Chapitre 18

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Paroi abdominale, poitrine, jambes, bras, tête. Tout mon corps me faisait terriblement souffrir. Mes maux de tête étaient comparables à des coups de marteaux que quelqu'un m'affligeait lâchement pour me torturer. Ma vision était flou, je distinguais avec difficulté les voix et les visages des personnes qui m'entouraient.

Fini la sensation de bien-être et de légèreté. Mon corps semblait peser une tonne et il m'était insurmontable de pouvoir lever une jambe, un bras, une main ou même bouger un doigt...

Aucun mot ne sortait de ma bouche. Mes lèvres étaient comme paralysées.

«Quelle frustration de ne pas pouvoir raconter ni confier mon expérience récente de mort imminente»

Un élément me perturbait et commençait à me faire peur depuis que j'avais ouvert les yeux. Ma vision s'améliorait mais un voile blanc m'empêchait de voir correctement les choses et personnes autour de moi.

De plus, il y avait dans le coin gauche du plafond une ombre noire qui ne disparaissait pas. Impossible à identifier. Je décidais de l'ignorer pour le moment, elle finirait certainement par disparaître.

Je gardais très peu de souvenirs de mon accident hormis l'image du petit garçon. Son regard avant l'accident ne quittait pas ma mémoire. Un regard qui m'hypnotisait et qui m'appelait au secours. Puis le trou noir.

En revanche, je me rappelle très bien de mes escapades durant mon coma et des diverses émotions et sensations ressenties. Le petit garçon qui me sollicitait pour nos rondes dans les couloirs de l'hôpital pour visiter de malheureux enfants.

De petites lèvres fraîches et humides me ramenèrent à la réalité. J'apercevais une petite silhouette sur ma droite. Je reconnus immédiatement à son toucher et à son odeur que ma petite Adélaïde était près de moi. Je regroupa toutes mes forces intérieures pour tenter d'exercer une légère flexion de mes joues et de ma bouche.

- «Maman...Maman... Papa m'a fait un petit risou, regarde»

Effectivement, je lui ai donné, de toutes mes forces, un petit sourire.

Non je t'ai pas oublié mon ange, tu as toujours été la pour moi. Je suis revenu pour toi et pour maman.

J'aurai tout donné pour réussir à prononcer le fond de mes pensées.

A ce moment-là, Marie eut le cœur remplit de joie. Ce petit sourire valait toutes les merveilles du monde. Elle avait compris que son José ne les avait pas oublier et qu'il serait très bientôt rétabli et de nouveau auprès de ses princesses, comme il avait coutume de les appeler.

Les jours défilaient depuis mon réveil, je me rétablissais doucement mais sûrement. Je pouvais de nouveau bouger mes bras et mes jambes, difficilement bien sur. Je commençais aussi à pouvoir parler et mes premières paroles furent dédiées à mes deux amours.

J'ai pu serrer fort mes proches contre moi et je ressentais de nouveau ce sentiment de bien-être.

En revanche, j'avais au fond de moi un poids dont je devais me libérer.

J'avais un prénom en tête Victor. Le petit garçon de la chambre 359 s'appelle Victor. Comment le saurais-je? Je n'en savais absolument rien, juste une vision ou une histoire imaginée et montée de toute part durant mon coma.

J'appréhendais de solliciter l'aide de Marie pour vérifier l'exactitude de cette information, comment allait-elle réagir?

Vous imaginez votre mari qui se réveille d'un coma, incapable de bouger, qui demande à sa femme s'il existe bien une chambre 359 à l'hôpital occupé par un petit garçon se prénommant Victor?

Je n'avais qu'à demander au personnel médical. Sans aucun doute, me transféreraient-ils immédiatement au département psychiatrique en me traitant de sorcier et en hurlant que j'avais perdu la tête.

Je réfléchissais à un plan, à une stratégie. J'en conclus, pour me rassurer, que je vérifierai par moi même cette information. Je craignais trop les réactions de mes proches face à de telles déclarations de ma part.

Le médecin m'avait annoncé qu'il fallait débuter des séances de rééducation pour reconsolider tous mes muscles affaiblis et traiter mes fractures de la clavicule gauche et de la cheville droite. Immédiatement, je compris qu'une opportunité s'offrait à moi pour vérifier s'il y avait bien un petit Victor dans la chambre 359.

RosarioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant