HÉROS

CHAPITRE 15 :

Je m'étais réveillée assez tardivement et avais englouti mon petit-déjeuner. Après la discussion que j'avais eu hier soir avec Renji, celui-ci était parti très tôt ce matin. Temio dormait encore à poings fermés. Sa petite rincée d'hier avait fait de lui une véritable marmotte. Je m'étais habillée et avais envisagé de faire un peu de tourisme. Malgré les avertissements mystérieux de Renji, je ne comptais pas lui obéir docilement. Je n'ai pas 4 ans, et tu n'es pas aussi âgé que mon frère, tu n'as pas d'expérience donc pas le droit de me donner d'ordres ! J'étais décidée à me promener. La chose que j'avais le plus envie de voir, c'était ce magnifique palais que j'avais vu à mon arrivée. J'avais enfilé ma robe bleue avec les bottes qui allaient avec. J'étais passée devant le molosse et il m'avait ouvert la porte. Il fallait que je toque 6 fois consécutivement et il m'ouvrirait m'avait-il dit. J'étais donc de retour devant la porte d'entrée de la ville. L'immense boulevard me tendait les bras. Machinalement, je ne me perdis pas et continuai donc l'avenue qui se profilait devant moi. Les marchands qui bordaient la route n'arrêtaient pas de crier des phrases attrayantes comme "produits venant d'un pays lointain" et ramenaient une grande foule auprès d'eux. A croire que celui qui crierait le plus fort serait le meilleur. En continuant ma route, j'arrivai en face des marches de ce palais. Une grande grille en fer forgé trônait et interdisait le passage. L'orée des maisons dessinait une ligne parfaite qui conduisait en une grande rue. C'est alors que pendant que je contemplais cette grande bâtisse que je ne pouvais approcher de plus près on me tapa dedans. En me retournant je vis une magnifique jeune femme. Elle avait des cheveux d'un blond doré et des yeux vert pomme. Sa beauté coupait le souffle. Elle était habillée d'une grande robe en satin verte avec des broderies blanches cousues qui parcouraient le jupon. Une bague fine en or ornait son annulaire gauche. Ses tâches de rousseur pouvaient envier même la femme la plus belle du pays. Elle me regarda troublée sûrement que je la regarde de si près et d'un coup ses yeux s'illuminèrent.

« Tiens, désolée on ne se connaît pas mais tu peux me filer un coup de main ? »

J'eus envie de refuser mais je me souvins de l'accident où Shôta m'avait aidé. elle est peut-être dans le même pétrin ? J'acquiesçai et elle me prit par la main. Elle m'entraîna dans une ruelle qui était non loin des marches du palais. Une femme avec un grand tablier noir et une coiffe blanche s'avança et scruta l'horizon. Elle reprit sa course effrénée vers nous et la jeune femme derrière moi me poussa violemment contre elle. C'est alors que la femme me regarda désemparée.

« auriez-vous vu une femme blonde à la robe émeraude ?
-Non, je suis désolée.
-Oh bon sang, excusez-moi de vous avoir fait perdre votre temps. »

Elle continua essoufflée son chemin. La fille de la ruelle se mit à mes côtés.

« Et bah, je te dois une fière chandelle.
-Je vous en prie, cette femme vous aurait-elle agressée ? »

Elle me regarda et se plia de rire.

« Oh que non ! Mais cette femme est tout sauf agréable. Dis-moi étrangère ? Comment puis-je te remercier ?
-Oh non, ne vous en faîtes pas je n'ai besoin de rien. Je veux simplement visiter la ville.
-Allons allons, je suis la grande princesse Aliénor, tu peux tout me demander et je te le donnerai en échange.
-Vous êtes une princesse ? Pardonnez mes manières ! »

Je me souvins des cours d'éducation de Temio et m'agenouillai comme il me l'avait appris. Elle se mit alors à rire aux éclats.

« Enfin relèves-toi ! Tu me plais bien, tu vas me distraire pour la journée ! Et si on allait au palais ? On sera plus tranquille !
-Comment ? Oh non je ne peux pas accepter. »

Elle m'entraîna par la main dans les marches de la résidence royale. Les gardes ouvrirent alors les portes grillagées. Je trouvais cela trop rapide. Quelle coïncidence de vouloir entrer dans cette demeure et que je trouve le moyen d'y rentrer. Je pense que cette princesse Aliénor doit vouloir quelque chose de moi mais comment aurait-elle pu me connaître ? Un grand jardin fleuri aux centaines de couleurs vives se profilait sur ma gauche. Un court d'eau dessina des quartiers dans le jardin, chacun avait son thème précis. Un kiosque en blanc peint en blanc gisait tout au fond de ce champ fleuri. Un pont nous séparait lui et moi. Une simple table et quelques chaises en fer vert bouteille était posés dedans. Le charme de cet endroit était envoûtant. Mais elle me tenait fermement le bras et je ne voulais pas l'obliger de changer d'itinéraire alors que j'avais - grâce à elle - réussi à rentrer dans un endroit interdit au public. Elle dévia de la bâtisse incroyable et se cette belle étendue colorée que je voulais explorer et m'entraîna dans un manoir rustique à côté du palais. Elle tenait ma main fermement et arborait un sourire assez niais. C'est alors qu'un majordome en uniforme ouvrit la porte de la résidence. Un immense escalier central nous faisait face. Un tapis rouge assez ancien s'incrustait parfaitement dans les coins des marches. L'air ambiant était frigorifiant. c'est ça la maison royale ? Je fus surprise, et même si les coïncidences s'enchaînaient et que tout allait trop vite pour moi, j'étais quand même contente de pouvoir entrer dans un endroit je supposais interdit au public au vue de l'énorme grille trônant l'entrée. Ma curiosité me faisait toujours défaut. Des majordomes coururent vers nous pour nous prendre nos sacs et vestes. La princesse Aliénor se tourna enfin vers moi et me lâcha ma main.