes fiches pour le cours qui arrive. Soudain, je remarque un visage familier. Je ne peux m'empêcher de la provoquer un peu même si je sais que je ne devrais pas.

« Mademoiselle Garcia, tu te décides enfin à venir en classe ? Quel honneur ! »

Elle me regarde, d'abord surprise, puis l'expression de son visage se change en colère. Je savais que je n'aurais pas dû dire ça, que c'est principalement ma faute si elle ne vient plus à mes cours. Les poings serrés, elle soupire, roule des yeux et me répond d'un ton sec et d'un sourire forcé :

« Je ne sais pas encore, je prends exemple sur vous, je n'arrive pas à me décider, vous comprenez il me faut du temps. »

Et toc, dans les dents. Nous parlions assez doucement et les autres élèves discutaient entre eux alors personne n'a entendu sa remarque, mais je reste bouche bée, ne sachant pas quoi répondre. Je dois vraiment lui parler, je dois prendre mon courage à deux mains. Je respire un grand coup et lui répond, bien plus froidement que ce que je voulais faire :

« Alix, tu resteras à la fin du cours, je dois te parler »

Elle souffle, opine du chef et va s'asseoir au fond de la salle en sortant ses affaires de manière nonchalante. Je fais l'appel puis commence le cours. Je remarque que quelque chose cloche avec Alix, mais je ne sais pas quoi. Son teint est plutôt pâle et elle a l'air d'être épuisée. Je ne veux pas la déranger et décide de continuer sans y prêter trop d'attention. Elle ne participe pas vraiment au cours, préférant regarder la table plutôt que le tableau et ne répondant pas aux questions que je pose à la classe. Je ne lui fais pas de remarque, le fait qu'elle soit présente classe est déjà une victoire, on verra plus tard pour la participation. Comme on dit, il faut savoir apprécier une victoire quand on en voit une ! J'étais en train de remettre mon diapo sur le rétroprojecteur quand Chloé, une de mes élèves et très bonne amie d'Alix me crie paniquée :