Le 24 décembre remplit le cœur des enfants d'une joie infinie associée à une impatience difficile contrôlable.
Sauf pour Adélaïde cette année.
Elle pensait au réveillon de ce soir chez papi et mamie comme tous les ans mais sans son papa cette année.
José avait l'habitude de se déguiser en père Noël et il sortait discrètement pour sonner à la porte. Il entrait alors chargé de cadeaux, sous un accueil fanatique.
Pendant quelques minutes, de la pure folie. Les neveux et les nièces cherchant les cadeaux avec leur prénom et toujours cet effet de surprise en les ouvrant comme s'ils ne s'y attendaient pas. Les plus grands jouant le jeu et vantant les bravoures d'un père Noël certainement plus fatigué que les enfants.
Cette année, le père Noël ne viendra pas sonner à la porte.
Ce réveillon fut effectivement vraiment spécial. L'ambiance était chaleureuse mais sans plus. Les mines étaient graves et les sourires quelque peu forcés. Une fatigue générale semblait s'être emparée des invités tel un virus contagieux. Le seul remède était inaccessible, il était allongé mourant sur un lit d'hôpital.
Marie s'approcha d'Adélaïde et lui demanda pourquoi elle était si triste (quelle question) et pourquoi elle n'ouvrait pas ses cadeaux?
- «Papa ne peut pas ouvrir les siens alors je n'ouvre pas les miens»
- «Oh ma puce c'est très gentil de ta part, mais papa voudrait que tu sois heureuse et que tu ouvres tes cadeaux»
- «Quand il rentrera à la maison, nous les ouvrirons ensemble, je me mettrai sur ses genoux»
- «D'accord mon cœur, tu sais ce qu'on va faire? Nous allons écrire un petit texte pour papa. Demain quand nous irons le voir nous lui lirons pour célébrer Noël avec lui»
Le visage d'Adélaïde s'illumina. Ce fut son premier et unique sourire de toute la soirée.
A leur retour, malgré l'heure tardive et la fatigue prononcée, elles commencèrent à réfléchir au petit mot pour papa. Puis elles s'endormirent toutes les deux serrées l'une contre l'autre le cœur rempli d'amour et d'espoir.
La journée du 25 décembre était pluvieuse mais douce pour la saison. Marie et Adélaïde prirent la direction de l'hôpital. Elles étaient toutes deux impatientes comme tous les jours de voir José, d'autant plus aujourd'hui avec un petit mot d'amour.
Adélaïde se précipita vers le lit. Elle glissa le même gros bisou baveux à son papa.
- «Tu sais papa, j'attends que tu guérisses après on va ouvrir tous les deux nos cadeaux, alors t'as intérêt de te dépêcher»
J'eus un sourire rempli de joie, de fierté et d'amour qui resta invisible.
- «Maman et moi t'avons préparer un petit texte pour Noël. je vais te le lire, ne te moque pas de moi»
Je t'écoute mon amour.
- «Mon papa tu n'es pas là mais je sais que tu penses à moi.
Si tu reviens vite à la maison, je te promets d'être la plus gentille petite fille du monde. Tu n'auras pas besoin de t'énerver après moi et je te laisserai te reposer.
Après quand tu auras beaucoup de force, on pourra jouer tous les deux et je pourrais t'embêter comme avant.
A l'école, mes copines et mes copains parlent tous de leur papa et de leur maman, moi ça me rend triste quand je parle de toi.
Hier Noël sans toi, c'était trop nul et j'avais même mal au ventre parce que tu n'étais pas là. Je t'attends ce soir dans mon lit pour mon histoire et mon bisou. Mon papa que j'aime»
Je ressentais de la frustration et de la colère. J'aurai tout donné pour pouvoir lui dire à quel point je l'aimais.
J'essayais de toutes mes forces de me glisser dans ce corps inerte mais toujours cette force invisible qui me retenait. Je réessayais autant que possible avec une rage profonde que je n'avais que très rarement ressenti dans ma vie. Rien à faire, je ne pouvais pas reprendre le contrôle de mon corps.
C'est alors que j'entendis Marie crier et partir en courant hors de la chambre.
Une larme coula le long de mon visage après que ma princesse m'ait récité son petit texte.
Le médecin de garde aux airs terriblement fatigués et alcoolisés m'examina. Sa réaction fut dure à encaisser pour Marie.
- «C'est son corps qui s'exprime madame Pereira, il peut avoir des convulsions, des spasmes, des rictus et même des larmes, je suis désolé»
Puis il se retira sans rajouter le moindre mot.
- "C'est pas grave maman, je sais qu'il m'a entendu et qu'il va bientôt revenir" dit Adélaïde.
Et comme par magie la porte de la chambre se ferma toute seule laissant une petite famille déchirée dans une pièce ou régnait la colère, le désespoir et l'amour.
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Rosario
Mystery / ThrillerUn honnête père de famille est victime d'un étrange accident de la circulation. Il est plongé dans le coma et fait alors une mystérieuse rencontre surnaturelle. A son réveil, il constate à plusieurs reprises, qu'il est doté d'un pouvoir terrifiant. ...