CHAPITRE 31 :

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J'étais de retour dans ce lit ferme et trop propre en sachant que j'avais dormi dedans. Cette soirée mouvementée était enfin derrière moi mais malgré l'impression de tranquillité de la pièce, les révélations de Kagutsuchi me rendirent nerveuse. J'aurais voulu lui demander plus de choses, et faire le point sur tout ce qu'elle m'avait dit plus tôt mais une annonce m'avait secoué alors que je venais de m'allonger dans mon lit, sous le conseil de mon frère. Temio de son côté avait préféré commencer les préparatifs de notre départ mais le fait de ne pas pouvoir me rendre utile me faisait doucement rager mais je ne pouvais pas me permettre de le gêner. Malgré tout, ce matin là, une infirmière vint à ma rencontre pour m'annoncer une très bonne nouvelle. Suite à l'annonce, je me levai de mon lit subitement, bousculant l'infirmière qui m'avait annoncé la nouvelle. Je sortis de ma chambre et courus dans les couloirs. Mon foulard s'agitait dans tous les sens. Les brûlures de mes jambes s'anesthésièrent le temps de ma course effrénée. Je me sentais légère. Je bousculais patient comme médecin, visiteur comme infirmière, me précipitant dans tous les coins des couloirs. J'arrivai alors dans le second bâtiment de cet hôpital. Des médecins voulurent m'empêcher de passer mais je déployais mes pouvoirs pour les survoler et les dépasser. Ici. Une porte blanche me faisait face. Le numéro "23" inscrit sur un petit écriteau sur le côté de la porte indiquait le numéro de la chambre où je voulais me rendre. J'ouvris la porte et je le vis. Sa touffe blonde éclatante me rendit un sourire aussi éclatant que sa chevelure. Ses yeux bleus affaiblis me regardèrent sans comprendre. Son teint pâle était beaucoup plus blanc que d'habitude, les couleurs qui l'habillaient le rendaient terne. Je m'approchai doucement et m'assis sur une chaise près de son chevet.

« Comment tu te sens ? »

Le réanimateur faisait un bruit d'enfer. Les tubes translucides lui transperçant la cloison nasale montraient son état critique. L'électrocardiogramme affichait un rythme cardiaque plutôt lent mais pas assez pour que ce soit dangereux pour sa vie. La technologie médicale était tellement développée que même pour moi qui n'y connaissait rien, je puisse voir qu'il allait s'en sortir. Il sourit et ricana doucement.

« Je pète pas la forme. Je crois que ça se voit. Dit-il d'une voix endormie et éteinte.
-Oui, ça se voit. »

Je souris de toutes mes dents mais mon foulard cachait le beau sourire sincère que j'arborais. Je me rendis compte que les pronostics médicaux étaient complètement faux étant donné que selon eux, Aloïs était censé se réveiller dans trois mois. Il me parle, il est bel et bien vivant... Je posai ma tête dans mes mains et le regardait. C'est alors que de sa main fébrile, il l'approcha de mon visage. Il la glissa le long de mon oreille gauche et décrocha le bijou. Mon foulard tomba de mon nez. Je m'empressais de me retourner, honteuse. Pourquoi il a fait ça ?! Je sais qu'il m'avait déjà vu sans, mais pas dans un moment si tranquille. Je tournai doucement la tête vers lui. Il arborait le même petit sourire que d'habitude, plein de malice. Ses yeux semblaient étinceler. Je compris alors sa requête et retirai la seconde attache derrière mon autre oreille. Je posai ainsi mon foulard sur sa table de chevet et regardai mes pieds en me tournant complètement vers lui. Le rose aux joues, je voulais juste creuser un trou pour ne plus jamais ressortir de celui-ci. Il va me juger, j'en suis sûre. Il ne s'attend pas à ce que mes moustaches soient un vrai attribut. Il va me juger, comme tous les autres. Seul Temio ne m'avait jamais reproché d'avoir des moustaches aux pommettes. Au contraire, ils les...

« Je les trouve si jolies. Elles te donnent un côté mignonne. »

Je le regardais avec stupéfaction. Comment ? Les paroles prononcées étaient exactement les mêmes que celles de mes souvenirs de cet instant, avec Temio. Ses yeux bleus me plongèrent dans un désarroi agréable dont je ne voulais m'échapper. Ma honte disparut aussitôt. ses mains frêles et pâles tremblaient, même posées sur son lit. Les deux bras longeant son corps, je me rendis compte aussitôt que des perfusions plantées dans ses mains et ses bras irriguaient son corps de millions de nutriments et de protéines bénéfiques. Son tatouage était toujours présent, au dos de sa nuque mais il n'était plus effervescent. Je m'abandonnai à la surface moelleuse de la couette et m'avachis sur le matelas. Aloïs posa sa main délicate dans mes cheveux bruns. C'est agréable. Malgré son état d'extrême fatigue, il continuait de donner de sa personne pour me rassurer. C'est alors que celui-ci arrêta ses papouilles. Je relevai la tête et le vit, les yeux fermés. Il dort déjà ? On venait de m'annoncer qu'il était réveillé alors qu'il venait de se rendormir. Je ne pus m'empêcher de pester gentiment. Je me levais. Je ne devrais pas être ici. Je le regardais discrètement, et ouvris la porte pour sortir. Tout à coup, une infirmière me bouscula, à bout de souffle.

HÉROSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant