Chapitre 16

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Nous étions le 9 janvier, cela faisait maintenant 35 jours que j'étais plongé dans le coma.

Il devait être tôt le matin, la lumière du jour ne pénétrait pas encore dans la chambre.

Le petit garçon était la immobile dans un coin de la chambre. Il me fixait et dans l'obscurité de la chambre, je ne voyais que ses yeux, deux billes blanches.

Il s'avança vers moi.

Il me prit la main et d'un coup, je me retrouva comme téléporter au bord d'un précipice. Pas de vertige, pas d'appréhension, juste une sensation de légèreté et d'immensité. A cet instant, le monde semblait m'appartenir. J'étais prêt à prendre mon envol.

Le petit garçon se tenait la près de moi et regardait loin devant lui. Il n'avait plus cet air fatigué, pas de yeux rougis ni de teint blanchâtre.

Il semblait avoir retrouvé une sérénité, une tranquillité recherchée depuis si longtemps.

Il tourna la tête vers moi. Je compris immédiatement, par son regard, son intention.

Il finit par regarder en bas du précipice. Il m'attrapa la main et sans hésiter, d'un commun accord rester silencieux, nous nous sommes lancés dans le vide vers une lumière qui semblait tellement lointaine.

Avant même la fin de la chute, je me retrouva dans la chambre, tout près de mon corps amaigri. Le petit garçon était près de moi me tenant toujours la main.

Il me pointa le lit de son index droit. J'ai supposé sur le moment qu'il voulait que je rejoigne ce corps allongé qui semblait ne plus m'appartenir.

Mais cette force toujours si puissante contrecarrait notre plan. Il y avait comme une barrière invisible entre mon corps et mon esprit.

Dans un effort insurmontable, je parvins à me glisser à moitié dans le lit. Un bref instant, je semblais reprendre le contrôle de mes jambes raidies. La force me tirait si fort que je ressentis des craquements atrocement douloureux, si bien que je me demanda si tout cela était bien réel. Mon corps semblait se disloquer.

Le petit garçon voulut s'interposer entre mon bras et cette force. Je le voyais tirer d'un coté sur ma main et de l'autre il paraissait avoir pris la main d'une puissance invisible.

La dernière chose que je vis est ce petit garçon réunissant le plus d'énergie possible avec ses petits bras pour me libérer.

La dernière chose que j'entendis est ce même petit garçon reprenant son souffle, épuisé par un effort inhumain.

Depuis maintenant plusieurs semaines et un nombre incalculable de tentatives, je réussis enfin avec l'assistance de ce petit garçon à rejoindre mon corps sans vie. 

Une douloureuse respiration envahit alors ma poitrine.

J'ouvris les yeux.

RosarioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant