Je ne comprenais vraiment pas ce qui se passait en moi. Je perdais le contrôle de mes émotions. Peut-être étais-je en train de devenir fou? Je pensais terminer dans un institut psychiatrique pour les névrosés comme moi.
Il y a des choses dans la vie que l'on n'oublie pas. Des peurs, des angoisses que l'on développe et que l'on entretient malgré le temps qui passe. C'est ainsi que tout au long de sa vie, un homme puis une personnalité se construisent et se forgent. Nos racines, nos valeurs et nos repères se développent. Nous tentons parfois de les atténuer, de les effacer mais enfouis au plus profond de chacun d'entre nous, tous ces éléments se ravivent et finissent inéluctablement par prendre le dessus. Comparable à un feu de cheminée qui se consume mais que l'on ravive pour qu'il puisse continuer de briller. Difficile de changer.
Étant gamin, les émissions sur le surnaturel et le paranormal me terrorisaient.
J'étais un froussard.
Parfois mes parents m'envoyait à la cave récupérer une ou deux bouteilles d'un excellent vin de Porto.
Chaque enfant doit se battre et lutter contre ses propres démons.
Je prenais systématiquement une profonde bouffée d'oxygène avant de descendre les escaliers menant aux étroits couloirs sombres et humides de la cave. En bas des escaliers au fond du premier couloir, une porte en bois blanche me terrifiait. Elle avait une petite découpe rectangulaire d'une trentaine de centimètres de large sur une vingtaine de haut centrée au sommet. Je ne comprenais pas l'utilité de cet orifice.
Mes parents m'expliqueront plus tard que derrière cette découpe se trouvait la clé permettant de la déverrouiller, puis d'accéder au compteur d'eau général et aux différents robinets d'arrêts. A chaque passage devant cette porte, je craignais qu'une main humaine ou autre, ne tente de m'attraper.
Je me rappelle même de certains cauchemars dans cette cave. Des apparitions surnaturels ou spectrales apparaissaient à chaque extrémité des différents couloirs pour se précipiter vers moi. Quelle angoisse.
Je redescends parfois encore dans cette cave à la recherche d'outils gentiment prêter par mon père et j'en souris nerveusement. Je ne suis pas encore serein malgré mes quarante ans.
Mes parents habitaient un ancien immeuble des années 30 composés essentiellement de petits appartements. Les toilettes se trouvaient à l'extérieur de l'appartement sur le palier.
A chaque tirage de l'ancien réservoir d'eau situé en hauteur, l'eau s'écoulait dans la cuvette dans un vacarme qui me terrorisait. Un bruit comparable au rugissement d'un monstre ou d'une bête affamée au point que je me dépêchais de porter mes mains aux oreilles pour atténuer ce bruit terrifiant.
De plus, j'espérais fortement que la lumière des escaliers soit allumée au moment ou je sortais des toilettes. Elle l'était rarement. Du coup évitant de regarder vers les escaliers de peur de voir une entité se jeter sur moi, je m'empressais de tendre mon bras pour actionner l'interrupteur éclairant les escaliers. J'étais alors rassurer de ne constater aucune présence paranormale.
Je me souviens également des vacances d'été dans cette immense maison que mes parents ont fait érigé en 1983. La maison des jours et des moments heureux passés en famille et d'une future retraite passée a jouir de cette belle demeure.
Cette maison me faisait peur, toujours ces portes qui claquent, ces escaliers qui grincent. Des bruits tout à fait normaux, mais qui bousculent l'imagination d'un petit garçon. Un jour, jouant à cache cache avec ma petite sœur, je me suis enfermé dans ma chambre. Elle se mit à taper fort dans la porte avec une voie étranglée. Je lui ouvre le plus rapidement possible. Elle se précipite alors dans la chambre me demandant de refermer immédiatement la porte. Elle me confie alors qu'elle avait entendu une personne monter l'escalier menant à la chambre mais elle fut terrifié constatant qu'il n'y avait personne dans l'escalier.
Avait-elle imaginé ces bruits ou s'agissait-il de toute autre chose? Nous sommes ressortis de la chambre et décidions de ne rien dire à nos parents. L'incident était clos.
Même les ronflements de mon père ou de ma mère m'effrayaient. J'imaginais alors qu'un monstre s'était caché dans ma chambre. Je tâchais alors de m'endormir le plus vite possible, la tête enfouie dans mon oreiller et enveloppée dans ma couette afin d'atténuer tous ces bruits parasites.
Je garderai toujours en mémoire un épisode tout à fait marquant. Nous rentrions d'une visite familiale, une parmi tant d'autres durant la période des vacances d'été. Mon père terminait de rentrer la voiture dans l'allée de la maison. Je descendis de la voiture et une peur soudaine m'envahit me picotant le haut du dos juste entre les omoplates. Un individu à cheval sur la clôture nous séparant du terrain voisin regardait dans ma direction avec un sourire sadique.
Il portait un chapeau traditionnel identique à celui de mon grand père. Subitement, il chevaucha la clôture et partit vers la maison voisine. A ce jour, mes parents parlent toujours d'une imagination infantile débordante, certainement la même qui met des monstres dans les placards ou des crocodiles sous les lits.
Ils avaient certainement raison.
VOUS LISEZ
Rosario
Mystery / ThrillerUn honnête père de famille est victime d'un étrange accident de la circulation. Il est plongé dans le coma et fait alors une mystérieuse rencontre surnaturelle. A son réveil, il constate à plusieurs reprises, qu'il est doté d'un pouvoir terrifiant. ...