Nos Âmes Aux Crépuscules - Tome I

16 - Le Prince Salvateur

Hermione était toujours dans le bureau de Rogue, elle s'était endormie quelques heures, pendant lesquelles Rogue chercha dans ses ouvrages un remède au mal qui s'emparait d'Hermione. Lorsqu'elle se réveilla elle était en tout aussi mauvais état que quelques heures auparavant et Rogue s'approcha d'elle.

- Il faut que vous vous rappeliez de ce qui aurait pu provoquer tout cela.

- Je ne me souviens de rien, je vous l'ai déjà dit, répétait Hermione.

Rogue posa ses deux  mains sur les accoudoirs du fauteuil et regarda Hermione dans les yeux.

- M'autorisez-vous, à pratiquer la legilimencie sur vous ? Je remonterai juste assez loin pour déterminer la cause de ce qui vous arrive.

Hermione massa ses tempes, d'un regard contrarié elle releva son regard vers rogue et hocha la tête d'un mouvement d'affirmation.

- Si vos souvenirs ont été altérés, cela risque d'être douloureux de retrouver les vrais...

-Présentez-moi vos paumes, la douleur sera moindre si je procède ainsi, mais je ne peux rien vous promettre, dit-il.

Hermione mit ses paumes en évidence et fixa Rogue. Il glissa lentement ses mains sur celles d'Hermione avant de lui saisir les poignets.

- À présent, fermez les yeux, lui dit-il d'une voix douce.

Hermione ferma les yeux et sa respiration s'accéléra. Rogue ferma les yeux à son tour et se concentra sur les images qui défilaient à présent dans son esprit. Il vit Hermione regarder la grotte de pierre précieuse, rire avec Drago, puis observer autour d'elle dans le bar. Il ralentit ce souvenir et put apercevoir la silhouette encapuchonnée qui épiait Hermione du regard. Les souvenirs se succédèrent à nouveau. Hermione était dans les couloirs et Ruthven l'invitait à prendre le thé dans son bureau. À partir de là, les images ne se succédaient plus avec fluidité, elles étaient comme coupées à la suite et Rogue comprit que c'est ici que tout s'était joué. Il tenta d'empêcher les souvenirs de segmenter en les retenant comme il le put avant qu'ils ne s'évaporent.

Il entendait Hermione criait de douleur, mais avec répugnance, il s'accrocha au souvenir modifié pour tenter de pénétrer dans le véritable souvenir. Hermione hurlait en le suppliant d'arrêter.  Il ne voyait plus rien à présent mais il entendit des bribes de phrases:

"...il faut que...le livre de...les Lumières au prix de l'âme..."

Puis il sortit de l'esprit d'Hermione qui pantelait de douleur sur le fauteuil.

- Je pense que...Cela suffit pour aujourd'hui. Mais il faudra que nous reprenions une autre fois; si vous êtes d'accord bien entendu...

- Je...Je suis d'accord, haleta Hermione.

- Vous êtes sûr ?

- Oui, même si je vous crie d'arrêter, continuez, je veux savoir ce qu'il m'arrive, je ne peux pas en mourir de toute façon n'est-ce pas?

- Non, bien sûr, mais la douleur que vous avez ressentie peut devenir permanente.

- Peu importe, je veux juste en finir.

Il tourna son visage vers le sol d'un air grave.

Hermione se leva et remit son manteau. Avant de partir, elle se retourna vers Rogue.

- Merci professeur, dit-elle, et elle fila dans les couloirs.

Rogue la regarda partir en scrutant sa démarche fébrile et il ressentis un pincement dans sa poitrine.

***
[PDV Rogue]

Rogue passa le reste de sa journée à tenter de déchiffrer les quelques souvenirs qu'il avait pu percevoir dans les souvenirs d'Hermione, tout en cherchant une potion qui pourrait venir à bout des ecchymoses.

Voyons...Le livre ? De quel livre s'agissait-il ? Il n'avait pas pu entendre la suite.

Les Lumières au prix de l'âme ? Le savoir en échange de son âme ? Une métaphore peut-être ? Se demandait-t-il.

Et ce symbole dans son dos...Elle n'aurait quand même pas pactisé avec le Mal lui-même. Ruthven n'est qu'un vampire de bas étage. Même s'il en était autrement il faut être consentant pour donner son âme et Hermione est réfléchie, jamais elle ne donnerait son âme pour le savoir... Alors, cela doit être dû à autre chose...

Il était en tout cas persuadé que Ruthven avait quelque chose à voir dans cette sombre affaire et qu'il avait ignoré son avertissement de ne pas s'approcher d'Hermione.

Rogue connaissait bien Ruthven il l'avait rencontré lorsqu'il était encore au côté du Seigneur des Ténèbres avant de le trahir. Ruthven ne faisait pas partie des mangemorts, il était plus une sorte de conseiller pour Voldemort. Il se chargeait aussi de recruter des élèves de Serpentard qui n'avait pas de parents mangemorts pour les rangs du Seigneur des Ténèbres, en les fourvoyant avec des idées de grandeur. Puis, lorsque les choses ont commencé à se gâter, il a dénoncé des mangemorts pour ne pas finir en prison et il est reparti comme un lâche sur ses terres natales en Europe de L'Est.

Rogue n'avait pas du tout confiance en Ruthven et bien qu'il fût autrefois dans les rangs de Voldemort, il n'était qu'au final, qu'un avorton, imbu de lui-même qui aime frimer et fasciner. D'ailleurs, s'il avait pu être engagé à Poudlard c'est surement qu'il n'était pas plus dangereux que Rogue lui-même. Voilà ce qu'il faisait ce fameux soir, frimer sur des inepties à propos des rêves, des âmes et autres charlataneries. Il avait dû en faire de même avec Drago, car Rogue l'avait vu s'entretenir avec lui aussi.

Peut-être a-t-il la prétention de croire qu'il peut rassembler des adeptes à la manière de Lord Voldemort, et Rogue ricana à cette pensée.

Était-ce ce pour cela qu'il s'acharnait sur Hermione, il avait besoin de son intelligence pour ses projets  ? Était-ce aussi pour cela qu'il lui avait volé des racines de rêve, pour entrer en contact avec des forces maléfiques qui le rendraient plus fort?

Ses intentions étaient si prévisibles et pathétiques. Je lui enfoncerai un pieu dans le cœur avant que cela n'arrive, pensa Rogue.

Il est vrai qu'il était de son devoir d'assurer la sécurité de ses élèves, quand bien même il les détestait, mais avec Hermione c'était différent.
Il ressentait un besoin de la préserver et de la protéger du monde. Il ne put s'empêcher de percevoir dans son comportement, une similitude avec celui qu'il adoptait avec Lily; et pourtant sa haine et sa jalousie l'avait amené à l'entraîner à sa perte.

- Il ne faut pas que Lil...Hermione ne finisse pareillement. Je ne pourrai pas me pardonner de la tuer une seconde fois...se dit-il à lui-même.

Il verrouilla la porte  de son bureau et se dirigea vers son écuellier en ébène qui se trouvait à côté de sa psyché aux bordures d'argent. Il en ouvrit le tiroir du bas d'où il sortit un chaudron recouvert d'un vieux morceau de tissu, puis posa le chaudron sur son bureau.
Avec sa baguette, il faisait se remuer la potion translucide de couleur pourpre en psalmodiant des incantations.