Chapitre 23 : ECHAPPATOIRE

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 « Echappatoire »

~~~


Face au mur, il n'y avait aucune échappatoire. La seule porte qui se trouvait face à nous ne s'ouvrait pas. Nous ne pouvions ni avancer, ni revenir sur nos pas.

« SAKUYAMA ! Sakuyama Shinto ! »

La brigade se rapprochait. Ils étaient juste là. Ils nous avaient retrouvés. Je tirai Kuro derrière moi, je devais le protéger. Jusqu'à la fin. Peu importe ce qu'il pourrait m'arriver, la vie de cet enfant avait désormais bien plus de valeur que la mienne.

Je devais au moins trouver le moyen de faire diversion pour lui permettre de s'échapper. Il ne mourrait pas par ma faute. Je remarquai alors la barre de fer accrochée contre le mur. Je ne pourrais pas m'en sortir avec ça, mais si je pouvais attirer l'attention suffisamment longtemps, ce serait suffisant. Je pouvais le faire ! Je devais le faire ! C'était le seul moyen qu'il nous restait.


Dans un élan désespéré, je m'élançais pour récupérer cette arme de fortune, mais avant même d'avoir pu l'atteindre, on me saisit par le bras pour me tirer en arrière.

Par réflexe, je resserrai ma main sur le bras de Kuro pour être sûr de ne pas le perdre. Mon dos heurta un mur et le poids du garçon me retomba dessus. Tout s'enchaîna trop vite. Avant que je ne comprenne ce qu'il se passait, on arracha la veste que j'avais sur le dos et la porte se referma presque aussitôt. On nous avait poussés dans le bâtiment. La porte qui nous bloquait jusqu'à présent le passage s'était ouverte et nous nous retrouvions désormais à l'intérieur.

Kuro fut le premier à réagir au bruit du verrou se refermant. Il se releva et courut sur la porte pour essayer de l'ouvrir. Les deux mains sur la poignée, il tirait de toutes ses forces. Mais cette fois encore, elle ne céda pas. Je me redressai également pour pouvoir parcourir l'endroit des yeux. Il s'agissait d'une toute petite pièce assez mal éclairée. Plusieurs cartons jonchaient le sol, l'endroit ressemblait à une sorte de réserve.

Je n'avais pas pu voir la personne qui m'avait tiré, et je ne savais pas exactement pourquoi nous nous retrouvions enfermés ici, mais ça n'avait de toute façon plus d'importance. Exténué et à bout de forces, je laissai mon dos reposer contre le mur. J'avais mis mes dernières forces pour leur échapper et ça n'avait pas suffi. Je parvenais tout juste à reprendre une respiration normale. Mes poumons me brûlaient et chaque partie de mon corps me faisait terriblement souffrir. Je n'avais plus couru aussi vite depuis bien longtemps. Une simple course poursuite avait suffi pour que j'atteigne mes limites. Je ne suis pas fait pour ça.

Kuro insista encore un peu auprès de la porte, mais puisqu'elle lui résistait, il se mit à grogner. Il finit par se retourner vers moi, attendant sûrement que je vienne l'aider, mais en voyant le mal que j'avais à respirer, il revint s'asseoir à mes côtés. Il m'observa un instant avant de poser sa tête contre mon épaule.

« Je suis désolé, Kuro. »


Je n'avais toujours pas pleinement récupéré lorsque la porte s'ouvrit de nouveau. J'entendis alors les pas de quelqu'un, le bruit de la porte puis celui du verrou tourner de nouveau.

Dans cette situation, je n'espérais plus grand-chose. Je gardais la tête baissée pour ne pas voir la personne qui se tenait désormais face à nous. Ce n'est pas en fermant les yeux que mes problèmes disparaitront, mais j'étais juste fatigué. Je voulais qu'on me laisse.

Kuro, lui se releva rapidement pour venir se placer devant moi en grognant. Les bruits de pas s'arrêtèrent. J'avais du mal à croire que c'était réellement grâce aux grognements du garçon, mais puisque rien ne se passait, je daignai finalement relever les yeux. Devant la porte se tenait un homme. Un agent de la milice, il me regardait le visage sévère.

Le fait qu'il reste silencieux, juste devant moi pour me fixer me mettait mal à l'aise. M'observait-il pour savourer sa victoire ? Était-ce un plaisir sadique de sa part ? Que voulait-il ?

Finalement, sans dire un mot, il leva brusquement le bras. Par réflexe, je tirai Kuro pour qu'il recule. S'il le fallait, je prendrais le premier coup.

J'avais par réflexe fermé les yeux. Mais le coup ne vint pas. Cette fois encore, rien ne se passait. La première chose que je vis en ouvrant les yeux, ce fut une bouteille d'eau.


Il nous tendait de l'eau.


« Allez, prends gamin. Ça n'est sûrement pas terminé alors dépêche-toi de reprendre tes esprits. Bois. »

Cette bouteille... Il nous aidait ? Je ne pense pas qu'un agent nous aiderait réellement, il y avait sûrement un piège, c'était évident. Peu importe, j'avais besoin de l'eau qu'il m'offrait et Kuro aussi. Alors je ne discutai pas et je me saisis de la bouteille. Je pris la première gorgée. C'était bien de l'eau alors je me tournai vers le garçon pour lui tendre la bouteille.

Ça se voyait moins, mais il était dans le même état que moi. Lui non plus ne réfléchit pas et prit la bouteille pour vider ce qu'il restait. Pendant ce temps, je trouvais la force de me remettre debout. Mes jambes me semblaient encore plus lourdes que lorsque je courrai, mais je devais tenir bon.

« Qu'est-ce que vous— »

« Tiens-toi près. On n'a pas fini de courir. »

Il me fit signe de me taire, ce que je fis, et se retourna vers la porte. Il posa sa main sur la poignée et colla son oreille contre cette dernière.


Je l'observais sans comprendre ce qu'il voulait ou ce qu'il faisait. Est-ce qu'il essayait de m'aider ? Je n'en savais rien, mais si une chance se présentait, je devais la saisir. J'attrapais la main de Kuro et lui fit signe de se tenir prêt. Le garçon comprit le message et hocha la tête avant de reporter son attention sur la porte.

On doit passer.

Dès qu'il ouvrira la porte, je ne manquerai pas ma chance. Dès qu'il ouvrira la porte, notre course reprendra.

N°1203Où les histoires vivent. Découvrez maintenant