Premier Halloween (3)

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Los Angeles International Airport, 31 octobre 

— Vous êtes là !!!
Rayonnant, Sung-ki se jette au cou d'Elian et Woo-jae dès que ses amis l'atteignent dans le hall des arrivées. Tous deux s'y attendaient, et c'est donc sans surprise qu'ils soutiennent les cinquante-six kilos du danseur.

— Hello, Sunshine ! Merci d'être venu nous chercher, sourit l'Américano-coréen.
— Vous m'avez tellement manqué, répond Sung-ki en se collant aux deux jeunes hommes.
Il ferme les yeux le temps d'inspirer l'odeur de leurs crèmes respectives dans le cou de chacun — toujours le même bois de rose pour Woo-jae, et une vanille un peu différente pour Elian, qui a dû changer de marque depuis Séoul. Ces senteurs familières le ramènent au temps où ils étaient toujours ensemble et comblent les espaces vides que leur séparation a creusés en lui.

— Nous aussi, on est contents de te voir, dit Woo-jae en posant brièvement sa main libre sur l'épaule de son benjamin, avec la légèreté qui caractérise les contacts physiques qu'il initie.
Sung-ki rouvre les paupières pour observer le visage de l'ancien visual, dont les lunettes de soleil lui cachent les yeux. Sont-ils toujours argentés, comme fin août ? Woo-jae porte une casquette qui dissimule ses cheveux maintenant noirs et, pour un peu, on dirait que rien n'a changé depuis leurs années d'idols — même si plus rien n'est pareil.

— Ça a été, le voyage ?
— Oui.
— J'ai dormi une partie du trajet, en ce qui me concerne, intervient Elian. Même si je n'étais pas particulièrement fatigué. J'ai l'impression que c'est devenu un automatisme quand je monte dans un avion, en fait. J'en ai trop pris l'habitude en tournée.
Le danseur rit en lâchant enfin le cou de ses amis.
— C'est vrai que tu profitais de tous les vols où ta mère était présente pour grappiller quelques heures de sommeil au nez et à la barbe de Manager Kim, haha. On va à votre hôtel ?
— Si possible, oui ! Comme ça, on peut déposer nos affaires.

D'un mouvement souple, Sung-ki pivote sur lui-même pour se trouver dans la direction de la sortie. Il glisse les bras sous ceux de ses amis, s'immisçant aussi entre eux.
— On y va ! Andy terminait des trucs à l'appart, c'est pour ça qu'il n'a pas pu m'accompagner, mais lui aussi est impatient de vous voir tout à l'heure. Ah, et avant que je n'oublie pour la mise en garde : je ne peux pas vous garantir qu'on ne croisera pas quelques fans, car il y en a dans le secteur, et notre groupe est encore frais dans leur mémoire !
L'Américano-coréen hausse les épaules.
— On les ignorera au besoin, sauf si c'est mauvais pour ta réputation à l'académie.
— Non, moi, je m'en fiche, vous faites comme vous voulez ! Ça fait un moment que je ne m'inquiète plus pour ma réputation, car de toute façon, elle a déjà pris cher en juin, haha.
L'ancien visual jette quant à lui un regard à la ronde, mais il ne fait pas de commentaire.

Les trois jeunes gens se faufilent entre les voyageurs, très nombreux dans l'aéroport, pour rejoindre la zone où attendent les taxis. Sung-ki n'a pas le permis et, si Elian a obtenu le sien lors de son service militaire à la KATUSA, ils n'ont pas loué de voiture pour des trajets et un séjour aussi courts. La chaleur les happe au sortir du bâtiment.

— De toute façon, on a pris des déguisements qui nous rendent invisibles au cas où vous voulez vous promener dans les rues, reprend l'ancien chanteur en coréen en s'installant à l'arrière d'un taxi jaune.
— Ah oui ? C'est quoi ? Le mien est une surprise ! C'est Andy qui l'a cousu, assorti au sien, et vous allez voir comme c'est beau ! J'ai hâte de vous le montrer ! Il faudra que vous fassiez plein de photos pour envoyer à Kyung-hwan !
— On le fera, ne t'inquiète pas, promet Woo-jae de sa voix douce.

Sung-ki le remercie après avoir donné au chauffeur l'adresse de l'hôtel non loin de chez lui où ses amis vont loger, faute de place dans son appartement. Il aurait bien voulu les avoir avec lui non-stop, mais il a dû se résigner pour le confort de chacun. Il n'était de toute façon pas sûr que  l'ancien visual se sente à l'aise de partager une salle de bain avec Anders, qu'il ne connaît pas très bien. 

Le danseur redemande d'un air curieux :
— Tu seras déguisé en quoi, du coup, Woo-jae ?
— En momie. Ça me permettra de me cacher.
Son timbre n'est pas modulé d'intonations particulières, mais Sung-ki se tourne néanmoins vers Elian, assis de l'autre côté de lui sur la banquette arrière. Celui-ci comprend ce que le regard de son ami demande, mais il rebondit tout de même sur le fil initial de la conversation à la place.

— Moi, je serai en Spiderman. Avec ça, je suis sûr que personne ne me reconnaîtra. J'ai hésité à reprendre la tenue de Captain America qui ne m'allait pas mal chez SKBS, mais c'était plus épais comme costume. Avec les vingt-huit degrés qu'il fait encore à Los Angeles aujourd'hui, non merci.
— Ah oui, c'est sûr que là, c'est fan-proof dans les deux cas ! s'exclame Sung-ki. On pourra aller voir la parade sans crainte !
— C'est bien le but, dit encore Elian avec un sourire.

Sung-ki y répond de la même façon puis se tourne à nouveau vers Woo-jae, dont il saisit la main.
— Je suis vraiment trop content que vous soyez là tous les deux, en tout cas ! J'ai hâte d'être ce soir : je suis sûr qu'on va super bien s'amuser !
— On n'a pas de doute là-dessus, répond l'Américano-coréen.

Tout le long du trajet, Sung-ki détaille les dernières semaines qu'il vient de passer, quand bien même il envoie déjà des messages et des photos tous les jours à ses amis pour les tenir au courant de ses tribulations. Il leur explique son adaptation dans la cité des anges, toutes les choses nouvelles qu'il y a testées. Il évoque également le hockey, puisqu'il suit à présent avec assiduité les matchs de son compagnon. Il s'interrompt à chaque fois qu'ils passent à côté d'un bâtiment notable pour le leur montrer ou raconter une anecdote. 

Sa volubilité, presque plus intense encore que d'habitude, prouve sa joie à se retrouver avec ses deux amis — et étourdit le fait qu'ils ne sont que trois dans ce véhicule au lieu de quatre comme avant. Kyung-hwan lui manque tellement, soudain, qu'il a presque envie de pleurer autant qu'il a envie de rire d'avoir enfin Elian et Woo-jae à nouveau près de lui.

— Et au fait, on va manger quoi, à la fête ? s'enquiert l'ancien main vocalist après lui avoir jeté un coup d'œil, tandis que le taxi s'immobilise à un feu rouge.
Aussitôt, Sung-ki s'éclaire à luminosité maximale pour leur lister ce qu'Andy et lui ont repéré sur Internet et préparé de concert pour l'occasion.


Soleil de MinuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant