Douce compagnie

Chapitre 6

A peine quelques jours plus tard, Emilia avait fait ses valises pour partir en Europe, plus précisément à Paris.

_ Quel cliché. Avait ri Jisung dans la voiture. Une New-Yorkaise qui part à Paris.

La jeune femme avait souri en retour et acquiesça, se disant qu'effectivement, on ne pouvait que difficilement faire plus cliché. Mais c'était une opportunité qu'elle ne voulait manquer pour rien au monde. Et comme elle savait que Jisung ne serait pas seul pendant son absence, elle partait le cœur léger. Ou presque... Le chef de la meute du jeune homme avait effectivement demandé à rencontrer la jeune femme avant son départ, ce qui les avait obligés à démarrer bien trop tôt de l'appartement. Emilia n'était vraiment pas pressée d'arriver et le jeune homme le sentait. Il aurait voulu lui prendre la main pour la rassurer mais ne voulait pas qu'elle prenne peur et ne provoque un accident.

_ Jisung ? Demanda-t-elle soudainement.

_ Mh ? Répondit-il distraitement, regardant le paysage qui défilait par la fenêtre.

_ Quel genre d'animal est Chan ?

C'est vrai que Jisung ne lui avait pas parlé ni de son leader, ni même de sa meute. Il n'avait pas osé, à vrai dire. Il ne voulait pas effrayer d'avantage son humaine.

_ Chan est un loup.

Évidemment, pensa la brune. De ce qu'elle avait lu, les chefs de meutes étaient souvent des loups, où des gros animaux du même genre. Ils étaient réputés pour être impressionnants et jouer de leur aura particulière pour imposer leur autorité naturelle. Cette pensée fit grimacer Emilia qui se sentait encore moins sûre d'être prête pour la rencontre. Jisung sembla s'en rendre compte et sourit gentiment.

_ Il est gentil tu sais. Un peu trop protecteur, mais gentil. Promit-il.

_ Peut-être mais... Tu es blessé à cause de moi. Murmura-t-elle en resserrant sa prise sur le volant.

_ Ce n'est pas de ta faute... Mais par contre, je serai obligé de lui dire qui est Alex... Annonça-t-il, penaud.

Emilia acquiesça. Elle le savait et honnêtement, elle s'en fichait s'il parlait d'Alex. Tant qu'il ne parlait pas du reste. La suite du trajet se passa dans le silence, si ce n'était la radio qui émettait un léger bruit. Lorsqu'ils arrivèrent à l'aéroport, la brune gara la voiture et après avoir sorti ses bagages avec l'aide de l'hybride, elle verrouilla l'habitacle avant de lancer les clés à Jisung qui les attrapa au vol et les fourra dans sa poche.

_ S'il te plait Sungie, ne les oublie pas quand tu viendras me chercher.

_ Eh, j'suis pas un poisson rouge, moi !

La jeune femme lui tira la langue avant de tirer ses valises derrière elle, guidant Jisung dans l'immense parking. Lorsqu'ils entrèrent dans l'ascenseur, Jisung sentait que la nervosité de la brune était à son paroxysme. Il tapota son bras du bout de l'index, attirant son attention.

_ Ca va aller, c'est promis.

Emilia huma doucement, pas vraiment convaincue. Le bruit indiquant que l'ascenseur était arrivé au bon étage, les obligeant à sortir de la cage de métal. En balayant le hall de l'aéroport du regard, la jeune femme croisa le regard d'un jeune homme qui les observait de loin. Elle comprit immédiatement de qui il s'agissait et s'arrêta, se faisant rentrer dedans par Jisung qui ne regardait pas où il allait. Il secoua vivement la tête et chercha pourquoi elle s'était arrêtée aussi brusquement pour voir son leader un peu plus loin. Il s'apprêta à se jeter sur lui quand il se souvint de la brune qui n'avait toujours pas bougé. Alors, le jeune homme se permit de prendre le gros sac qu'elle portait dans sa main droite avant de se saisir de ladite main et de l'encourager à avancer. Ne l'ayant pas vu immédiatement, Jisung n'avait pas vu l'éclair étrange qui était passé dans le regard de Chan lorsqu'il avait aperçu la jeune femme. Lorsqu'ils furent assez près, Jisung posa plus ou moins délicatement le sac aux pieds de sa propriétaire avant de se jeter joyeusement dans les bras de son ami, qu'il n'avait décidément plus vu depuis trop longtemps. Chan rit et ébouriffa joyeusement le phalanger, content de le voir aussi. Il se tourna ensuite prudemment vers l'humaine de son ami et s'obligea à contenir son aura puisqu'elle semblait déjà suffisamment effrayée.

_ Emilia, j'imagine ? Demanda-t-il d'une voix douce en souriant.

La jeune femme, surprise de son attitude releva bien vite la tête qu'elle secoua de haut en bas, confirmant son identité. Jisung, surexcité de voir son aîné, proposa d'aller s'asseoir boire quelque chose.

_ Et manger une part de cheesecake mh ? Soupira Chan et riant.

_ Une part seulement ?! S'indigna le plus jeune.

_ Calme-toi Sung', on a fait une réserve pour toi à la maison.

Jisung leva son poing en signe de victoire, arrachant un petit sourire à son humaine. Puis, sans même lui demander son avis, Chan se saisit du sac que son cadet avait déposé un peu plus tôt et les guida jusqu'au petit café des lieux et laissa les deux autres s'installer avant d'aller chercher leurs commandes.

_ Ca va ? demanda Jisung, inquiet.

_ Je crois...

Ils se turent en attendant le retour du brun qui leur donna leurs boissons – ainsi que le cheesecake de Jisung – pour finalement s'asseoir face à Emilia. Il prit une gorgée de son café avant de se tourner vers son ami.

_ C'est quoi cet état ? Demanda-t-il durement, persuadé que le plus jeune s'était encore fait remarqué.

_ Eumh... c'est l'ex d'Emilia qui a débarqué un jour quand elle n'était pas là...

_ Désolée... s'empressa de marmonner la jeune femme en baissant la tête.

Chan la regarda silencieusement, quelque peu surpris. D'habitude, les humains ne s'embêtaient pas de savoir leurs hybrides blessés. Ils se disaient que c'était normal, car ils se devaient de les protéger. Alors pourquoi s'excusait-elle ? D'autant plus qu'elle n'y était pour rien.

_ Ce n'est pas ta faute. La rassura-t-il. Toi par contre, tu vas me faire le plaisir de recommencer à t'entraîner ! Dit-il plus durement à Jisung.

Celui-ci chouina dramatiquement avant d'attaquer sa part de gâteau, sous le regard blasé de Chan. Celui-ci, habituellement très sociable, ne savait pour autant pas comment lancer une conversation avec la jeune femme. Non seulement, celle-ci évitait soigneusement son regard, mais quelque chose le bloquait également. Il ressentait une grande tendresse pour la jeune femme, mais ne comprenait pas pourquoi, et cela le frustrait un peu. Beaucoup même.

_ Tu décolles à quelle heure ? Demanda-t-il enfin.

_ Dans une heure et demi... répondit-elle, jouant nerveusement avec la paille dans son gobelet.

Chan se leva, prétextant devoir aller aux toilettes pour laisser les deux autres seuls un instant, sentant la gêne qu'il imposait à la jolie brune.

_ Hey... fit doucement Jisung en lui donnant un léger coup de coude.

La jeune femme sourit tristement, bien au courant qu'elle lui faisait de la peine. Elle savait que Jisung avait espéré qu'elle s'entendrait soudainement bien avec son ami.

_ Je suis désolée Jisung... mais je peux pas...

_ Je sais. Je sais ne t'inquiète pas.

_ Il va te poser des questions, hein ?

Le jeune homme secoua la tête. Bien sûr que Chan allait avoir des questions, mais il ne les poserait pas par simple respect envers la jeune femme. Le temps passa et Emilia vit Chan au loin, lui faire un petit signe de tête avant de sortir du bâtiment pour leur laisser un peu de place, et la jeune femme le remercia mentalement.

Lorsqu'il fut l'heure, Jisung accompagna jusqu'aux portiques vers les portes d'embarquement et tritura ses mains pour ne pas se jeter sur la jeune femme pour lui faire un énorme câlin. Il n'avait décidément pas envie de la laisser partir car il avait cette peur irrationnelle qu'elle n'allait plus jamais revenir auprès de lui. Comme si elle avait compris, Emilia posa un instant toutes ses affaires et défit la fermeture de son collier qu'elle ne quittait jamais et l'attacha derrière la nuque du jeune homme qui se laissa faire, tout de même un peu surpris.

_ Tu sais bien que j'y tiens de tout mon cœur. Donc t'inquiète, je viendrai le rechercher. Dit-elle avec un petit sourire.

Jisung acquiesça joyeusement avant de presser doucement le bout de son index sur une des joues de la jeune femme qui sourit un peu plus franchement, avant de lui faire un signe de tête et de passer les portiques de sécurité, le cœur tout de même un peu serré.