CHAPITRE 5 :

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J'avais fini de me déguiser. C'était une tenue qu'Uragi avait acheté sur le chemin car c'était risqué de prendre des vêtements qui m'étaient propre si on me retrouvait. La tenue qu'il m'avait acheté me mettais mal à l'aise. C'était un simple bandeau vert émeraude qui me recouvrait ma poitrine et avec un sarouel en soie de la même couleur du bandeau. Une ceinture ou plutôt un tissu épais incrusté de brillants dorés me recouvrait la taille pour ajuster mon pantalon. Des sautoirs de différentes tailles et en or plaqué ornaient mon buste et des bracelets tressés faits de fil d'or mettaient en valeur mes petits poignets. Des magnifiques sandales beige foncé me saillaient très bien. Des brides à l'arrière des chaussures me remontaient le mollet en créant des courbes très esthétiques et finissaient sur des émeraudes qui se croisaient derrière mon mollet. Mon foulard allait parfaitement avec la tenue. Ça a dû coûter une fortune !

« Alors ? »

Je reconnus la voix familière de Temio derrière la porte de ma chambre. Suite à notre petite discussion concernant notre futur voyage, nous étions retournés dans nos chambres. Etant donné que nous nous étions donnés comme rendez-vous 20 heures à l'auberge, Uragi en avait profité pour penser aux petits détails. Il nous avait rejoint et m'avait donné cette tenue à essayer. Uragi attendait dans la chambre de Temio et mon frère était dans le couloir et attendait également mais devant ma porte.

« Heu... C'est bon... »

J'étais rouge de honte. La tenue ne me va pas du tout... Temio ouvrit la porte et me dévisagea quand il vit l'aperçu de la tenue.

« Il n'y est pas allé de mains mortes. Tu es magnifique Jaïa, tu pourrais même garder cette tenue après la mission.
-N'im... N'importe quoi ! Répondis-je outrée. Jamais je ne la reporterai, c'est pour jouer un rôle trop dénigrant... Repris-je la tête basse et les poings serrés.
-Mais non. Tu n'as aucuns sens de l'esthétisme ma chère. »

Il s'avança et s'assit sur mon lit. Il me regarda et ajouta.

« Déjà, note que les moins élégantes des danseuses exotiques sont en jupe courte et non pas en sarouel.
-Pourquoi ? Demandai-je, piquée par la curiosité.
-Je ne sais pas, mais j'imagine que c'est à cause du prix de la soie et que plus l'habit a de tissu, plus il est cher. Donc Uragi aurait pu t'acheter une jupe bien courte donc ne te plains pas ! Rigola Temio quand il vit ma tête gênée. De plus, même si le haut est un peu plus disons léger, il te va à merveilles et sur toi ça ne fait pas vulgaire. Jaïa, je te l'assure. Tiens, tu sais quoi ? Pour me faire plaisir, garde cette tenue pour moi.
-Mais, je ne peux pas... Et ça a dû lui coûter une fortune...
-Si un homme offre ça à une femme, je ne pense pas qu'il souhaiterait le reprendre après, même dans le cadre d'une mission. Et si ça te gêne tant que ça, tu n'auras qu'à lui offrir quelque chose qui à tes yeux à la même valeur.
-D'accord. Mais ce sera seulement par politesse.
-Si tu le dis. Faut se mettre en route. File.
-Et Uragi ?
-Ne t'inquiètes pas, concentre-toi sur ton rôle.
-À toute à l'heure. »

Je sautai par la fenêtre et atterris dans la rue sans un bruit. L'auberge n'étant pas très haute, ce n'était pas extraordinaire un tel saut. Mince, la tenue ! Je fouillais le moindre bout de tissu à la recherche d'une petite marque de saletés ou de décousures mais rien n'était apparent. Il est vrai que je ne suis pas habituée à porter des vêtements d'une telle qualité... Je me remis debout et partis en direction du Philtre d'amour. C'était un bar donc de danseuses exotiques situé à l'Ouest de la haute ville. Cet endroit n'est fréquenté que par des nobles à la recherche de nouvelles esclaves de la basse ville. C'était la sombre histoire de la création de ce bar, et d'ailleurs, peu de gens le savait ou n'y croyait pas à cause de son emplacement dans les hauts quartiers. Les nobles de Yaturiri vivaient dans une décadence de pauvres principes comme la manière de traiter ses servantes qu'ils avaient renommé esclaves au mépris de M. Kalhdun ; La basse et moyenne ville avait adhéré aux idéaux de M. Kalhdun mais la haute ville restait sous l'ancien régime et sous leurs anciennes pensées. Etant de grands piliers du pays, ni un habitant ni quelqu'un de la direction nationale (comme notre dirigeant) ne pouvaient intervenir et leur demander de changer leurs idées car si ils s'avéraient qu'ils quittaient la ville, Yaturiri sombrerait dans le crime et dans la faillite financière car oui, les nobles finançaient tout et contrôlaient tout. Élire un homme de la citoyenneté comme dirigeant du pays ne pouvait que calmer les Yaturiens en leur faisant croire un quelconque moyen de pression sur les nobles. De mon point de vue, j'étais certaine que Kalhdun ou même les habitants allaient s'en rendre compte et iront déclarer une guerre civile contre la bourgeoisie. Je courrai comme une dingue dans la rue, légèrement baissée pour ne pas faire un bouclier humain contre le vent comme m'avait appris Temio. Les rares personnes présentes dans les rues me dévisageaient étrangement. J'étais arrivée à la place Raiden, là où les milieux se croisaient grâce à l'allée des escaliers de pierre. J'aurais pu monter comme le ferait n'importe quel citoyen qui souhaiterait aller dans les hauts quartiers, mais je ne le fis pas. Mon contrat était assez douteux pour que je le montre à des soldats et qu'il puisse enregistrer mon visage. Et puis, c'est pas mon genre de passer par les endroits fréquentés par les gens normaux. Je continuai donc dans la rue qui m'avait emmené à la place principale et je m'approchai le plus possible de la falaise séparant la moyenne et la haute ville. Gauche. Droite. La prochaine à droite... Normalement... Parfait ! J'étais arrivée dans une impasse assez douteuse mais qui ne m'étais pas inconnue. C'était mon endroit favori pour aller dans les hauts quartiers. Je dégaina ma cimeterre. Son reflet dans la lune m'éblouit sur le coup légèrement mais je repris mes esprits rapidement. C'est alors que je fis tournoyer mon arme en l'air grâce au ruban rouge qui pendait à son manche. Je la jeta dans les airs puis, avec un coup sec, je la planta dans la falaise. Je vérifiai si la lame était bien plantée avec quelques coups secs vers le sol, puis la laissa pendre. Je regardai derrière moi si personnes n'étaient présents. Gauche... Droite... Derrière... C'est bon. Je retirai mon foulard doucement et le mit dans la poche de mon sarouel. Mes moustaches qui n'avaient pas ressenti le vent depuis longtemps frémirent. Je mis mes mains à leurs niveaux et les attrapai tout en les faisant coulisser entre mes doigts. Mes ongles jusqu'à présents rongés poussèrent à une vitesse phénoménale et devinrent de véritables griffes recourbées d'un blanc ivoire éclatant. Je sentis mes yeux se teinter d'un filtre noir et je ne perçus plus les couleurs. Une douleur passagère se fit sentir dans le bas de mon dos et je pus voir ma queue qui se balançait joyeusement. Mes oreilles s'arrondirent et des rayures apparurent sur mes bras nus. Je sentis aussi des légères brûlures sur mon visage. Sûrement dû à l'apparition des rayures ? Étrange ces picotements, j'en parlerai à Temio. Je pus voir rapidement à travers le reflet de mon arme plantée des rayures noires qui passaient sur mes yeux. Je pris donc de l'élan et sautai contre la paroi. Je sortis mes griffes et les plantèrent dans le versant. Mes pieds dépourvus de griffes, j'étais suspendue à quelques mètres du sol. Mon épée était un peu plus haut. Je rapprochai mes pieds de ma cage thoracique et avec quelques prises fragiles, je me propulsai vers la cimeterre. Je tendis ma main et l'attrapai de justesse. Avec toutes mes forces, je me hissai sur son manche. Avec l'adresse de ce talent inné, je ne tremblai même pas sur ce tout petit bout de mon arme. j'agrippai le manche avec mes mains et plantai mes griffes dans le tissu. Je posai mes pieds sur le peu de place qu'il y avait. Les hauts quartiers n'étaient pas plus haut que ma taille, je pouvais donc en sautant m'agripper au bord. J'attrapai assez rapidement le ruban qui pendait toujours dans le vide, sautai au bord, remontai rapidement et avec un coup sec, récupérai mon arme. Je la ré-enfourna dans son fourreau et remis mon foulard. Je vis ma vision se re-teintée des couleurs humaines, sentis ma queue se rétractait dans mon corps et vis également les rayures disparaître et aller vers mon cœur. Mes oreilles se reformèrent convenablement et mes ongles rongés avaient refait leur apparition. Je pris donc une allure convenable pour le rôle que j'allais jouer et m'avançai vers le bar, avec l'emplacement indiqué.

HÉROSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant