Chapitre 24

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Et voila, ma femme qui me considère comme un psychopathe hanté par d'improbables hallucinations. De la terre qui disparaît comme par magie.

Peut-être avais-je même pris le soin de nettoyer la chambre après tout. Je n'y crois pas un instant.

Je décidais de mettre de coté cette invraisemblance et je pensais à la manière d'introduire ma discussion avec l'inspecteur. Je tenais à tout prix à lui faire part de cet individu vu dans mon coma qui serra ses mains autour de la gorge de Victor.

Je composa son numéro de téléphone et sa messagerie vocale se lança directement. Une belle et sensuelle voix féminine me demanda de laisser un message. Je ressentis comme une excitation intérieure soudaine. En effet depuis plusieurs mois ma libido avait pratiquement disparue. Et d'un coup cette voix féminine étrangère réveilla en moi une sensation bien agréable de plaisir.

Je sortis alors de mon portefeuille sa carte de visite. Mon initiative de l'appeler directement à son bureau pourrait sembler un tant soit peu audacieuse et déplacée. Une voix masculine cette fois ci se fit entendre au bout du fil. En seulement quelques secondes je détestais déjà mon interlocuteur arrogant, impatient et très peu disponible pour moi.

- «Bon de quoi s'agit il? dépêchez vous je n'ai pas que cela à faire»

Enfin, il me bascula vers l'inspecteur Gonzalez.

- «Bonjour inspecteur c'est monsieur Pereira comment allez vous? Votre collègue est vraiment spécial?»

- «Bonjour monsieur Pereira bien et vous? C'est une espèce très rare de connard, d'ailleurs faut que je m'occupe de lui. Je dois lui régler son compte une bonne fois pour toute, juste une question de temps»

Une puissante vague d'humour m'envahit et je rigola haut et fort pendant quelques secondes. Je trouvai cet inspecteur vraiment sympathique et j'espérai qu'il devienne bientôt mon ami. Il ne semblait absolument pas contrarier par mon appel téléphonique et j'en étais soulager.

- «Je ne me rappelle plus avoir autant ri et de si bon cœur depuis fort longtemps. Inspecteur, j'aurai besoin de vous voir rapidement, je voudrais vous parler de l'accident mais pas par téléphone s'il vous plaît»

Je n'allais pas lui dire par téléphone que je comptais lui parler de Victor et de son agresseur, Je mis en avant le prétexte de l'accident fier de mon improvisation.

- «C'est une journée parfaitement calme, je passe vous voir d'ici une heure monsieur Pereira, cela vous convient -l?»

- «Parfait inspecteur je ne bouge pas merci d'avance»

Je raccrocha et continua de rire pensant à la remarque de l'inspecteur chiffrant à plusieurs années mon dernier fou rire.

Je décida ensuite de me faire couler un café et de lire quelques pages de Mr Mercedes avec ce tueur déjanté écrasant des personnes innocentes dans une puissante Mercedes volée. Quelle imagination, quel talent ce Stephen King.

La sonnette me tira de mon chapitre, frustré de ne pouvoir le terminer.

L'inspecteur se tenait sur le pas de la porte fidèle à son costume fétiche.

Je le fis entrer et je reprenais un café pour l'accompagner.

Je vais finir par être nerveux

Je commença:

- «Inspecteur, je voulais en vérité vous parler de Victor le petit miraculé de l'hôpital. J'ai eu durant mon coma une vision de la scène d'horreur qu'a vécu ce petit garçon"

- «Comment ça, poursuivez?»

Je voyais déjà du scepticisme dans les yeux de l'inspecteur.

- «Et bien, j'ai vu un homme trapu de petite taille et quasiment chauve portant des lunettes violenter Victor et voulant l'étrangler. D'ailleurs, je connaissais son prénom avant même que vous ne me le donniez à l'hôpital»

Il resta muet un instant. Certainement peu de personnes sont parvenues à surprendre cet inspecteur de police comme je venais de le faire. Surtout un inspecteur habitué à entendre tant de conneries.

- «L'homme que nous avons arrêté est un instituteur qui travaillait dans l'école de Victor.

Victor a été le témoin d'une agression sexuelle entre cet homme et un autre petit garçon de l'école. Il l'a enlevé afin de l'assassiner pour qu'il ne puisse pas le dénoncer ou témoigner. Votre description est stupéfiante de réalité et correspond exactement au présumé meurtrier. La scène s'est déroulé au domicile de l'individu»

L'inspecteur regardait plus que fixement José avec un air méfiant. De telles déclarations pour un inspecteur de police sont suspectes évidemment.

- «Vous devez trouver ça étrange inspecteur ou peut être même grotesque, mais je craignais que cette individu puisse se promener en toute tranquillité et s'en prendre à d'autres enfants. Je ne pouvais pas le garder rien que pour moi. Je suis soulagé d'entendre que vous l'avez neutralisé»

L'inspecteur tentait tant bien que mal d'avoir un raisonnement rationnel. Un tas de questions traversaient son esprit.

Comment cet homme victime d'un accident et tombé dans le coma pourrait avoir un lien avec la tentative d'homicide du petit Victor? A t il un alibi? Faut il prendre sa déposition?

Au fond de lui, l'inspecteur ressentait une profonde franchise et sincérité chez José et il avait le pressentiment que cet homme allait pouvoir l'aider d'une manière ou d'une autre.

- «Vous vous rendez compte de la gravité de vos propos? Je vais réfléchir à la suite à donner à notre discussion»

Je tenais tellement à le questionner sur la disparition de Rosario mais je me résigna pensant que je signais alors mon arrêt de mort.

Vous imaginez la scène.

Inspecteur votre fils était assis près de moi au moment de l'accident, nous nous sommes promenés ensemble dans les couloirs de l'hôpital, je l'ai vu la bouche remplie de terre...

Je devais patienter.

- «Désolé inspecteur pour cette discussion, je voulais simplement vous le signaler encore une fois espérant vous aider»

- «A bientôt monsieur Pereira, je pense que nous allons nous revoir très vite»

II se retira précipitamment.

Oui inspecteur nous allons nous revoir plus vite que vous ne le pensez

me souffla ma petite voix intérieure. 

RosarioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant