Nos Âmes Aux Crépuscules - Tome I

30 - La Nuit Sacrée- Partie II

Il prit une des pages du journal et commença à la lire.

- "Via temporis, iam clamo ad te via spatti

Te ubio, aperire...Aperi!

- Hermione! Hermione! Hurlait Rogue. Je sais que vous pouvez m'entendre, vous n'êtes pas rien pour moi, vous êtes tout ce qu'il n'y a jamais eu !

- Te ubio, aperire...Aperi! Le Seigneur des rêves continuait de réciter l'incantation sans prêter attention à ce que disait Rogue.

- Réveillez-vous Hermione, je vous en prie, réveillez-vous! La suppliait-il.

Hermione qui était plongée dans un sommeil lucide, se remémora le bal , sa valse avec Rogue et soudain d'autres images lui traversèrent l'esprit, des images nouvelles, qui ressemblaient pourtant à des souvenirs.

Elle se vit entrain de poser pour prendre une photo au côté de Rogue. Les habits et le décor lui indiquaient que cela devait être pendant les années 1920. Puis un autre souvenir émergea, elle était assise sur un trône, à l'époque du Moyen Âge et Rogue était agenouillé face à elle. Une autre fois encore, elle était dans une calèche, vêtue de pompeux vêtements et d'une perruque baroque, la tête haute elle suivit du regard l'homme qui la salua avec son chapeau tricorne, ornée d'une plume.

Elle ouvrit alors les yeux, se leva de l'autel, et s'avança en direction du seigneur des rêves qui continuait de réciter sa formule en jubilant d'une ferveur euphorique.

Rogue la regarda traverser la pièce. Elle paraissait toujours aussi étrangère à elle-même que les fois précédentes où elle était entrée en transe, cependant lorsqu'elle croisa le regard de Rogue, il sut au fond de lui-même que c'était bien Hermione qui le regardait. On aurait dit qu'elle avait repris une forme de contrôle sur son démon intérieur.

- Non! Grogna le Seigneur des rêves. Qu'avez-vous fait ?! Ce n'est pas censé se passer comme cela! Rendormez-vous ! Hurla-t-il à Hermione, mais elle n'en fit rien.

Hermione continuait de s'approcher de lui d'un pas lent et serein. Il tenta de la repousser avec un sortilège, mais une sorte de bouclier invisible l'empêchait de l'atteindre. Hermione tendît sa main, le prit par le cou et d'une force surnaturelle le poussa dans le vortex, tandis qu'il se débattait. Il disparut au loin dans les ténèbres mais le vortex continuait de tournoyer.

Rogue fut aussitôt libéré du maléfice qui l'entravait et accouru vers Hermione, qui contemplait le vortex d'un regard lointain. Il la saisit par les épaules et la retourna face à lui.

- Je crois que ma dette envers vous ne serra jamais réglé, dit-il d'un ton empressé.

- Il est trop tard, il a déjà prononcé la formule, lui dit-elle, l'air ailleurs. Le seul moyen pour refermer le portail c'est un sacrifice...

- Je ne vous laisserai pas faire, dit Rogue en resserrant son étreinte.

Hermione posa sa main sur sa joue et plongea son regard éteint dans ses yeux emplis de détresse.

À cet instant, elle ne craignait plus rien, elle savait ce qu'elle avait à faire, et s'apprêter à accomplir son destin sans crainte. Elle esquissa un sourire triste en penchant la tête, en l'estimant d'un regard lointain et langoureux, ampli de souvenirs qu'elle s'apprêtait à abandonner pour les néants.

- Ça va aller, nous avons déjà vécu cela, vous souvenez-vous? Moi je me souviens. Je me souviens du poème que vous avez écrit il y a longtemps, de notre poème, sur ces âmes condamnées à se chercher l'une l'autre et quand enfin elles se retrouvent, elles périssent toutes deux...

Rogue la regarda du même regard qu'il eut cette fameuse nuit où elle l'arracha des griffes de la mort lors de la bataille de Poudlard. Il soutint son regard, la voyant prête à se jeter dans le gouffre qui s'ouvrait à elle.

Des larmes amères coulaient le long de ses joues, puis il ferma ses yeux fatigués un instant. Et soudain, il comprit, comme elle, le sens du poème. Il se souvint à son tour, comme par enchantement de ses vies passées avec Hermione et il comprit. Il comprit qu'il n'avait pas à craindre la fin car tous deux se retrouveraient dans une autre vie, dans un autre souvenir...

- Tant que nous aurons l'aube...Commença-t-il.

- Nos âmes perdurons à jamais...Continua Hermione.

- Aux Crépuscules. Finirent-ils en chœur.

Hermione ramassa la dague de Ruthven et la mit entre les mains de Rogue.

- Faites-le, dit-elle. C'est de votre main que je dois mourir pour fermer le vortex.

Rogue posa son regard sur la dague, en la serrant de toutes ses forces.

- Je ne peux pas, acheva-t-il dans un souffle court.

- Si, il le faut, cela n'a plus d'importance désormais. Ce n'est pas un adieu, ce n'est qu'un simple au revoir...Il vous suffira de me rejoindre et nous nous retrouverons dans une vie passée, comme la dernière fois...

Rogue pointa la dague sur la poitrine d'Hermione, mais ne pouvait toujours pas se résoudre à enfoncer le poignard.
Hermione saisit ses mains et enfonça la dague à sa place. Une grande lumière jaillit du vortex avant que celui ci ne se referme petit à petit.

Hermione s'écroula sur le sol, sortit la dague de son estomac et le sang jaillit sur les pavés. Le vortex disparu dans la pierre, ne devenant plus qu'un lointain souvenir.

Rogue s'écroula, à ses côtés, la regardant expirer ses derniers instants, avec désarroi. Il l'enlaça et, avec le peu de force qui lui restait, Hermione saisit sa main et la serra aussi fort qu'elle le put avant de relâcher sa prise. Rogue l'étendit sur le sol avec délicatesse et fut soudain envahit d'une plénitude infinie. Il s'assit à côté d'Hermione, saisit la dague et fit coulisser la lame sur son cou, s'allongeant à son tour, à ses côtés.

Tandis qu'il expirait, il se tourna vers elle, lui prit la main et la contempla une dernière fois. Dans un dernier soupir il murmura:
nos âmes...pour toujours...aux crépuscules, avant de se laisser emporter à son tour dans les néants.

Harry et Ron arrivèrent quelques instants plus tard, accompagnés d'autres Aurors, de McGonagall ainsi que de Drago qui contemplèrent la scène avec horreur.

________________________________________________________________________________
Je ne sais pas trop quoi penser de la fin, j'ai un peu beaucoup improvisé sur ce coup. Mais vous vous doutez bien que si j'envisage d'écrire une suite c'est que ce n'est pas vraiment fini ;)