Beaucoup de Généraux cherchèrent à profiter de la mort de Sméarn Pteï. Son fils et successeur, Zagnar Pteï, restait, en effet, jeune, peu expérimenté et encore relativement méconnu.
Il apparut cependant bien vite que le nouveau prétendant avait non seulement hérité de toute l'ambition et la détermination de son père, mais aussi d'un atout majeur, une figure de l'ombre, dont le rôle, déjà déterminant lors la précédente guerre, se répéterait avec éclat : le Commandant de la garde noire.
Hupias Ecterian, L'Ascension du 47e Général Chef d'Oriale
Lune d'Oriale, Sif, vingt jours après la mort du Général Chef
Aveuglée par l'éclat du soleil, Ignis ferma les paupières. Poussée par un garde, elle avança, maladroitement. Sous ses pieds grinçaient les planches de l'estrade. Des murmures, des huées lui parvinrent. En contrebas, une foule menaçante s'agitait, séparée par une rangée de soldats. Son sang se figea. Des cordes attendaient, des hommes cagoulés de noir.
Un homme haranguait la foule, dans un dialecte inconnu. Son doigt accusateur désignait les Shawniens à intervalles réguliers. Des grondements lui répondaient, tout aussi incompréhensibles.
Enfin, un garde noir s'approcha des prisonniers.
« Barbares ! » cracha-t-il dans la langue unifiée des Zyssiens.
Quelques Shawniens relevèrent la tête. Il tendit un bras, et poursuivit sa vindicte, rendue presque intelligible par son accent guttural.
« Vous êtes reconnus coupables d'immixtion dans un conflit qui ne vous concernait pas ; vous êtes reconnus coupables de la mort de notre bien aimé Général Chef ! Votre sentence est la mort, pour chacun d'entre vous ! »
Des vagues parcouraient la foule, maintenue à distance par une rangée de fusils. Il se tourna vers les bourreaux, pour dégurgiter, dans sa propre langue, l'ordre décisif.
Ainsi, ils allaient mourir. Après tout ce temps. Ignis se sentit défaillir. Même ses pouvoirs ne la sauveraient pas ; elle n'échapperait pas aux gardes noirs. La magicienne sentit ses forces la quitter.
Elle redressa la tête. Des hommes passaient la corde au cou de Shawniens, d'autres dégainaient de longues épées.
Une lueur.
Un soldat la poussa de nouveau. Elle perdit l'équilibre, tomba au sol.
Un deuxième soleil, invisible, irradiait la scène, depuis le sol. Ses yeux balayèrent la foule. Un pouvoir natif, doublé d'un artefact aux capacités démesurées.
Deux hommes la soulevèrent pour l'approcher de la potence. Elle entendit à peine Greta crier son nom.
Elle connaissait cette présence irradiante, son regard s'arrêta sur une silhouette encapuchonnée. Deux yeux violets la rencontrèrent.
Le capitaine du deuxième vaisseau, Seyer Askhalomène.
Elle tourna la tête. Des mouvements. Coordonnés. Planifiés.
Un léger rire lui échappa. Près d'elle, les soldats ne se formalisèrent pas, approchèrent la corde. Une vague d'espoir la submergea. Dans ses mains crépitèrent des étincelles flamboyantes.
Coup de feu.
Un Kalendorien tomba, puis un deuxième. La poignée de gardes noirs se positionna. D'autres balles fusèrent, arrêtées, cette fois-ci.
Depuis le toit d'un bâtiment proche se dressa Fermal Eclarian, Général du Neelhan. Il étendit les bras, harangua la foule. En contrebas, la houle gronda, s'intensifia. Un raz-de-marée déferla sur les Kalendoriens dépassés. Des silhouettes abandonnèrent leurs capes, entre les civils se révélèrent les uniformes verts.
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Les Présages des anges
Ciencia FicciónAvec l'ultimatum du Général Chef d'Oriale s'achève une paix de trois mille ans. La Fédération zyssienne doit désormais choisir : se livrer à son autorité ou bien subir l'invasion de son armée. Dans une tentative désespérée, un groupe de guerriers pl...