Chapitre 8

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Depuis la disparition de son petit fils Rosario, l'inspecteur était en froid avec sa fille Eva. Elle lui reprochait d'avoir une part de responsabilité dans cette tragédie.

En effet, il était chargé, ce jour-là, de récupérer son petit fils à la maternelle.

- «Papi» s'écria Rosario en voyant la voiture noire de l'inspecteur stationnée juste devant l'école. Privilège, bien sur, que les autres papas et mamans ne bénéficiaient pas.

- «Bonjour mon biquet ça a été aujourd'hui à l'école? T'as été sage?»

- «Oui Papi et j'ai préparé avec Émilie (la maîtresse) une surprise pour l'anniversaire de maman»

Bien calé dans son siège paraissant énorme pour ce petit bonhomme, ceinture bouclée, l'inspecteur était sur le point de lui demander ce qu'il avait confectionné pour cette grande occasion lorsque le téléphone sonna.

- «Attends moi une seconde chéri, papi répond au téléphone et on y va, je fais vite»

Puis il claqua la porte avec une belle grimace à son petit fils qui lui valut un énorme sourire du petit Rosario. Il tourna le dos à la voiture, tout en avançant progressivement, il s'éloigna de quelques mètres. Il vit s'afficher sur son téléphone un numéro qu'il ne connaissait absolument pas.

- «Bonjour Marco c'est Steeve, comment allez vous? Je ne vous dérange pas?»

- «Qu'est ce que tu veux? Comment oses-tu m'appeler?»

L'inspecteur n'appréciait guère son ex-gendre. Le ton de sa voix était ferme et agacé. Comme d'habitude son coup de téléphone tombait toujours au mauvais moment.

- «Je voulais prendre un peu de vos nouvelles ne vous énervez pas. Vous devez trouver mon appel déplacé mais ça partait vraiment d'une bonne intention.

L'inspecteur ne répondit pas. Steeve, après quelques secondes silencieuses, continua alors:

«Je voulais que vous souhaitiez un joyeux anniversaire à Eva pour moi. Vous savez je l'ai tellement aimé toutes ces années et mon Rosario que je n'ai pas vu depuis un an. Quand j'y pense, j'ai le sentiment d'avoir perdu le contrôle de ma vie»

L'inspecteur restait septique. Il répondit:

- «Fallait penser à tout ça avant mon gars, le mal est fait, tu t'es barré. Démerde toi avec tes remords. Je lui transmettrais ton message, mais toi comme moi connaissons déjà sa réaction. Faut que je te laisse maintenant»

- «Oui et je la comprends. Je suis heureux avec ma nouvelle vie. Je vais de nouveau être papa et je garderais toujours dans un coin de mon cœur mon ancienne famille»

- «Taches de te conduire comme un homme responsable et soit heureux. Adieu...»

- Quel connard pensa l'inspecteur en raccrochant bien qu'il apprécia tout de même ce geste.

Le téléphone afficha une durée de communication de 56 secondes. Il fut profondément rassuré de n'avoir laissé seul son petit-fils qu'un bref instant.

Mais, la suite allait changer sa vie. Il aurait préféré prendre un coup de poignard ou même une balle dans la tête plutôt que de constater ce qu'il avait sous les yeux.

- Pourquoi n'ai-je pas verrouillé les portes du véhicule?

- Comment cette porte pouvait-elle être ouverte?

- Qui l'a ouverte?

- Comment ce siège auto peut-il être vide?

56 secondes passées au téléphone, aucun cri, aucun bruit.

- Pourquoi avoir répondu au téléphone à un numéro qu'il ne connaissait pas en plus?

Des questions qui le hanteront pour l'éternité.

Persuadé que la sécurité enfants était active, une panique commença à envahir l'inspecteur.

- «ROSARIOOOOO» hurla l'inspecteur.

- «Aidez moi s'il vous plaît.

- «Rosario où es-tu? Viens on rentre, réponds moi je t'en supplie»

Il se mit a courir dans toutes les directions comme si son corps ne lui appartenait plus, incontrôlable, effrayé. Il regarda partout, dans les voitures voisines, demanda à tous les passants s'ils avaient vu son petit fils.

- Mais qui a ouvert cette putain de porte?

- «Rosariooo» cria t-il de nouveau.

Il décida de revenir dans l'école. Peut-être que son petit garçon aurait eu envie de se cacher ou de rejoindre un de ses camarades. Mais rien.

Son cerveau lui envoyait des images et autres flashs terrifiants pouvant anéantir un homme sur le champ.

Il ressortit, il n'arrivait plus à reprendre son souffle. Entre 5 et 10 minutes s'étaient écoulées et déjà une voiture de police sirène hurlante approchait. Quelqu'un avait du donner l'alerte.

Le temps défilant, des coups de téléphone d'urgence passés, un maximum d'hommes mobilisés, tout un périmètre et quartier sécurisé.

Rosario avait disparu.

- «Seigneur, qu'ai-je fait pour mériter çà? Pourquoi moi?»

Se furent les derniers mots hurlés par l'inspecteur Gonzalez avant de s'évanouir.

Il aurait préféré mourir.

RosarioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant