Chapitre 51

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Pour distraire mon esprit, je pose une autre question, à laquelle cette fois je suis sûre d'avoir une réponse : qu'est-ce qu'il s'est passé entre ma chute et... maintenant ? Après une grande inspiration, Marine se lance dans son explication :

— J'étais tranquille chez moi, et tout à coup quelqu'un a tambouriné à ma porte. J'ai ouvert à Léo, en larmes et complètement affolé. J'ai mis un moment à comprendre ce qu'il s'était passé, et ensuite... j'avoue que j'ai paniqué. Mais Léo me répétait d'appeler une ambulance, alors j'ai pu me ressaisir. Je leur ai donné les indications les plus précises que j'avais, puis il m'a guidé jusqu'au lieu de l'accident. Tu étais allongée par terre, inconsciente, et j'ai de nouveau paniqué. Heureusement, l'ambulance est arrivée tout de suite après. Le terrain étant difficile d'accès, je suis allée les guider pendant que Léo restait avec toi. Ensuite, les pompiers vous ont transportés, toi et Léo qui ne voulait pas te lâcher, jusqu'à l'ambulance. Je n'ai pas été autorisée à monter avec vous, alors je vous ai suivis en voiture.

Marine fait une pause pour reprendre son souffle, tandis que je retiens le mien, captivée. Elle reprend avant que je manque d'air :

— Le temps de me garer, je vous ai perdus. Je ne savais pas trop où chercher alors j'ai couru à droite à gauche... C'est grâce à Léo que je t'ai trouvée : il piquait une crise car les médecins essayaient de l'éloigner de toi. Il refusait de te lâcher ! Même quand je suis arrivée, ça n'a rien changé, il refusait que je l'approche. Je lui ai répété et répété que s'il ne te lâchait pas, les médecins ne pourraient pas te soigner. Au bout d'un moment, il a dû m'entendre, car il s'est un peu calmé. Un infirmier a juste eu le temps de l'écarter avant qu'il ne recommence à se débattre, mais ça a suffi pour que les autres puissent t'éloigner. Une fois hors de son champ de vision, il s'est calmé d'un coup, comme éteint. J'ai voulu le prendre dans mes bras, mais il refusait toujours. J'ai réussi à lui prendre la main pour le conduire jusqu'à la salle d'attente, où il s'est endormi comme une masse. J'ai attendu des heures, puis un médecin blond, celui de tout à l'heure, s'est approché et m'a simplement demandé si le petit s'appelait Léo. J'ai répondu oui, un peu choquée qu'il connaisse son prénom, et il s'est mis à le secouer doucement pour le réveiller, tout en me donnant ton numéro de chambre. Ensuite, Léo s'est brutalement redressé, a mordu le médecin et s'est enfui à toute vitesse. Le type blond lui a couru après, et le temps que je me ressaisisse, ils étaient déjà loin. J'imagine que Léo avait entendu le numéro puisqu'il est arrivé ici avant moi. J'ai mis un peu de temps à trouver, et puis me voilà.

Pendant que Marine reprend son souffle, je fixe Léo, qui s'est crispé au fur et à mesure du récit de la jeune fille. Je n'arrive pas à me décider entre être gênée pour le raffut qu'il a causé, ou être heureuse de l'attachement qu'il me porte. Sans oublier ce petit sentiment de malaise quant à ses réactions totalement disproportionnées. Me sentant coupable de l'avoir laissé livré à lui-même, je renonce à lui faire la morale pour son comportement, reportant ce moment à plus tard. Je me contente de le rassurer pour la énième fois, le câlinant jusqu'à ce qu'il se détende. Tant et si bien qu'il finit par s'endormir contre moi, sous le regard attendri de Marine.

Tout à coup, Marc entre dans la chambre, un pansement sur la main gauche.

— Désolé de vous interrompre, mais les heures de visite se terminent bientôt. Il va falloir quitter les lieux jeune fille, et embarquer le morveux.

Par réflexe, je recouvre davantage Léo de mes bras, lançant un regard suppliant à Marc. Je ne peux pas le laisser seul, pas encore. Marine me soutient en affirmant qu'elle n'a pas le cœur à le déplacer alors qu'il dort si bien, et qu'elle n'en a pas la force de toute façon.

Marc ferme les yeux, visiblement en pleine réflexion, avant de soupirer bruyamment.

— Je n'ai rien vu, je ne suis pas au courant qu'un gosse s'est glissé là. Par contre, c'est seulement

pour ce soir !

Marine rassemble ses affaires, me prend une dernière fois dans ses bras et file avant que Marc ne change d'avis. Il a l'air menaçant, comme ça, mais je sais qu'au fond il déteste jouer au policier. Habituellement, il est bien plus jovial. Il n'y a pas grand-chose qui puisse l'énerver, à part les gens irrespectueux. C'est une des raisons pour lesquelles il déteste autant les enfants que moi. Lui aussi a toujours eu du mal avec les gosses, c'est d'ailleurs notre plus grand point commun. Alors je peux imaginer qu'il soit perplexe de me voir aussi attachée à Léo. D'ailleurs, il ne s'en cache même pas :

— Mais qu'est-ce qu'il t'a fait ce gamin ? On dirait une mère poule !

Je souris face à la comparaison, ce qui ne fait que le surprendre davantage. Il soupire avant de se passer une main dans les cheveux. Ça me rappelle cette autre fois où je m'étais retrouvée à l'hôpital, et où il m'avait encore soignée.

Quitte à tout sacrifierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant