HÉROS

CHAPITRE 34 :

J'ouvris les yeux. Le plafond à peine illuminé par le halo lumineux qui se dégageait des planches de bois qui nous servait de ciel m'accueillit. Je me tournai et vis Renji tourné. Je me souvins alors des événements de la veille. je sortais du lit aussi vite que si j'avais vu un moldarquor bouche béante devant moi et filai à toute vitesse dans le couloir. Sans un bruit, j'ouvris la porte le rouge aux joues. Il ne doit sans doutes pas se souvenir. Je décidais aussitôt de faire comme-ci rien ne s'était produit dans la soirée pour ne pas éveiller les soupçons mais surtout vu l'état d'ébriété de Renji, je ne pensais pas qu'il ne se souvenait de grand chose. Je refermais la porte en bois sur cette pensée, un soupir s'échappant de ma bouche. C'est alors que j'entendis quelques pas à côté de moi, plus précisément à droite. Piquée par la peur, je tournais ma tête, raidie. Je vis alors le visage curieux de Temio. Il avait la tête légèrement penchée sur le côté, les lèvres pincées et les sourcils doucement froncés. C'est alors que je fus bouche-bée, et que celui-ci vit son visage éclairé. Je lui tournais le dos et m'avançais vers la salle principale. J'entendis un bruit de grincement derrière-moi et en me tournant, je vis Temio ouvrir la porte de la chambre où j'avais dormi avec Renji. L'échine hérissée je m'avançais vers lui de mauvais poil. Je claquais la porte, le tirais par son oreille gauche dans la salle de service, et le secoua dans tous les sens.

« Ce n'est pas ce que tu crois !!! Criai-je, indignée. »

Le rouge me dévorait les oreilles, laissant au passage des flammèches me picorant mes joues. Temio pouffait de rire quand Gaspard arriva au même moment dans la pièce. L'air curieux, il s'avança vers nous.

« Qu'est-ce qui se passe ? Demanda-t-il. »

Oh non, pas lui... Surtout pas lui... Je lâchais Temio et le regardais, les sourcils plus arqués que jamais et les larmes de honte roulant sur mes joues.

« Ce n'est pas ce que vous croyez... Répondis-je, dépitée. »

Au vue de l'absence de réponses cinglantes capables de renverser la situation, je priais tous les Dieux du monde pour qu'ils sauvent ma puérile situation. Plus jamais, je n'accepte le moindre de ses caprices...

« Elle m'a réveillé en sursaut toute à l'heure, en bavant de tout son long !! Répondit Temio, le regard aiguisé. »

Je me tournais vers lui, mes yeux se plantant dans les siens. Pourquoi n'a-t-il pas dit la vérité ? Je vis alors le léger sourire se dessiner sur le visage de mon frère, et je tombais sur mes rotules. Je fis pleurer des larmes de crocodile, sous le regard malicieux de Temio.

« Arrête, n'en dis pas plus... »

Simulant une profonde détresse , je fis tomber mes bras à terre. Gaspard rigola de tout son souffle et me tendis la main.

« Tu sais, il n'y a rien de dramatique à baver dans son sommeil ! Dit-il, encore les larmes aux yeux. »

je pris sa main et me relevais avec son aide. Gaspard se dirigeait derrière le comptoir. Il nous tourna le dos pour fouiner dans un tiroir, et je sentis la main rassurante de Temio se poser sur mon épaule. Il posa son index droit sur son nez, m'adressa son meilleur clin d'œil, et se permit de rigoler discrètement. Dépitée, n'ayant plus d'arguments, je ne pus me résigner qu'à esquiver son drôle de soutien et vins m'asseoir sur une des tables débarrassées de la salle à manger. Temio s'installa en face de moi. Je vis alors son teint se pâlir d'un coup. Il se leva brusquement et courut en direction du cabinet de toilettes. J'entendis des bruits de vomissement au loin. Doux réveil. Je posais mon coude sur la table et vins avachir ma tête contre mon poing. Gaspard me tendit une belle tasse blanche en porcelaine. Du café était servi, mais sa couleur différait. Contrairement au marron ébène qui était aussi amer qu'un artichaut, un liquide marron glacé reflétait ma tête décoiffée. Gaspard vint s'installer à côté de moi, avec une tasse au café brun foncé.