Soleil de Minuit

As lovely as a Lapland night (1)

Kiruna, fin décembre

Sung-ki enfonce son bonnet jusqu'aux oreilles avant de sortir du petit aéroport de Kiruna, en Laponie suédoise. Il fait déjà nuit et il y a de la neige partout sur les trottoirs, ce qui n'était pas le cas à Stockholm.

Le danseur ne sait pas exactement à quoi s'attendre, à part au froid. Anders l'a en effet averti qu'ils allaient affronter des températures autour de moins vingt, voire moins vingt-cinq degrés. Cela ne fait pas particulièrement peur au Coréen, car les nuits à Séoul en hiver pouvaient également être glacées, et il y courait malgré tout dès six heures du matin. Si lui-même a une préférence marquée pour les climats plus chauds, s'il s'épanouit surtout sous le soleil brûlant, il ne souffre pas pour autant sous d'autres latitudes ; tout lui convient pour y être heureux.

En particulier s'il est bien équipé — or, Anders l'a entraîné dans un magasin de Stockholm la veille pour l'habiller de la tête aux pieds de vêtements polaires adaptés.
— La navette de l'hôtel est là, dit le Suédois en indiquant de son doigt ganté un van noir qui stationne devant l'entrée.
— Super ; allons-y !
Plein d'entrain, Sung-ki soulève sa valise et se dirige vers le véhicule, foulant la neige qui paraît fraîche de ses bottes neuves.

Autour d'eux, peu d'autres touristes se sont attardés. Beaucoup des personnes à bord de l'avion paraissaient rentrer dans leur village au nord pour passer les fêtes en famille plutôt que pour visiter la région. Les deux jeunes gens ne resteront d'ailleurs à Kiruna que deux jours et une nuit en plus de celle-ci, avant de redescendre dans la capitale pour célébrer Noël chez les Brendenberg — perspective qui enchante Sung-ki. Le danseur aime beaucoup les parents de l'ancien hockeyeur et la chaleur de leur foyer ; il est également heureux que son compagnon, après deux ans de réveillon en Californie, puisse retrouver ses traditions d'enfance. Lui-même est curieux de découvrir toujours plus de ce qui a façonné Anders au fil de sa jeunesse, et ce Noël suédois le remplit donc d'excitation.

Après avoir échangé quelques mots avec le chauffeur du van, qui vient les aider à charger leurs bagages dans le coffre — deux grosses valises, car les vêtements d'hiver prennent beaucoup de place —, Anders indique au Coréen qu'ils peuvent s'installer sur la banquette. Sans se faire prier, Sung-ki y grimpe. Il attache sa ceinture, puis regarde son petit ami avec des yeux brillants.
— C'est parti ! J'ai hâte d'arriver et de voir ce qu'il y a à voir là-bas !
— J'espère que ça te plaira, dit le Suédois en lui souriant.
— Je suis sûr que oui, car tu ne m'aurais pas proposé ça si tu n'avais pas pensé que j'aimerais ! On en a pour beaucoup d'heures de route ?
— Non, non, même pas une heure ! Une trentaine de minutes, je pense ? J'imagine que ça dépend des conditions sur la route...
— Et des rennes, coupe le chauffeur, en anglais également, avec un fort accent.
Il jette un coup d'œil à ses passagers dans le rétroviseur intérieur, puis reporte son attention sur l'horizon.

— Comment ça, des rennes ? demande Sung-ki, qui n'a pas compris où l'homme voulait en venir.
— Comme la route passe dans la forêt, parfois, des rennes sortent des arbres et la traversent. Alors, il faut s'arrêter et attendre qu'ils soient passés.
— Ooooh ! J'espère qu'on en verra !! Ce sont parfois des troupeaux ?
Le chauffeur hoche la tête avant de répondre sobrement :
— Ça peut arriver.

Ravi, Sung-ki se tourne vers son compagnon.
— Ce serait trop chouette ! Je vais sortir mon téléphone en prévision, pour prendre des photos, si jamais !
Il enlève ses gants avant d'attraper l'appareil dans la poche intérieure de sa veste de ski.
— Je vais en profiter pour dire à nos amis qu'on est bien arrivés en Laponie ! J'aurais voulu prendre une photo du petit avion qui fait la liaison entre Stockholm et Kiruna, mais j'ai oublié !
— Tu en prendras une au retour.
— Oui, bonne idée !

Kyung-hwan est resté en Californie avec les chiens, de même qu'Adam. Elian, Blanche, Woo-jae et Reign sont retournés passer Noël en Floride. Bastian n'a pas quitté Cologne, et Colin est à Paris. Tous se retrouveront à Manhattan Beach dans peu de temps pour le traditionnel réveillon de Nouvel An, mais Sung-ki compte bien les tenir au courant jour après jour de ce qu'il expérimente en Suède avant de pouvoir leur raconter son voyage de vive voix. Il est déjà certain que ce dernier sera plein de magie et, s'il peut la disperser un peu autour de lui en attendant, c'est encore mieux.