Chapitre 70

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Quelques jours ont passé depuis la « visite » d'Isham. Malgré la peur qui me tord le ventre quand je pense au fait que personne ne sait où est Thomas, la vie reprend son cours habituel. Léo m'aide comme il peut pour m'éviter de trop bouger, et Marine passe régulièrement me filer un coup de main, ce qui me permet de me focaliser sur ma récupération. Cependant, ça me laisse aussi tout le temps de psychoter, de chercher mille et une raisons à la disparition de Thomas. Je me torture l'esprit en sachant pertinemment que je ne peux rien faire dans mon état, ce qui m'amène à reprendre la fâcheuse habitude de me ronger les ongles, jusqu'à m'en arracher la peau.

Heureusement, je récupère vite. J'ai toujours des difficultés avec les béquilles, mais mon attelle me gêne moins qu'avant, je m'efforce donc de bouger le plus possible, afin d'être prête pour le jour où j'aurai enfin un plan d'action pour retrouver Thomas. Car cette fois, c'est décidé : le second semestre, je m'en fous. Je n'arriverai à rien, rongée par l'angoisse, alors je dois régler toute cette histoire avant d'espérer retrouver une vie normale.


Bon, faire les courses avec une jambe encore en vrac, c'est pas ce qu'il y a de plus pratique. Je n'ai plus qu'une béquille, pour m'y appuyer quand ma jambe fatigue trop, mais ça reste délicat.

Léo a pourtant insisté pour m'accompagner, et nul doute que si Marine n'avait pas été en cours, elle aurait insisté pour y aller à ma place. Mais j'avais besoin d'y aller par moi-même, seule. Je voulais sortir de cet appartement de plus en plus étouffant, j'avais besoin de penser à Thomas sans que Léo ne me fasse remarquer mon air triste. Et puis, je voulais me prouver que j'étais de nouveau capable de me débrouiller, et que j'étais bientôt prête à partir à la recherche de Thomas.

Même si je ne sais pas du tout par où commencer.

Pour rejoindre mon appartement, je grimpe les marches comme je peux, cognant tantôt ma jambe, tantôt ma béquille contre une marche récalcitrante, m'arrachant des injures bien senties.

En arrivant en haut, tout mon corps se crispe. L'atmosphère est... étrange. Bizarrement pesante. En approchant de ma porte, il ne me faut pas longtemps pour remarquer qu'elle est fracassée. J'entre discrètement, essayant de résister à la panique qui monte en moi, tandis qu'une seule chose occupe mon esprit : Léo.

Quitte à tout sacrifierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant