Chapitre 2

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Le jeune homme qui lui faisait face semblait tout autant surpris qu'elle. Lorsqu'il s'aperçut de l'arme blanche qu'elle tenait dans sa main, ses yeux bridés s'ouvrirent en grand, laissant bien apparaître ses iris noisette. La brune en profita pour l'observer attentivement. Ses cheveux d'un noir de jais étaient encore humides de la douche qu'il venait visiblement de prendre, sa peau était légèrement halée et faisait ressortir ses yeux noisette qui lui donnait un air innocent. Il portait uniquement une serviette autour de sa taille ce qui lui permettait de voir qu'il n'était pas très grand ni très musclé, et donc pas très impressionnant, ce qui ne soulagea pas pour autant Emilia qui se cramponnait à son arme.

L'inconnu patienta quelques secondes avant de lever doucement les mains pour tenter d'apaiser la jeune femme. Il ne voulait pas l'effrayer d'avantage et surtout, il ne comptait pas mourir tout de suite.

_ Qui es-tu ? demanda-t-elle soudainement d'une voix tremblante en brandissant d'avantage l'arme.

Le jeune homme fut désemparé de voir qu'il l'avait encore plus effrayée. Il essayait de ne pas faire de gestes brusques mais il avait peur d'avoir à se défendre dans peu de temps. Et il hésitait encore. Fallait-il qu'il se défende ou qu'il la laisse faire pour ne pas risquer de lui faire du mal. Il secoua la tête pour se remettre les idées en place et prit la parole d'une voix douce et rassurante. Du moins, il essayait.

_ Emilia je ne te ferai pas de mal je te le promets. S'il te plait, pose ça...

Son ton avait plus été suppliant que rassurant. Pourtant, la brune ne flancha pas d'un millimètre. Elle n'avait déjà pas confiance en les gens qu'elle connaissait, alors pourquoi ferait-elle confiance à un parfait inconnu ? Le jeune homme ne savait décidément pas comment se comporter. Devait-il lui dire la vérité ou alors, il faisait mine de partir et ferait plus attention à l'avenir. Il était à deux doigts d'opter pour la deuxième solution lorsque quelque chose changea dans le regard de la jeune femme. Elle sembla soudainement inquiète plus qu'effrayée, et il comprit.

_ Sungie... Murmura-t-elle.

Il avait compris qu'il n'avait plus d'autre choix que de lui dire la vérité car elle allait chercher après son animal et ne le trouverait évidemment pas. Emilia se décida enfin à bouger et voulu passer précipitamment à côté de l'inconnu, celui-ci lui agrippa délicatement le poignet, faisant son possible pour ne pas lui faire de mal. Il le regretta bien vite lorsque la brune se retourna et, contrôlée par la peur, lui entailla le biceps à l'aide de son couteau, l'obligea à la lâcher. Il posa sa main sur sa blessure tandis qu'Emilia se précipitait dans sa chambre pour appeler son petit compagnon, laissant le jeune homme seul dans la pièce à vivre.

_ Tu ne le trouveras pas...

_ Où est-il ?! Qu'est-ce que tu lui as fait ?! Cria-t-elle en revenant sur ses pas.

_ Emilia s'il te plait écoute moi...

_ NON ! Et déjà, comment tu connais mon nom !

Voilà qu'elle menaçait à nouveau, l'obligeant à reculer à l'endroit où elle se tenait un peu plus tôt. Elle le fixait avec un mélange de colère et d'inquiétude dans le regard, ce qui brisa le cœur du jeune homme. Il baissa la tête en soupirant et ferma les yeux pour finalement disparaître du champs de vision de la jeune femme, laissant uniquement sur le sol la serviette qu'il avait autour de la taille. A peine quelques instants plus tard, une petite bête qu'Emilia reconnu immédiatement sorti de la serviette.

_ Sungie... ?

Le petit phalanger s'approcha prudemment de la jeune femme en boitillant, blessé à la patte qui correspondait au bras blessé du jeune homme. Sans vraiment repenser au fait que son petit compagnon était un homme encore quelques instants auparavant, elle posa le couteau sur le meuble avant de s'accroupir et de lui tendre sa main pour qu'il y grimpe. Le petit animal s'y cramponna et lorsqu'elle l'approcha de son visage, il frotta sa petite tête contre sa joue, comme il l'avait fait lorsqu'ils s'étaient réveillés le matin-même. Emilia finit par le reposer délicatement sur la serviette et recula de quelques pas pour ensuite se retourner, pour lui laisser reprendre sa forme humaine.

Elle lui fit à nouveau face pour voir qu'il tenait à nouveau son gras blessé. Il arborait un regard triste lorsqu'il vit les larmes remplir les yeux de son humaine. Jamais il n'avait voulu lui faire de peine. Il aurait voulu la prendre dans ses bras pour la rassurer, lui dire que tout irait bien et qu'il prendrait soin d'elle, mais le jeune homme savait que sa réaction serait sans doute bien plus violente que la précédente.

_ Pardon... Murmura-t-il en baissant la tête à nouveau.

Ce fut tout ce qu'il trouva à dire.

_ Tu... Tu es un hybride ?

Surpris par le ton calme et presque doux qu'Emilia avait employé, le jeune homme redressa vivement la tête. Ses yeux noisette s'agrandirent d'avantage, lui donnant un air encore plus adorable qu'il ne l'était déjà, la brune devait bien l'avouer. Il acquiesça nerveusement et une fois de plus, s'excusa.

_ Je voulais pas te faire peur, pardon... Il attendit de voir sa réaction et comme elle ne disait rien, il continua. J'attends toujours que tu partes à la fac ou au travail pour faire ma vie... je ne savais pas que tu avais oublié tes affaires...

_ Pourquoi tu restes avec moi ? Qu'est-ce que je t'ai fait ?

Sa question peina encore d'avantage le jeune homme. Lui donnait-il réellement l'impression qu'il lui voulait du mal ? Mais plutôt que d'être cinglant, il décida de lui dire à nouveau la vérité. Au point où il en était, la pire chose qui pouvait lui arriver était qu'elle le mette dehors. Il inspira un grand coup.

_ Les hybrides comme moi sont censés protéger les humains et...

_ Et tu veux me protéger de quoi au juste ? Des mouches ?

Aoutch. Une remarque sur sa taille. Il lui fallut tout le self control dont il était capable pour ne pas répliquer comme il avait l'habitude de le faire avec ses amis. Au lieu de ça, il continua à lui dire la vérité.

_ Tu avais l'air tellement triste quand tu as voulu me relâcher après m'avoir soigné... J'ai vu ce que tu subissais chez tes parents et je ne voulais pas que tu te sentes seule...

_ Dis plutôt que ça t'arrangeait bien d'être nourri, logé et blanchi...

_ Ce n'est pas vrai ! Quand je prenais quelque chose dans tes armoires, ou dans ton frigo, j'ai toujours tout remis !

Il n'avait pas pu s'empêcher de hausser le ton, blessé de savoir qu'elle le voyait comme un profiteur, alors qu'il aurait très bien pu rentrer chez lui pour vivre sa vie comme il l'entendait. Mais au lieu de ça, il avait décidé de rester à ses côtés pour la soutenir comme il le pouvait, malgré sa petite taille. Mais lorsqu'il s'aperçut l'expression surprise de la jeune femme, il se dit que c'était fichu, et qu'elle allait définitivement le mettre à la porte.

_ Casse-toi d'ici.

_ Emilia attends...

_ Vas-t-en ! Vas-t-en ou je te le mets ailleurs, mon couteau !

_ Emilia, je veux pas te laisser toute seule...

_ VA-T-EN !

Elle avait hurlé et des larmes s'étaient échappées de ses beaux yeux gris. Emilia était désemparée. Elle voulait que le jeune homme parte mais malgré tout, elle avait besoin de sa boule de poil, de sa douceur apaisante et réconfortante. De longues minutes passèrent sans que le jeune homme n'ose bouger. Il avait beau être un petit animal doux et inoffensif, il était, comme il l'avait dit plutôt, son protecteur et il aurait fait n'importe quoi pour l'aider, pour l'apaiser et la rassurer. Il tenta alors d'oublier la douleur qui irradiait son bras et se transforma à nouveau, reprenant son apparence d'animal tout mignon. Il s'approcha à nouveau de la brune et grimpa le long de sa jambe et de son bras pour se blottir dans le creux de son cou.

_ Je ne veux pas que tu partes... murmura-t-elle, la voix étranglée par les larmes.

La petite bête frotta à nouveau sa petite tête poilue contre la peau de la jeune femme avant de penser :

_ Je sais.

Douce compagnieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant