Chapitre 44

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Léo s'est assoupi sur les jambes de Thomas, qui commence à sérieusement piquer du nez. Je recouvre le gosse d'une couverture, et je m'assieds à côté de l'autre idiot. D'un signe de tête, je lui indique qu'il peut poser la sienne sur mon épaule, s'il veut se reposer. Avec une lueur de reconnaissance au fond des yeux, il ne se fait pas prier, et se laisse aller de tout son poids contre moi. Quand ses respirations se font plus régulières et espacées, j'en déduis qu'il s'est endormi.

Tout me semble tellement calme, tout à coup... Profitant de ce moment hors du temps, j'attrape un livre, m'évadant quelques secondes, quelques minutes, quelques heures.

* *

Aucune idée de quand je me suis endormie ni pendant combien de temps. À mon réveil, je suis étendue dans le canapé, Léo tout contre moi, une épaisse couverture nous recouvrant tous les deux. Un bruit retentit au niveau de la cuisine, et je tourne la tête dans cette direction. Dès que ma vision se fait plus nette, je distingue Thomas, de dos, préparant à manger. Je décide d'aller l'aider, mais la chaleur du canapé me retient. Plus j'essaie de m'en défaire, plus la fatigue me retombe dessus. Je cesse finalement de lutter, laissant le sommeil m'emporter à nouveau.

Cette fois, c'est l'odeur qui me réveille. Une odeur de brûlé qui vient chatouiller mes narines. Je me lève précipitamment pour rejoindre Thomas, tout penaud devant une douzaine de nuggets carbonisés. Apparemment, il ne s'est pas amélioré... Renonçant à l'engueuler, je me contente de pousser un long soupir. Mais Thomas semble tout de même sentir les reproches qui se cachent derrière puisqu'il tente de se justifier :

— Oh ça va, c'est pas ma faute, c'est tes plaques ! Elles chauffent beaucoup trop, c'est pas normal...

J'essaie de ne pas sourire face à sa mauvaise foi et son visage empourpré, mais j'ai du mal. Mais, si je le laisse voir que la situation m'amuse plus qu'elle ne le devrait, je suis foutue. Je reprends donc, avec juste ce qu'il faut de reproches dans ma voix :

— Bah bravo... Et on va manger quoi, maintenant que t'as tout cramé ? J'ai faim je te signale.

— Bon, ça va, je vais chercher des pizzas ! Je me dépêche !

Sur ce, il enfile son manteau et ses bottes et fonce à l'extérieur. Il se hâte tellement qu'il manque de déraper dans la neige, et je ne peux retenir un petit rire tandis qu'il récupère maladroitement son équilibre, avant de vérifier autour de lui si quelqu'un l'a vu. Quand il croise mon regard moqueur, un grand sourire étire ses lèvres, et il me fait un splendide doigt d'honneur avant de filer.

Dès qu'il quitte mon champ de vision, je me retourne vers Léo, qui dort toujours. Je le laisse se reposer, mettant sa fatigue sur le compte du retour de Thomas. Je m'occupe comme je peux en attendant, jusqu'à ce qu'une petite voix résonne dans l'appartement :

— Il est où, Thomas ?

Eh bien, il est de plus en plus loquace le petit... Mais vu la panique dans ses yeux, je me retiens de plaisanter pour lui répondre immédiatement :

— Il est juste sorti chercher des pizzas, il ne devrait pas tarder.

Le soulagement détend ses traits et son visage s'illumine. J'ai un petit pincement au cœur. Son attachement pour Thomas est vraiment puissant. Raaaah, pourquoi je suis encore jalouse, moi ? J'avais pas dépassé ce stade ? Quelle gosse ! Après une petite baffe mentale, je reprends mes esprits, juste quand Thomas pousse la porte de mon petit appartement, les bras chargés de cartons de pizzas.

À son expression, je devine que quelque chose ne va pas.

Quitte à tout sacrifierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant