CHAPITRE 27 :

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En ouvrant les yeux, j'avais atterri dans un buisson fané dans un jardin. En me relevant, je me rendis compte qu'une petite verrière gisait à côté de moi. Un petit garçon blond avec une veste rouge familière, bien trop grande pour lui, était assis sur un banc, juste en face d'un immense jardin de fleurs fanées. C'est quand il m'eut remarqué et qu'il me fit signe d'avancer vers moi que je reconnu qui il était. Aloïs était là, assis sur un banc. Les fleurs de son jardin étaient toutes fanées. Un détail me percuta, Aloïs était là oui, mais il était très jeune. On dirait un enfant. Son visage était très fin et ses joues rondes. En m'avançant, je reconnus le jardin. C'était celui que j'avais entraperçu près de l'entrée de la résidence royale à Vinidé. Dans mes souvenirs, il était bien plus coloré mais là toutes les fleurs étaient mortes. Je me penchai à sa hauteur.

« Renji qu'est-ce que tu fais...
-Madame. Regardez. Dit-il en pointant du doigt le champ de fleurs fanées. »

Son vouvoiement me provoqua un sursaut, mais je ne réfléchis pas et regardai dans la direction indiquée. je me souvins que je ne discutais pas avec Renji mais avec son subconscient. Il ne doit donc pas me connaître à proprement parler vu que je ne suis jamais allée dans son inconscient. En me penchant vers lui, j'aperçus mes cheveux argentés mêlés à mon châtain naturel. Mes griffes étaient tout aussi courbées. C'est la première fois que j'utilise cette technique sur quelqu'un, je ne connais ni les effets secondaires, ni comment ça doit se passer. Je note, mon apparence physique reste la même.

« J'ai passé du temps à chaque matin arroser et entretenir ses fleurs vous savez ? Dit-il. Mais, une tempête de sable rouge à tout dévaster. Il ne reste plus rien. Tout est bon à jeter et j'irai replanter tout un autre parterre. Je suis vraiment triste de devoir en arriver là...
-Pourquoi veux tu jeter des fleurs ?
-Parce que les fleurs ne peuvent pas refleurir une fois fanées.
-Tu te trompes... Rétorquai-je, espérant gagner du temps pour trouver une solution. Tu veux que je te dise pourquoi ?
-Oui, je veux bien madame."

Un peu surprise que Renji fasse confiance si facilement à une inconnue, je posai mes doigts sur mon menton. Il faut que je trouve quelque chose dont on a déjà parlé qui l'a marqué. Comment je savais ça, je n'en savais rien. Cette technique avait été l'une des plus faciles à apprendre et sans forcément l'avoir essayée sur quelqu'un d'autre que mon frère -qui m'avait appris cette technique -, je savais qu'il fallait que je donne au subconscient de la victime une raison de se battre contre le manipulateur ou la maladie si il en était touché par une. en scrutant l'horizon, je me rendis compte que le jardin s'étendait à perte de vue. Il y a forcément un lien avec le jardin. Je m'étais attendue à un inconscient plus évolué ou même plus lugubre vu les tragédies que Renji avait vécu, mais il n'en était rien. Il était bien plus beau et coloré que le mien. Je me souvins alors d'une conversation que Renji avait lancé près de la rivière du village de Sakaku, juste avant notre escarmouche contre l'une des douze fleurs du cerisier.

"Dis-moi, dans ton école est-ce qu'on t'a appris ce que c'était l'amour ?"

je pris une profonde inspiration, espérant faire disparaître ce sentiment de gêne qui me tiraillait l'esprit et plongeais mon regard dans celui de Renji.

"As-tu déjà entendu parler de l'amour ?
-L'amour ? Non, madame, je n'en ai jamais entendu parler. »

Je ne savais pas ce qui me prenais, j'étais même lancée sur un sujet bien compliqué que je ne connaissais pas vraiment. Soudain, un rayon de soleil vint se poser sur nous. Je me fis la remarque que le ciel avait été gris jusqu'ici. Je suis peut-être sur la bonne voie. J'étais tout aussi perdue que ce jeune garçon qui ressemblait tant à Aloïs, pourtant il ne m'avait pas reconnu. Néanmoins, je continuai ma réflexion en espérant pouvoir faire refleurir son jardin car au plus profond de moi, je savais que si j'y arrivais, Renji serait sauvé.

HÉROSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant