Chapitre 3

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C'est dingue comme la vie est pleine de surprises. Des bonnes et des mauvaises bien sûr.

L'inspecteur Gonzalez de la police judiciaire, spécialisé dans la disparition et l'enlèvement d'enfants, ne dira certainement pas le contraire.

Assis à son bureau, le regard vide, il se grattait la tête comme un enfant qui a commis une bêtise et qui réfléchit à la manière de le formuler à ses parents.

Un nombre incroyable de photos d'enfants étaient accrochées sur un énorme tableau dont on ne voyait plus la couleur ni le fond.

L'inspecteur était un homme d'une cinquantaine d'années, les cheveux grisonnants, de petite taille avec à priori un unique costume en velours marron qu'il affectionnait particulièrement.

Cela faisait maintenant plusieurs jours et même plusieurs mois que sa vie ne lui appartenait plus.

La disparition de son petit fils Rosario, âgé alors seulement de quatre ans, avait bouleversé le pays. Une disparition inexpliquée, injustifiée, aucuns indices, aucunes pistes. Juste une incompréhension, un sentiment d'impuissance et de colère rongeait cet homme peu à peu.

- «Gonzalez, le chef veut te voir» lui cria son collègue Debrac, en entrant comme d'habitude sans frapper. L'inspecteur le trouvait grossier et ne l'estimait pas beaucoup. Il attendait, avec une grande impatience, le jour où il l'attraperait dans un coin de son bureau, hors des regards indiscrets, pour lui dire ce qu'il pense de lui. "Le respect, ça se mérite mon pote"

- «oui j'arrive et ferme la porte bordel»

D'un pas nonchalant il se dirigea vers le bureau du chef qui était le seul à posséder des vitres opaques et à être équipé de la climatisation.

Frappant timidement à la porte, il s'annonça:

- «Gonzalez, chef»

- «Entrez gonzalez»

Un répugnante odeur de cigare obstrua sur le champ ses narines. Il dut fournir un effort conséquent afin de dissimuler une toux soudaine et gênante.

Le chef âgé d'une soixantaine d'années était assis à son bureau, les jambes allongées et les pieds posés sur l'angle du bureau. Les deux derniers boutons du bas de sa chemise semblaient sur le point d'exploser. Ils ne parvenaient plus à contenir un énorme ventre poilu.

Malgré la climatisation active, il semblait avoir terriblement chaud.

- «Gonzalez, un certain Pereira José a téléphoné. Il a aperçu un homme au parc de Montfleur errer près des enfants et observer avec insistance le comportement de plusieurs gamins. Il a même rajouté que quand une maman avec son gamin ont quitté le parc il les a suivi discrètement. Je voudrais que vous alliez à son domicile pour éclaircir ces propos et avoir plus de détails»

Gonzalez avait, tout au long de sa carrière, fait coffrer plusieurs pédophiles, trafiquants d'enfants et autres lâches maltraitants leur petite progéniture. Il les aurait, volontiers, envoyé aux portes de l'enfer, leur explosant la cervelle d'une balle à bout portant. C'était, selon lui, l'unique traitement efficace et méritant.

- «Oui chef je vais l'appeler et passer le voir dans la journée s'il est disponible»

- «Tenez voici son adresse et ses coordonnées, vous pouvez disposer, se sera tout»

Il saisit le petit morceau de papier froissé. Il ne parvenait pas à déchiffrer les quelques numéros griffonnés.

«Même ma fille de 4 ans aurait mieux écrit, gros naze» se dit-il.

En rentrant chez lui, après une journée éprouvante, il décrocha son combiné téléphonique et composa le numéro, malgré l'heure tardive, sans le moindre scrupule.

RosarioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant