Chapitre 21

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Le jour J était arrivé, une profonde excitation m'envahit au moment de quitter l'hôpital. Paradoxalement, je ressentis un petit pincement au cœur. Toutes ces personnes qui ont veillées sur moi jour et nuit. Je ne les remercierais jamais suffisamment, elles font vraiment un travail remarquable.

Une ambulance m'attendait devant l'hôpital. Marie travaillait, elle avait repris depuis 15 jours son emploi. Je n'ai pas voulu embêter mon père déjà bien débordé par les allers retours au magasin de confection pour lequel travaillait ma mère.

En effet, bien qu'étant à la retraite et âgée de 68 ans, ma mère ne s'arrêtait jamais. Elle s'occupait tous les jours le matin pendant deux heures d'une dame âgée qui n'était plus autonome. L'après-midi, elle confectionnait à domicile des rideaux et autres voilages que mon père livrait dans d'énormes sacs directement au magasin.

Cela reflète bien toute la gentillesse de mes parents, trop serviables et trop disponibles selon moi.

Ma mère me confia un jour qu'elle appréhendait fortement de s'arrêter de travailler définitivement. Elle angoissait à l'idée de devoir affronter des journées vacantes et interminables.

Je regardais le ciel magnifiquement bleu depuis la fenêtre de l'ambulance et je pensais à Rosario. C'est bien lui qui a assisté à mon accident et qui m'a aidé à revenir d'entre les morts. Je me disais que depuis la visite de l'inspecteur, il ne m'étais plus apparu.

Je voulais l'aider, comprendre sa détresse et son appel au secours. J'analysais chaque apparition, je réfléchissais aux signaux et indices qu'il me laissait et qui pourrait me faire comprendre le fondement de sa démarche.

Y avait-il un lien entre lui et les autres enfants de l'hôpital? Pourquoi m'a t-il choisi? Comment puis-je l'aider?

Nous arrivions enfin à mon domicile. Marie m'avait fait la surprise de prendre son après- midi. Mes princesses étaient toutes les deux sur le seuil d'entrée de notre chaleureuse maison. Elles étaient tellement belles, je m'en voulais de les avoir fait souffrir autant. Je les aime tellement fort que les mots ne suffisaient pas pour le décrire.

J'étais de retour enfin après tous ces mois d'absence. Je m'extirpa de l'ambulance avec quelques grimaces de souffrance et me dirigea vers mes petites femmes sur l'appui de ma béquille droite. Mon Adélaïde courut vers moi et me serra fort. Quelle joie, je l'attrapa avec mon bras droit qui lui ne me faisait pas souffrir et j'aurais voulu que notre câlin dure une éternité.

Une énorme pancarte lumineuse avec différentes couleurs avait été accrochée sur l'auvent de la porte d'entrée. "BON RETOUR A LA MAISON PAPA".

Je serra fort Marie dans mes bras et nous rentrâmes tous les trois avec nos yeux rougis dans notre petit nid d'amour.

Le soir même, après avoir dîner Adélaïde se retira discrètement du salon, après un clin d'œil complice de Marie que j'aperçus. Elle revint les bras remplis de cadeaux. Elle me tendit un tout petit paquet enveloppé d'un papier cadeau imprimé de sapins et de pères noël. Elle était toute excitée à l'idée de pouvoir enfin ouvrir ses cadeaux. Il y avait également un dessin qui restera à jamais gravé dans ma mémoire. Ma puce avait dessiné notre maison avec maman et elle debout devant la maison. Elle m'avait dessiné avec des ailes et je descendais du ciel comme un ange qui revient à la vie.

Je ne pus retenir mon émotion et des larmes de bonheur rebondirent sur le parquet. Je la serra fort dans mes bras en la remerciant et en lui disant qu'elle n'imaginait pas à quel point je l'aimais et que c'était grâce à elle que j'étais la.

Mon petit cadeau se faisait attendre et je constatais de l'impatience dans l'attitude de Marie. Je mis donc fin à son attente et je ne pouvais croire ce que contenait ce paquet. Je reconnus immédiatement des clés identiques à celle de mon ancienne Volkswagen mais en bien meilleur état.

Marie se leva et tendit sa main vers moi disant:

- «Viens allons la voir»

Quand j'ouvris la porte du garage, je vis une superbe golf de 1984 ou 1985 dans son jus d'un magnifique bleu attaqué par le temps. Je m'approcha et jeta un coup d'œil par la porte avec la vitre ouverte.

- «La vitre ne monte plus chéri, faudra t'en occuper»

Je souris et aperçut immédiatement la boite de vitesse à 4 rapports, l'absence de vitres électriques, pas de compte tour, je savais exactement de quel modèle il s'agissait et quel moteur équipait ce petit bijou. C'était un modèle équivalent au mien.

J'enlaca tendrement ma Marie et je ne pus contenir encore une fois mon émotion.

Elle me glissa dans l'oreille:

- «Je savais que tu reviendrais. Cette voiture a besoin d'une deuxième vie, d'amour et de soin comme toi mon ange»

Marie était une femme unique et je réalisais encore une fois, parmi tant d'autres, la chance que j'avais d'avoir trouver enfin une perle rare.

Nous décidions d'aller nous coucher.

Marie aux petits soins, avait décidé de me laisser le lit rien que pour moi. Elle avait peur de me bousculer involontairement en dormant.

Le sommeil fut très difficile à trouver, en effet l'après-midi fut riche en émotions.

Mais je pensais aussi à l'inspecteur Gonzalez. J'avais le devoir de lui parler de ma vision de la scène d'horreur du petit Victor. De cet individu en train de l'étrangler. J'en avais mal au ventre.

Et s' ils ne l'ont toujours pas arrêté? Faut bien que j'en parle? Cette crapule ne peut pas s"en sortir comme ça? et s'il recommençait?

Autant de questions qui me tambourinaient dans la tête et qui se répétaient en boucle.

Je pris la décision d'appeler dès le lendemain l'inspecteur pour parler avec lui de tout ça, je verrais bien sa réaction, après tout je n'avais rien à me reprocher.

Mes paupières étaient lourdes. Je veillais à ne pas me tourner sur mon flanc gauche avec ma clavicule fracturée.

Le réveil affichait 3h31 quand je me réveilla en sueur. J'avais terriblement chaud. Je bus une gorgée d'eau. Dans le silence de la nuit, j'entendis la petite voix d'Adélaïde.

Je n'arrivais pas à comprendre le sens des mots. Elle devait sûrement rêver. Elle paraissait vraiment parler à quelqu'un, je l'entendais utiliser différentes intonations.

Puis au bout de quelques minutes, j'allais me lever avec difficulté quand le silence complet revint. Je tendis l'oreille encore quelques minutes, plus rien.

- «Bon dodo mon ange, papa est la, il veille sur toi» et je fis comme ma fille, je me rendormis en me parlant à moi même.

RosarioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant