Chapitre 17

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- «Madame Pereira, bonjour docteur Pedretti à l'appareil. Pourriez vous venir à l'hôpital le plus rapidement possible?»

- «Que se passe t'il docteur?»

- «Je ne peux rien affirmer pour l'instant et c'est délicat par téléphone, venez s'il vous plaît»

Marie sentit son cœur s'emballer. Du bout des lèvres, elle réussit à glisser:

- «J'arrive immédiatement docteur»

Puis elle raccrocha. Elle fondit en larmes ressassant inlassablement:

«Je l'ai perdu»

Le sol semblait se dérober sous ses pieds et elle se tint au mur pour ne pas tomber. Tout semblait se balancer dans la pièce.

Marie profita du trajet jusqu'à l'hôpital pour prévenir ses beaux parents.

Arrivée à l'hôpital, elle dut reprendre son souffle quelques secondes malgré une impatience grandissante. Elle se dirigea directement vers la chambre de José. Il y avait trois infirmières près de lui ainsi que le docteur Pedretti.

«C'est sûr, je l'ai perdu»

En pénétrant dans la chambre, son regard fut capté instantanément par la main de José.

Il lui semblait avoir aperçu un mouvement.

«Est-ce mon esprit qui me joue des tours?»

Le médecin se tourna vers marie:

- «Madame Pereira, il y a une heure environ, le cerveau de votre mari a donné des signes minimes d'activité. Nous sommes en train de l'examiner afin de vérifier la fiabilité de ces signes en question»

Les larmes de Marie montèrent d'un coup sans pouvoir les contrôler.

Elle ressentit un puissant élan d'espoir reconquérir son cœur. Elle eut le pressentiment qu'un des plus beaux moments de sa vie se dessinait devant elle.

- «Merci docteur, j'étais tellement désespérée. Je suis terriblement émue»

- «Il faut être prudent madame Pereira, cela fait longtemps maintenant que votre mari est dans le coma. Il peut rechuter à tout moment, je préfère être franc avec vous. Néanmoins, nous restons confiant pour la suite»

Une heure passa et tout le personnel médical semblait ne pas relâcher une seule seconde leurs gestes et soins portés à José. Les beaux parents de Marie l'avaient rejoint.

Le docteur finit par quitter la chambre posant délicatement sa main sur l'épaule de Marie. Il ne prononça aucun mot, son regard était pétillant. Marie lui répondit par un discret rictus.

Une infirmière fit un signe de la main à Marie pour qu'elle s'approche du lit. Elle lui dit dans le creux de l'oreille une phrase qui restera gravée à tout jamais dans sa mémoire:

- «Approchez madame Pereira et observez la grâce de dieu»

Son José avait les yeux entrouverts. La puissante lumière blanche de la chambre l'éblouissait.

Le cœur de Marie battait tellement vite qu'elle pensa sur le moment qu'il allait éclater. Elle posa la main sur le front de José et l'embrassa tendrement sur la joue. Elle voyait dans ses yeux des interrogations sans réponses.

- «Je savais que tu reviendrais chéri. J'ai prié jour et nuit, dieu soit loué. J'ai eu tellement peur de te perdre. Je t'aime plus que tout»

Elle serra l'infirmière si fort dans ses bras que cette dernière lui fit remarquer sur le ton de la plaisanterie qu'elle n'arrivait plus à respirer. Elle étreignit ensuite ses beaux parents comme elle ne l'avait jamais fait. Ses beaux parents à leur tour embrassèrent leur garçon chéri qui était revenu du ciel.

Un vrai miracle grâce à la foi et à mes prières en conclut la maman de José intérieurement. Merci seigneur.

De nouveau Marie se retourna vers son José pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas et qu'il avait toujours ses petits yeux fatigués ouverts.

Elle remarqua aussitôt les mouvements circulaires de ses yeux comme recherchant quelqu'un dans la pièce. Il n'avait pas suffisamment de force pour tourner la tête ni même parler.

Marie comprit ce qu'il cherchait. Elle se rapprocha de sa joue lui disant:

- «Je vais aller récupérer notre petit ange à l'école, tu dois tellement avoir envie de la voir. Elle ne va pas te lâcher, je te préviens»

Il regardait sa Marie avec de petits yeux brillants et une petite larme se forma dans le coin de l'œil. Il n'avait pas besoin de lui parler, elle savait parfaitement ce qu'il ressentait. Elle entendait son cœur s'exprimer.

Dans l'excitation, Marie prit son portable et commença à appeler ses proches les uns après les autres. Il y eut des larmes contagieuses partagées à distance. Elle essayait au maximum d'écourter les discussions.

Craignant que son José s'impatiente, elle enfila sa veste pour aller chercher Adélaïde et la conduire auprès de son papa chéri.

Au moment de quitter la chambre, le docteur Pedretti interpella Marie.

- «Votre mari a repris une activité cérébrale plus qu'encourageante. Je tiens tout de même à vous signaler que vous risquez de le trouver terriblement changer. Il y a des risques qu'il ne parle pas immédiatement. Il pourrait ne pas reconnaître certains de vos proches. Sa convalescence va être longue et éprouvante , il aura énormément besoin de vous. N'hésitez pas à lui parlez, à l'écouter, à répondre à ses questions même les plus étranges à vos yeux. Rappelez lui autant de souvenirs que possible, appuyez vous sur des photos et des vidéos»

- «D'accord docteur, je ferai de mon mieux pour être à la hauteur»

- «Je n'en doute pas un instant. Les séquelles peuvent être minimes, les prochains jours nous éclairciront. N'hésitez pas si vous avez des questions»

- «Merci pour tout docteur je ne pourrais jamais vous remercier assez»

Il eut un sourire plein d'humilité et se retira poliment.

RosarioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant