Chapitre 9

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Marie était anxieuse, José n'était toujours pas rentré du parc. Elle fixait l'horloge, les minutes devenaient interminables.

José appelait sa Marie pour savoir si tout allait bien et pour lui dire à quel point il l'aimait deux fois par jour. Il aimait dire, sur le ton de la plaisanterie, qu'il vaquait à son devoir conjugal.

Marie ressentait des douleurs à l'estomac. Sans doute était-elle contrariée. Elle avait un mauvais pressentiment. Quand le téléphone sonna, elle sursauta, envahie de désespoir.

- «Madame Pereira. Bonjour inspecteur Gonzalez de la judiciaire. Votre mari est-il présent? J'aurai besoin de lui parler et il est injoignable sur son portable?»

- «Je suis désolée, il n'est pas encore rentré. Je suppose que vous l'appelez pour sa visite au parc? Mon mari m'en a longuement parlé»

- «Oui absolument, il m'a dit qu'il irait au parc aujourd'hui pour essayer de revoir la personne en question et je n'ai pas eu de ses nouvelles»

- «Je vais réessayer de le joindre sur son portable et je lui dirais que vous avez appelé»

- «Je vous remercie madame Pereira très bonne soirée au revoir»

- «De même inspecteur»

L'inquiétude de Marie était grandissante. Elle aussi ne parvenait pas à joindre son mari sur son téléphone.

Elle était sur le point de faire couler le bain à Adélaïde plongée dans son dessin animé préféré, lorsque enfin l'appel tant attendu arriva.

Le téléphone portable affichait le doux surnom de José (coracao, littéralement cœur en portugais) sur l'écran. Elle se sentit immédiatement soulagée, libérée de son nœud à l'estomac, comme par magie.

- «Je m'inquiétais chéri. Tu es où?»

- «Madame Pereira?»

Une voix inconnue lui parla au téléphone. Cette voix eut le même effet qu'un violent coup porté au ventre et qui vous coupe net la respiration. Tout allait très vite dans sa tête.

Son mauvais pressentiment se confirma à l'écoute de cette voix inconnue.

- «Oui c'est bien moi»

- «Bonjour Madame, je suis le Professeur Hoffmann des urgences médicales. Je suis auprès de votre mari. Il a eu un grave accident de voiture. Pourriez-vous venir le plus rapidement possible à l'hôpital Pasteur?»

Elle voulait répondre au docteur mais n'y arrivait pas. Les deux mots «grave accident» résonnaient dans sa tête.

- «Madame Pereira?»

Du fond de son estomac endolori et meurtri, elle réussit à faire comprendre au médecin qu'elle partait immédiatement.

Marie était assise sur son canapé. Elle lâcha son téléphone portable sans le vouloir. Il s'écrasa au sol s'éparpillant en plusieurs morceaux.

Elle se sentit d'un coup seule au monde au milieu de cette pièce. Elle n'entendait même plus la télévision, elle regardait tout autour d'elle et semblait ne plus reconnaître sa maison. Tout paraissait inerte, sans vie, le temps s'était arrêté. Elle aurait tout donné pour pouvoir voyager dans le temps, rien qu'une fois. Elle serait immédiatement revenu dans le passé et aurait empêcher son José de se rendre à ce maudit parc.

Au bout de quelques secondes d'absence, elle ramassa son portable. Elle remonta les différentes pièces dispersées et composa le numéro de téléphone de sa belle-mère, qu'elle affectionnait particulièrement. La gentillesse par définition disait Marie.

- «Madame Pereira c'est Marie»

De nouveau impossible de dire un mot de plus. Tout comme José et par respect, Marie vouvoyait sa belle mère et l'appelait par son nom de famille.

- «Oui ma chérie, tu vas bien? Que se passe t il? Pourquoi cette voix?»

- «C'est José...Il a eu un grave accident de voiture il est à l'hôpital» dit-elle, sanglotant.

Comme Marie, Madame Pereira eu la gorge nouée et un silence s'installa.

- «Je peux passer vous prendre, nous irions à l'hôpital ensemble. Je ne sais pas si je vais pouvoir beaucoup m'occuper d'Adélaïde. Si vous étiez avec moi je serai rassurée»

«Bien sur Marie, je me prépare tout de suite, tu veux qu'on passe te prendre plutôt avec pai?"»

(pai est la traduction littéraire de papa en portugais, Madame Pereira appelait affectueusement son mari de cette manière là)

- «Oh oui s'il vous plaît, je ne sais même pas si je suis en état de conduire»

- «Nous partons, à tout de suite»

Elle salua poliment sa belle-mère et le compte à rebours commença. Une attente interminable. Impossible de mettre de l'ordre dans toutes ces questions qui bousculaient son esprit.

- «Adélaïde, on va voir papa, mets tes chaussures»

- «Ouiiiiiii" dit-elle en sautant du canapé.

Marie se répétait une phrase en boucle dans sa tête instinctivement, comme pour se rassurer.

- «Ne nous abandonnes pas chéri, tiens bon, nous arrivons »

RosarioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant