Chapitre 31 (version éditée)

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— Où étiez-vous donc passée ? Figurez-vous que je vous ai cherchée partout ! s'exclama Agathe lorsqu'elle avisa Olivia qui se dirigeait vers elle.

— J'ai fait le tour du parc, mentit son amie en détournant le regard. Cet endroit est splendide.

— La propriété est grandiose, acquiesça la jeune mariée, mais dans mon cœur, elle ne vaut pas l'hôtel particulier que Valmond a acquis en notre nom.

— En effet, ce château est d'une grande beauté, cependant comme vous l'avez dit, votre demeure n'a rien à lui envier. Mon frère n'aurait pu choisir meilleur lieu de vie, n'est-ce pas ?

Agathe avait jusqu'ici fait son possible pour contenir sa joie, néanmoins, encouragée par l'enthousiasme de son amie, ses joues s'empourprèrent violemment et elle poussa un petit cri excité qui fit rire Olivia.

— Mon Dieu, ma chère, si vous saviez ! Valmond est parfait ! Tout est parfait ! Je crois que je n'ai jamais été aussi heureuse !

— Cela me fait tellement plaisir de l'entendre, Agathe !

Cette dernière gloussa puis, la mine soudain plus grave, s'empara du bras d'Olivia pour la guider un peu à l'écart.

— J'aimerais vous demander quelque chose...

— Oui, bien sûr ! Je vous écoute.

— Je suis quelque peu préoccupée par ma nuit de noces. Mère m'a recommandé de me montrer docile et obéissante, et de ne surtout pas m'effrayer. Depuis, ses paroles inquiétantes ne cessent de me hanter, car en réalité, je ne sais absolument pas ce à quoi je dois me préparer. Votre époux aurait-il enfin consenti à... accomplir son devoir conjugal ?

Désarçonnée par la franchise d'Agathe, Olivia mit quelques secondes à lui répondre.

— Oui, il a... rempli son office... bredouilla-t-elle.

— Pourriez-vous m'éclairer un peu sur... la manière dont on procède ? Sur ce à quoi je dois m'attendre, bafouilla la jeune mariée.

Les deux amies se fixèrent un instant, avant de s'esclaffer devant leur embarras respectif. Il était perturbant pour Olivia de songer qu'Agathe se servirait des quelques clefs qu'elle allait lui dévoiler afin de se préparer à partager la couche de son frère. Elle rejeta néanmoins cette idée pour se concentrer sur l'essentiel. Car si elle n'avait pas surpris les domestiques de ses parents avec Valmond et si celui-ci ne l'avait pas éclairée en lui montrant l'Encyclopédie et en lui révélant quelques menus détails sur l'anatomie masculine, elle aurait sans aucun doute été bien plus effrayée par la douleur ressentie lorsque Narcisse avait pris sa virginité. Elle décida donc de partager ce qu'elle savait avec Agathe, tout en lui assurant que la souffrance s'atténuerait tandis que d'autres sensations s'éveilleraient, et qu'elle ne devait surtout pas s'inquiéter de l'apparition de cet inconfort. Par pudeur, elle resta néanmoins des plus évasive, et son amie, étonnamment gênée, n'osa en demander davantage.

— N'oubliez pas que vous serez dans les bras de Valmond et qu'il vous aime.

— Merci, ma chère, de m'avoir éclairée. J'étais certaine que vous seule accepteriez de le faire, et je vous en sais infiniment gré, murmura Agathe, visiblement soulagée.

— Je vous en prie.

— Bien... Et si nous allions nous divertir un peu ?

— Volontiers !

Les deux jeunes femmes sortirent de l'ombre pour retrouver les lumières de la fête. Agathe fixa son amie, un sourire aux lèvres, avant de lui demander d'une voix mutine :

NARCISSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant