Le plus simple appareil

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Manhattan Beach

Anders fouille dans les placards de la salle de bain à la recherche de ses produits de beauté soigneusement rangés. S'il prenait déjà soin de lui avant de rencontrer son compagnon, l'attention qu'il porte à sa peau s'est intensifiée depuis que Sung-ki est entré dans sa vie ; le Suédois collectionne désormais, lui aussi, les produits coréens hors de prix.

Anders se lave le visage, un bandeau dans les cheveux, puis commence sa routine bien rodée. Il se déshabille ensuite, passe son pyjama — un t-shirt et un pantalon à l'effigie de Legend of Zelda —, se brosse les dents.

Lorsqu'il sort de la salle d'eau pour gagner la chambre, Sung-ki ne s'y trouve toujours pas. L'ancien hockeyeur hausse un sourcil curieux. Sunshine — la version à quatre pattes — est par contre bien là et bat de la queue en apercevant son maître.
— Hé, mon petit bébé.
Anders grimpe sur le matelas et prend son chien dans ses bras.
— Sung-ki a disparu... Tu crois qu'on va le chercher ou pas ?
Le Poméranien jappe, saute hors des bras d'Anders et se couche sur le dos pour se faire gratter le ventre. Le Suédois rit et ne se fait pas prier.
— D'accord, d'accord. Je te grattouille en l'attendant. Mais il va falloir que je retourne me laver les mains ensuite ! Tu n'es pas aidant.

Anders caresse pourtant Sunshine pendant de longues minutes avant de se redresser pour retourner vers la salle de bain.
— Et cette fois, pas la peine d'insister !
Une fois ses mains lavées, le jeune homme se glisse dans son lit et attrape son téléphone pour consulter une dernière fois ses messages et ses réseaux sociaux.

Sung-ki arrive quelques minutes plus tard ; Anders l'entend bondir légèrement sur les escaliers. Il entend aussi le bruit d'un certain nombre de grosses pattes sur les marches. La porte de la chambre s'ouvre en coup de vent sur le danseur, encadré de Vinci, Vasco et Dali qui trottent vers le lit.

— Andy !
Sous le regard étonné du Suédois, Sung-ki se débarrasse de tous ses vêtements en un clin d'œil. Il les envoie voler au sol puis, avant que son compagnon ne se soit remis de sa surprise, se penche nu au-dessus du matelas. D'un mouvement leste de poignet, il soulève la couette pour découvrir Anders en pyjama.
— Il faut que tu te déshabilles aussi tout de suite !
Il a prononcé la phrase comme s'il annonçait une catastrophe, comme s'il y mêlait également une prière dont sa vie dépendrait.

Anders n'a pas le temps d'admirer la plastique de son partenaire, dont il ne se lasse pourtant jamais. Il se contente de le fixer d'un regard un peu circonspect, mais finit par se déshabiller à son tour — sans même se poser de questions, simplement parce que Sung-ki le lui a demandé et que cela suffit amplement. 

Une fois dans le plus simple appareil, Anders s'assied en tailleur, les mains sur les genoux, puis consent enfin à poser la question :
— Mais... pourquoi en fait ?
Sung-ki souffle sous ses cheveux.
— Parce que je viens de lire un article ! Et je suis très inquiet pour toi ! J'ai peur que tu sois trop stressé, que tu attrapes du gras et du sucre dans le sang, que ton sperme meure et que tu aies des mycoses aux boules !
— Attends... attends... de quoi ? Je ne veux pas avoir du gras et du sucre dans le sang ! Qu'est-ce qui se passe ?
Anders commence lui aussi à s'inquiéter.

— Et ton sperme ! Si jamais les spermatozoïdes sont morts, tu ne pourras pas en donner bientôt pour faire notre enfant ! Je t'aimerai même si tu as des mycoses bien sûr, mais ce serait mieux qu'il n'y en ait pas tout de même, car ça ne doit pas être très agréable...
Machinalement, le danseur s'incline un peu pour faire glisser une main sur le sexe du Suédois. Anders baisse les yeux pour tenter d'apercevoir ce que fait son compagnon.
— Mais tu ne risques pas d'attraper ça toi aussi, si j'en ai ? On serait bien, à avoir tous les deux des mycoses...
Le Coréen secoue la tête.
— Non mais, tu n'en as pas ! J'en suis sûr, car je les aurais senties sous ma langue hier soir. Les mycoses, ce sont des champignons, non ? J'aurais bien vu ou senti si tu avais des champignons ! Tes jolis petits poils blonds ne les masqueraient pas, en plus. Mais justement, il ne faut pas que tu en attrapes, tu vois. Et moi non plus, bien sûr : c'est pour ça que je voudrais qu'on dorme nus à partir de maintenant. Pour prévenir plutôt que de devoir guérir nos mycoses plus tard !

Soleil de MinuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant