Nous avions fait une petite halte pour passer la nuit dans les ruines d'une ancienne cité prospérant dans ce désert il fut fort longtemps. Nous nous étions abrités dans une petite maison avec seulement deux murs encore debout. Nous avions préparé un feu de camp, avions déposé Hickstead et Bucéphale non loin de là et leur avions donné à manger. Nous avions passé la journée à nous battre contre divers monstres qui vivaient dans ce désert. Renji semblait exténué. Il était affalé dans le coin du mur.
« Tout va comme tu veux ? Le défiai-je.
-Oui oui. Je suis juste exsangue.
-Ex quoi ? Demandai-je en rigolant.
-Ça veut dire quelqu'un qui a perdu beaucoup de sang. Tous ses rituels et ses invocations demandent une contre-partie tu n'étais pas au courant ? »
Je vis alors les mains défigurées par les diverses morsures et autres mutilations qu'il s'était infligé pour permettre des invocations ou des sortilèges. C'est amusant, parce que Temio lui, est tout à fait en état de se battre. Une pensée me parvint alors décrétant un grand écart de niveau entre Temio et Uragi.
« Oui, c'est ce qu'on appelle l'échange équivalent non ?
-Oui, tout mage le sait. Enfin si on peut dire que j'en suis un.
-Dis-moi Renji. Ton sabre, tu ne t'en sers pas ? C'est pour faire joli ?
-N'importe quoi ! Bien sûr que si je m'en sers mais pas pour de simples monstres de ce genre.
-Tu ne vas me faire croire que tu es à la fois magicien de feu et à la fois manieur de sabre. C'est impossible.
-Si. Crois-le ou non, je sais le manier mieux que quiconque mais je ne le sors qu'en cas de nécessité.
-Fais le fanfaron, vas-y te gêne pas.
-Ce n'est pas un grand cadeau que d'avoir deux compétences dans deux domaines différents.
-Pff. J'en ai assez de t'entendre te vanter.
-Je ne m'en vante pas. Je dis simplement que c'est dur et que je n'ai... »
C'est alors qu'il se stoppa.
« Un problème ?
-Non. Oublie.
-Oui, ça vaut mieux. De toutes évidences, je ne crois que ce que je vois et je peux te dire que ton joujou à la ceinture est inutile.
-Si tu le dis. Allez oust du balais, je ne veux pas d'une tigresse près de moi pour le moment.
-La ferme ! »
Je m'éloignai de lui et du camp pour rejoindre Temio qui montait la garde. Nous l'avions décidé car nous étions en plein territoire ennemi et qu'à tout moment, les monstres pourraient venir nous tuer dans notre sommeil. En le rejoignant, je le vis serrer les poings.
« Oh, salut Jaïa...
-Ca ne va pas ?
-Si. Je m'en veux seulement de m'être emballé devant de simples monstres. Je n'aurais pas dû montrer ma forme magique.
-Le mal est fait. Ce n'est pas grave. »
je me rendis compte qu'il avait remit des bandages à ses bras.
« Dis-moi, tes bras n'étaient pas brûlés quand tu étais transformé. Remarquai-je.
-C'est normal, dit-il d'un ton assuré, la transformation recouvre ton corps d'un charme de protection, n'importe quelle blessure que tu aurais eu, même la section d'un membre, serait masquée et guérie avec le temps nécessaire.
-Tu n'as pas l'air fatigué. C'est bon signe. Enfin, tu as utilisé beaucoup de magie, tu devrais te reposer avec Renji, je prends la relève.
-Tu en es certaine ? Je peux rester avec toi ne serait-ce qu'une heure de plus. ca me ferait plaisir. »
Je rougis involontairement.
"N'importe quoi ! tu devrais m'écouter et aller te reposer. Me défendis-je.
-Bon, d'accord d'accord... »
Il me caressa la tête face à ma mine boudeuse et déclara :
« Fais attention, le surmenage c'est le début des mauvaises choses. »
En voulant me retourner pour lui clouer le clapet, il était déjà loin derrière. Impossible de le rattraper. Je me décidai donc de m'asseoir et de faire le guet. Je devais surveiller les alentours pendant 3 heures. Pile poil. C'était le temps de mes entraînements nocturnes. Je retirai donc mon foulard, ma forme féline prenant donc le dessus et m'assis sur le sable froid. Je fermai donc les yeux et commençai par une simple méditation de routine pour canaliser de l'énergie. Je sentis alors une brise me transpercer et faire voltiger mes cheveux. Je m'imaginais alors un simple éclair, sa forme, sa couleur que je voulais lui donner, des petits détails sans importance mais qui me prodiguais une grande concentration. je sentis alors des éclairs me piquer les jambes à cause de leur courant électrique. Quand je rouvris les yeux, des éclairs gisaient et arpentaient la pierre où j'étais assise. Je dégainai ainsi ma cimeterre. Elle éblouis les alentours et je pus enfin la manier convenablement. Une fois sortie, je la mis en contact avec la pierre électrifiée. C'est alors que le fer enchanté de ma lame réagit avec les éclairs que j'avais créé. Les éclairs s'empressèrent de s'infiltrer dans la lame et ma cimeterre était maintenant électrifiée. Il me suffit d'un coup dans les airs pour que l'électricité canalisé se jeta sur un mur d'une maison en ruines.
« Et merde. »
Mon objectif était que les éclairs restent canalisés dans la lame peu importe l'élan que je prenais et que je puisse les disperser à ma guise. j'avais beau canalisé mon énergie pendant des heures, le résultat était le même. Néanmoins, une chose était sûre. Les éclairs que j'arrivai à manier était un don inné. J'en avais toujours eu la connaissance, d'aussi lointain que je me souvienne, Temio m'a juste appris à m'en servir comme d'une arme. Comment j'avais appris la magie électrique ? C'était une excellente question. Mon frère me répétait sans cesse que c'était un soit-disant don de notre père inconnu, un gène héréditaire et cela m'énervais au plus haut point. si j'aurais pu m'en débarrasser de ces éclairs, je l'aurais fait depuis longtemps. Mais vu que le maniement de ma cimeterre restait à améliorer, c'était la seule autre chose qui me permettait d'agir en cas de problème. Il en valait de même pour ma forme féline d'ailleurs. Je n'ai jamais su d'où elle venait réellement car j'ai comme un énorme trou de mémoire. Mon plus lointain souvenir est trop flou et douloureux mais il concernait une personne que j'aurais voulu oublié avec ma petite enfance.
« N'est-ce pas à cause de cette haine et de ce désarroi que tu n'arrives même pas à maîtriser tes éclairs ? »
La voix venait de derrière. Je brandis ma cimeterre et fis un bond en avant, avant de me retourner. Mais personne n'était derrière moi. C'est alors qu'en clignant seulement des yeux, je changeai d'atmosphère... Non, de paysage. Je n'étais plus dans le désert, face aux ruines en train de faire le guet. J'étais sur une plateforme en pierre. Un énorme souffle de vent vint m'agresser le visage. Quand il eut fini, je relevai la tête. Je vis alors une fine personne. Elle était grande et élancée. Elle était couverte d'une grande cape rouge sertie d'un revers en or qui lui arrivait en bas des mollets. Elle avait également une magnifique robe blanche tout en dentelle. Le haut était aux épaules dénudées et lui couvrait sa poitrine généreuse. Le jupon était élancé et faisait apparaître dans le dos une petite traînée. Elle avait également des gants en satin assortis à sa robe blanche. Un bijou fin au cou lui donnait un côté bourgeois insupportable. Son collier avait deux rangs ; l'un montrait cinq anneaux s'emboîtant les uns dans les autres et celui qui lui tombait dans son décolleté faisait apparaître une grande rose héraldique. Son bijou était entièrement d'or, seule sa rose était éclatante. Je compris donc qu'il s'agissait là d'un diamant sculpté de sorte à ce que ça fasse une rose. Quel travail impressionnant. En relevant mes yeux vers son visage je vis alors un visage couvert d'un masque facial en forme de cerf. En effet, il avait le fond blanc mais des marques rouges venaient habiller le masque. L'emplacement de ses yeux était entouré de traces d'un rouge rubis qui venaient faire un pic élégant dans le coin de l'œil. Des bois de cerf étaient également fixés sur le dessus du masque. Ils étaient également blancs mais les pointes de chaque branche des bois était teintée d'un rouge sanglant. Sur le front, une grande marque du même rouge vermillon des traces qui parcouraient son visage, il y avait un symbole étrange. Il y avait en effet la forme d'un Torii mais assez abstrait, on le devinait disons. ses longs cheveux lisses châtains étaient attachés en une grande queue de cheval qui lui arrivait dans le milieu du dos. Elle me regardait, je sentais son regard pesant sur moi.
« Et bien, ne t'attend-on jamais appris les bonnes manières ? »
C'est alors qu'une telle pression pesait sur moi que je fus aplatie au sol, comme-ci la gravité s'était inversée. Même la pierre de la plateforme s'était fendue. Je me rendis compte lorsque la gravité fut remise à la normale que nous étions au dessus des nuages. Il y avait le soleil derrière mon interlocutrice, et la lune derrière moi. Ni l'une ni l'autre de ces astres ne m'éblouissaient comme à l'accoutumée. Les nuages encerclaient la plate-forme sur laquelle nous étions. En y regardant de plus près, une trappe en bois gisait sur le côté. Elle était fermée et même barricadée avec des planches de bois clouées sur la trappe. Ce qui me perturbait chez cette femme, c'était sa voix. Elle ressemble...
« Je comprends maintenant. Dit-elle en me coupant dans mes pensées. Tu ne sais pas qui je suis. C'est fâcheux. Dit-elle en s'affalant dans un trône en velours bleu venu d'on ne sait où.
-Je vous prie de m'excuser, mais puis-je savoir où je suis ?
-Dans le monde secondaire.
-Pardon ?
-Ou plutôt dans ton monde secondaire. Enfin, je ne suis pas là pour faire le guide touristique et répondre à tes questions gentiment tel un bon toutou. Tu m'as dit que j'étais le fruit de ton imagination et ça m'a beaucoup blessé tu sais ? Après tout, on se connaît si bien.
-Pardon, mais nous nous connaissons ?
-Oui, mais tu n'en as plus de souvenirs.. Dit-elle en balançant sa main sur le côté, une impression de lassitude. Enfin, ma chère. Sache que je ne me suis pas déplacée pour discuter vois-tu ? Ma première visite va consister à prouver que je suis réelle d'accord ? »
J'avais le cerveau totalement embrouillé. J'avais perdu mes repères et cela m'agaçais au plus haut point. C'est alors qu'elle se leva de son trône et il disparut en étant emporté dans le vent. Puis, elle avançait vers moi. Je me rendis compte qu'elle était pieds nus. En relevant mon regard je ne l'aperçus plus mais je n'eus pas le temps de chercher que je me fis écrasée au sol. Une chose légère mais avec un choc puissant m'avait fêlé des côtes. C'est alors que je me fis tirée les cheveux.
« Oh, j'en attendais plus mais on ne peut pas dire que tu ne sois pas résistante. »
Sans le vouloir, je sentis un liquide dans ma gorge remonté à grande vitesse. Dans un élan incontrôlable, je me mis à vomir un beau filet de sang. Le goût ferreux me resta en travers la gorge. Elle me lâcha mes cheveux et se dégagea de mon corps. Je me relevai avec beaucoup de mal mais lui fit face.
« Alors, j'existe maintenant ? Demanda-t-elle. »
Je n'arrivai pas à répondre. La douleur était bien trop insupportable pour que je puisse faire quoi que ce soit d'autre. J'ai mal... Tellement mal. Je n'aurais jamais cru qu'une douleur aussi épouvantable qu'elle puisse exister. C'est alors qu'elle pesta et qu'elle prit une mine agacée.
« J'en ai marre de t'entendre jacasser et piailler à dire "j'ai mal, j'ai mal". Je le sais bien, et ce n'est pas par plaisir que je l'ai fait. Tu me crois maintenant réelle OUI OU NON ?! »
Elle semblait énervée et même pas essoufflée.
« Je crois que ta réponse est non ? Que faut-il que je fasse pour prouver que j'existe alors ? »
Elle s'avança vers moi.
« Non... Je... vous crois... »
C'était les seuls mots que j'avais réussi à prononcer dans mon calvaire.
« Oh, et bien tu n'es pas morte, j'y ai bien cru. Dit-elle en se stoppant net avec un grand sourire. Bien, alors je vais te laisser. Fais de beaux rêves. »
Elle s'avança vers moi, et commença à chantonner une petite mélodie étrangement familière. Je la voyais avancer vers moi, et je ne pouvais rien faire. J'avais réussi à me relever, mais je titubais et j'étais paralysée par la peur. Bouge put*** ! Mais rien à faire, j'avais beau avoir toute la volonté du monde, je n'arrivai pas à faire ce que je voulais. C'est alors qu'elle flanqua son visage masqué devant le mien.
« Comme il doit être triste, le faucon solitaire. »
Sa voix était remarquablement harmonieuse. Puis, elle plaqua sa main gantée sur mes yeux et une grande envie de dormir s'empara de moi. Je fermai les yeux et je sentis mon corps chavirer dans le sommeil.
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HÉROS
FantasyJaïa Uno, jeune Yaturienne de 15 ans, accompagnée de son tendre frère Temio, se retrouvent confrontés à la dure réalité : ils sont rejetés par la société. Un jour, quand un voyageur d'un pays voisin s'allie à leur duo pour mener à bien une mission...