Chapitre 25

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Steeve ne s'appelait plus Steeve Smith. Il avait un ami de longue date en Angleterre. Ils étaient devenus très complices.

Ce dernier était un grand spécialiste de diverses manipulations informatiques. Quand Steeve appelait ses parents depuis son téléphone fixe, son appel transitait par la ligne téléphonique anglaise de son ami et un numéro anglais s'affichait identifiant l'appel. Ainsi, il n'y avait aucun doute possible sur l'origine étranger de l'appel.

Il n'acceptait pas la séparation avec Eva. Il devenait de plus en plus incontrôlable et cherchait par tous les moyens possibles à se venger de cette séparation. Une décision de justice confia la garde de Rosario à sa mère avec uniquement un droit de visite pour Steeve. Il pouvait également le garder un week-end par mois. Tout cela le rendait furieux.

Il usurpa l'identité suite à de nombreuses recherches sur internet d'un certain Mickaël Fardoni. Il collecta un nombre impressionnant de renseignements personnels sur la victime : téléphone, date de naissance, adresse, numéro de sécurité sociale, numéro de carte de crédit, différents mots de passe et autres informations permettant d'identifier la personne. Il se rapprocha de la mafia serbe pour constituer et falsifier ainsi de faux documents incroyablement onéreux.

Il utilisa ensuite ces informations pour ouvrir différents comptes bancaires. Il parvint, grâce à la contraction de crédits dans différents organismes financiers des sommes d'argent considérables nécessaires à payer ses faux documents. Il  élabora toute une logistique dans la préparation de son plan. Il avait donc trouver le moyen de se dissimuler pénalement et n'était plus responsable des actions qu'il commettait en ce nouveau nom.

Il complotait depuis un an maintenant l'enlèvement de son fils Rosario. Il voulait que son ex-épouse souffre autant que lui de la séparation. Il voulait qu'elle ressente la douleur d'être séparer et éloigner de son fils.

Il analysait tous les faits et gestes de son ex-épouse et de ses proches. Il savait exactement où se trouvait Rosario en fonction du jour et de l'heure.

Il connaissait parfaitement les jours où Eva déposait le petit et venait le récupérer, et les jours ou son ex beau-père s'en occupait.

Venait-il chercher Rosario en voiture? Rentrait-il directement après l'école? Combien de temps en moyenne passait-il au parc? Quels étaient les itinéraires pour rentrer? Il connaissait toutes les sorties du week-end...

Il avait réponses à toutes ces questions.

Steeve avait réussi à brouiller les pistes de manière à ce qu'il soit inenvisageable qu'il puisse être un suspect dans la disparition de Rosario. Un alibi en béton. Ses parents avaient reçu un grand nombre de photos du nouvel enfant de Steeve qui bien sur n'existait pas. Ils n'étaient pas encore disposés à lui rendre visite, ce qui dans son plan l'arrangeait considérablement. Ils n'acceptaient pas le comportement de leur fils: les quitter du jour au lendemain et reconstruire immédiatement une nouvelle vie. La vision de leur fils se remariant et redevenant de nouveau père si rapidement les horripilaient au plus haut point.

Dans son rôle de manipulateur, Steeve insistait sur le fait qu'ils avaient à cœur, lui et sa nouvelle femme, de leur présenter leur nouveau petit enfant qu'ils prénommèrent Ryan.

Donc tout était parfaitement bien ficelé et solide.

Sadique, Steeve planifia l'enlèvement de Rosario le jour de l'anniversaire d'Eva. Le lundi, son grand-père le récupérait à l'école.

Il savait que Gonzalez stationnait systématiquement devant l'école sur un emplacement interdit. Grâce à une diversion, il extirperait Rosario directement du véhicule en lui appliquant un chiffon trempé d'éther au visage pour qu'il ne puisse pas hurler.

La diversion en question longuement préparée avec son complice en Angleterre était la suivante:  il avait enregistré grâce à un logiciel informatique de composition audio-phonique différentes phrases préparées à l'avance. Son objectif était de simuler une discussion téléphonique avec son ex beau-père au moment de l'enlèvement, ce qui le permettrait d'être immédiatement blanchi et de ne pas figuré dans la liste des suspects.

Il avaient enregistré plus de 200 phrases répertoriées en diverses catégories ou thèmes. Les réponses négatives, les réponses positives, des invitations pour l'Angleterre, des questions sur Eva, des questions sur l'inspecteur Gonzalez...

Son complice à distance depuis l'Angleterre construirait et alimenterait la discussion cliquant sur telles ou telles phrases pré-enregistrées.

Ils avaient ensuite relié le logiciel en question à une application internet qui permet d'appeler partout dans le monde. Après quelques manipulations informatiques le numéro qui s'afficherait au moment de l'appel sur le téléphone de l'inspecteur serait le même faux numéro anglais qu'utilise Steeve lorsqu'il appelle ses parents.

Ainsi, le jour venu tout était prêt et finement rodé. Steeve était méconnaissable, il s'était laissé pousser une longue barbe épaisse et s'était entièrement fait tondre les cheveux. Il portait une paire de lunettes factice pour dissimuler encore plus ses traits de visage. Un parfait inconnu.

Il se tenait à proximité de l'angle de rue à une trentaine de mètres de l'entrée de l'école ou l'inspecteur avait stationné son véhicule. Comme d'habitude, une foule de parents entouraient le véhicule provoquant une cohue grandissante à l'ouverture des portes de l'école. Il savait que l'enlèvement en serait facilité et passerait complètement inaperçu.

Il avait un parfait angle de vision sur le véhicule tout en restant positionner discrètement. Il vit apparaître son ex beau-père qu'il appelait par son prénom Marco. Gonzalez Marco. Il glissa Rosario comme d'habitude à l'arrière du véhicule dans son siège adapté. 

Il donna le signal à son complice en Angleterre et le téléphone de l'inspecteur sonna. Il se dirigea alors vers le véhicule, le plan fonctionnant parfaitement.

- «Bonjour Marco c'est Steeve, comment allez vous? Je ne vous dérange pas?»

- «Qu'est ce que tu veux? Comment oses-tu m'appeler?»

- «Je voulais prendre un peu de vos nouvelles ne vous énervez pas. Vous devez trouver mon appel déplacé mais ça partait vraiment d'un bon sentiment. Je voulais que vous souhaitiez de ma part un joyeux anniversaire à Eva. Vous savez je l'ai tellement aimé toutes ces années et mon Rosario que je n'ai pas vu depuis un an. Quand j'y pense j'ai le sentiment d'avoir perdu le contrôle de ma vie»

- «Fallait penser à tout ça avant mon gars, le mal est fait, tu t'es barré. Démerde toi avec tes remords. Je lui transmettrais ton message, mais toi comme moi connaissons déjà sa réaction. Faut que je te laisse maintenant»

- «Oui et je la comprends. Je suis heureux avec ma nouvelle vie. Je vais de nouveau être papa et je garderais toujours dans un coin de mon cœur mon ancienne famille»

- «Taches de te conduire comme un homme responsable et soit heureux. Adieu...»

Toutes ces phrases programmées avaient été judicieusement choisies par le complice de Steeve et tout se passa comme prévu.

Steeve, avec un sourire pervers, écouta toute la discussion depuis son oreillette. Une fois la discussion terminée, il pensa:

- «Oh non mon vieux, ce n'est pas un adieu, tu vas te bouffer les couilles, c'est moi qui te le dit»

Le sort de Rosario était maintenant entre les mains de son père qui était devenu sadique, imprévisible et psychotique.

RosarioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant