Epithaï, quatre jours après la mort du Général Chef
La porte du cachot couina sur ses gonds rouillés. Zagnar entra dans la cellule, accompagné par deux gardes noirs, ainsi que Karkòv. Depuis bientôt vingt-quatre heures, déjà, l'armure blanche n'avait pas prononcé le moindre mot, mais ses grincements accompagnaient chaque pas du Général. Cette incessante présente, ce regard inquisiteur lui mettaient les nerfs à vifs.
La paille malodorante crissa sous les pas du jeune homme. Une seule captive attendait, enchaînée à un mur, la tête penchée dans l'obstination. Ses cheveux blonds en désordre couvraient à peine son visage ; deux perles de glace luisaient, aussi froides que la mort.
Zagnar prit quelques secondes pour se remémorer la syntaxe de la langue unifiée, avant de prendre la parole :
« Dalen. Parlez-moi de ce Galaniel. Qui est-il ? »
Elle redressa la tête. Seule une détermination aveugle siégeait dans ce regard, sans hésitation, une foi aveugle en un Maître incertain. Zagnar réprima un frisson.
« J'ai déjà dit à vos gardes ce que vous aviez besoin de savoir. Il est l'Élu, j'en suis désormais persuadée. »
Zagnar ferma les poings. Les convictions de Dalen lui importaient peu ; ce Galaniel mourait de ses propres mains, s'il le fallait. Comme avait prévenu le Commandant, les survivants de cette secte moribonde s'accrochaient au moindre écueil d'espoir, comme des naufragés à la dérive.
« Il n'y a d'élu que dans votre tête », grogna Zagnar.
Elle ne répondit pas ; Zagnar soupira. Ses doigts se refermèrent sur un diadème noir qu'il porta à la tête.
« Vous savez ce que c'est, n'est-ce pas ? Un A.O.M., ou Amplificateur d'Ondes Mentales. Les gardes d'élite d'Oriale les utilisent principalement pour dévier les balles, mais il ne s'agit pas de leur seule utilité... »
Il s'approcha d'elle, posa une main sur son visage.
« Je peux entrer dans votre esprit, dénicher tout ce que vous me dissimulez. Je saurai tout, tout sur vous, sur votre secte, sur ce prétendu élu... »
Un tressaillement parcourut la femme, dans ses yeux se raviva une flamme inquétante. Zagnar dégaina une dague pour la poser contre sa gorge.
« Résister ne fera que détériorer votre esprit davantage. »
La lame de nacre glissa le long de la peau blanche, pour tracer un fin sillon vermeil.
« Vous pouvez opposer les meilleures défenses mentales, mais, ultimement, la douleur les détruira toutes.
— Je ne crains ni la mort ni la douleur.
— Vous devriez. »
Zagnar risqua un coup d'œil en arrière. Impassible, Karkòv attendait, adossé contre une paroi vétuste. Ses yeux restaient fixés sur le lui. Rhampsodis attendait de lui de la fermeté, de la force ? Il la lui montrerait, il ne faiblirait pas.
Le jeune homme tendit une main. Un garde noir lui remit un tison brûlant, qu'il approcha du visage de la captive.
« Dernière chance, Dalen », menaça le Général.
Elle détourna le regard.
« Nous sommes alliés, Zagnar. L'objectif de votre père était noble.
— Mon père ? En voulant sauver ce prétendu élu, vous l'avez laissé se faire tuer ! Vous l'avez tué ! »
Sa main tremblait, le Kalendorien raffermit sa position avec son second bras.
« Ce n'était pas mon intention, souffla la femme.
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Les Présages des anges
FantascienzaAvec l'ultimatum du Général Chef d'Oriale s'achève une paix de trois mille ans. La Fédération zyssienne doit désormais choisir : se livrer à son autorité ou bien subir l'invasion de son armée. Dans une tentative désespérée, un groupe de guerriers pl...