Mon mariage à tout prix

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* mais qu'es ce que tu fais Linguère ? grand frère Bachir a dit de ne pas porter de lourdes charges !!

* laisse moi faire petite, je ne suis ni ta copine, ni ton égal pour que tu te permette de te comporter d'une certaine manière avec moi. Bachir n'a qu'à me gronder s'il veut, mais je dois prouver à ces commères que je ne suis pas ce qu'elles croient.

* tu risque de te faire mal !

Sa mère lui crie dessus après qu'elle ait essayé de me débarrasser de la bassine d'eau qu'une des filles du groupe m'aidait à poser sur ma tête.

* yaye Bachir mo wakh ni boumou yanou lou diiss " mère c'est Bachir qui a exigé à ce qu'elle ne porte pas d'objets lourds"

À ce que je remarque, elles parlent aussi le wolof, d'habitude c'est tout le temps en leur langue qu'elles s'expriment.

* mo wakh ni meune nako kay baayiko " elle dit en être capable alors laisse la faire"

* mais...

* je m'en sortirai Adam, t'inquiètes pas !

Après que tout le monde ait rempli sa bassine, nous quittons les lieux aussitôt. Mes bras tremblent du coup l'eau se déverse de temps en temps sur moi. Les autres se marrent et ça a le don de m'énerver, je les ignore puis poursuis mon chemin. Soudain un craquement se fait ressentir au niveau de mon dos, je fais taire mes cris de douleurs au fond de moi juste pour ne pas leur donner l'occasion de me prendre pour une faible. Mais c'était si intense et atroce que ça ralentit ma vitesse de marche, limite j'ai envie de pleurer.

* tout va bien Linguère ? Tu gère ?

* hum !

Cette gamine commence à m'agacer avec ses questions et inquiétudes, le groupe est loin devant. Malgré ce temps matinal, le soleil frappe fort comme s'il était midi, je vois flou ma tête tourne et l'envie de vomir se fait ressentir. Le bébé me donne des coups pour ne rien arranger à la situation, j'aurai aimé vivre ma nouvelle vie de mère comme toutes les autres femmes mariées, faisant des caprices, être chouchouter comme une reine et bien traitée par mon mari. Mais ce n'est pas le cas, je suis tellement abordée par le négatifs que parfois j'en n'oublie le reste, je n'ai pas le droit de faire des caprices, parfois j'ai des envies mais personne pour les satisfaire...j'en suis l'unique responsable.

Mon cœur bat la chamade, je suffoque et transpire à grosses gouttes, pourquoi au moment où je dois clouer le bec à ces vipères mon corps décide de m'abandonner ? À présent elles auront une occasion de plus de me traiter de bonne à rien et de chichi. La bassine d'eau se fracasse au sol dans un bruit lourd, c'est à peine si j'entends la voix horrifiée d'Adam...je perds connaissance aussitôt.

****************

Je me réveille allongée sur le lit de ma chambre, en compagnie de mon mari, oncle Mor et sa deuxième femme Noguoy.

* ça va ma fille ?

* oui euh..ça peut aller !

* pourquoi t'être entêtée à porter coûte que coûte cette bassine alors que tu ne le pouvais pas ?