Chapitre 17

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Je m'approche prudemment de l'entrée. Si c'est encore une connerie du genre « Tiens, j'te laisse un gamin et je disparais », je pars au Pérou élever des lamas. J'entrouvre la porte... pour ensuite l'ouvrir complètement avec un cri de joie :


— Mariiiine !


La jeune blonde, un peu surprise, qui se tient sur le pas de ma porte ne tarde pas à se ressaisir et à m'imiter malicieusement :


— Lindaaaaa !


Et sans crier gare, elle me prend dans ses bras. Je lui rends son étreinte, heureuse de retrouver ma voisine et amie après ce long mois. Les questions ne tardent pas à se bousculer :


— Alors ce stage ? C'était bien ? Intéressant ? Ça te plaît toujours autant ? Oh, tu m'as manqué !


Marine rit, amusée. Que cette jeune fille un peu timide veuille devenir journaliste m'a toujours un peu étonnée, alors je n'ai pas pu m'empêcher de m'inquiéter quand elle m'a confié avoir obtenu un stage d'un mois avec un journaliste réputé. Mais vu l'immense sourire qu'elle affiche, ça s'est bien passé.


— Ah, mais entre, entre, faut que tu me racontes tout ça ! Tu manges avec moi ce soir ? Et ton chat doit être planqué dans un coin, il me déteste toujours autant, mais bon...


Le sourire de Marine s'éclaire un peu plus, et elle me répond en regardant un peu partout avec excitation, appelant Schrödinger avec cette petite voix chantante que j'adore chez elle.


— C'était génial, mais tu m'as manqué ! Ah ah, oui je veux bien qu'on mange ensemble, je vais pouvoir te raconter tout ça ! Et encore merci d'avoir gardé Schrödinger, je sais pas comment j'aur-


Elle s'arrête brutalement en plein milieu de sa phrase, et je suis son regard pour essayer de comprendre ce qui a bien pu la perturber autant.MERDE. Léo, toujours sur le canapé, complètement terrifié, me lance un regard désespéré.Marine, perplexe, cherche visiblement une raison qui pourrait expliquer la présence d'un enfant chez moi.


Je tente une explication, mais tout aussi prise de court, je n'arrive qu'à bégayer une réponse bancale à sa question muette :


— Hum, euh, en fait c'est... enfin, je te présente Léo, le... euh, le petit frère d'un ami, et il me l'a confié pendant... euh, un moment, parce que... parce que... une... un souci familial !


Je suis un génie. Ou pas, vu l'air perdu de Marine, qui finit pourtant par hocher la tête, un peu sceptique. Je la remercie silencieusement de ne pas insister, et me tourne vers un Léo terrorisé. Le problème, ce n'est pas Marine ; j'ai rarement croisé une personne avec une expression et un sourire aussi doux. Non, le problème vient bien du gamin, toutes ses réactions exagérées et ces questions sans réponses commencent sérieusement à me perturber. C'est ce moment précis que choisit Schrödinger pour sortir de sa cachette et se précipiter sur les jambes de mon amie en ronronnant. C'est officiel, ce chat a une dent contre moi : en un mois, il ne s'est laissé caresser qu'une fois, et encore, alors qu'il n'a fallu qu'un jour ou deux à Léo pour gagner son affection, et à peine une seconde à Marine pour la retrouver.


Pendant que je m'efforce de respirer profondément, le gosse profite que toute l'attention soit focalisée sur le chat noir pour bondir du canapé et se réfugier à toute vitesse dans ma chambre,manquant de s'étaler par terre. J'hésite à le rejoindre, me demandant une fois de plus quoi faire ; retour à la case départ.


Avec un soupir, je fais réchauffer des pizzas sous le regard intrigué de Marine, qui encore une fois a la délicatesse de ne faire aucun commentaire, que ce soit sur la réaction de Léo ou la mienne. Raaah, bon sang, que ça m'énerve ! Je déteste ça : cette situation, ces incertitudes, mon incompétence. Remontée à bloc, je fonce vers ma chambre, bien décidée à agir, pour une fois.

Je me calme un peu une fois face à Léo qui serre fort mon oreiller dans ses bras, mais je ne me démonte pas pour autant :

— Écoute, je peux comprendre que tu aies peur des gens que tu ne connais pas, c'est normal. Mais je peux t'assurer que la fille dans le salon, Marine, est une des personnes les plus gentilles que je connaisse, elle ne ferait pas de mal à une mouche. Et ça nous ferait plaisir à toutes les deux que tu manges avec nous. Je ne vais pas te forcer si tu n'as pas envie, même si ça m'embête de te laisser tout seul dans ton coin...J'avoue que j'ai vraiment peu d'espoir qu'il accepte, mais il fallait au moins que je tente.J'attends quelques instants, mais comme Léo ne semble pas décidé à bouger, je soupire de déception et tourne les talons. Cependant, avec une vivacité déconcertante, il me rejoint et agrippe ma main.

Quitte à tout sacrifierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant