« Promesse »
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Enfermé dans la cellule de ce démon, je réalisais que j'avais fait des choses que je ne me pardonnerai jamais. Je savais qu'il était déjà bien trop tard pour réparer mes erreurs, mais je pouvais au moins faire de mon mieux pour me racheter auprès de ses enfants.
Puisque mes collègues allaient sûrement venir me chercher dans peu de temps, je réinstallai la petite fille le plus confortablement possible sur la couverture. J'étais rassuré de voir qu'elle semblait déjà aller mieux. J'espérais qu'elle aurait le temps de se rétablir complètement avant de devoir recommencer les expériences. Elle devait survivre.
Je relevai les yeux vers les barreaux de la cellule. Si je parvenais à sortir de là maintenant, est-ce qu'il y avait une chance pour que je puisse m'enfuir avec les enfants ? Je n'avais pas de réponse à cette question et c'est sans grand espoir que je m'étais relevé pour tenter d'ouvrir la porte. Dan l'avait bien évidemment verrouillée et je n'avais plus mes clefs. Je regardai autour de moi à la recherche de quelque chose qui puisse m'aider. Une épingle, un crochet ou même une feuille, n'importe quoi. Dans les films, les héros s'en sortent généralement avec trois fois rien, mais je n'étais pas un héro et il n'y avait de toute façon rien. Résigné, je me reculai pour retourner attendre près du démon. Mais avant que je n'aie eu le temps de m'asseoir, un bruit sourd attira mon attention. 1203 s'était jeté sur les barreaux de sa cellule. Il tentait de l'ouvrir de force, à coups d'épaule.
Ne jamais abandonner. Cette volonté sans failles coulait dans ses veines. Quitte à se briser les os, il devait tout essayer. Et je ne pouvais plus le laisser se battre seul. Je devais moi aussi tout tenter. C'est à coup de coups de coude sur la serrure que j'espérais la faire céder. Sous les regards de tous les autres enfants, nous y mettions toutes nos forces, mais ni 1203, ni moi ne parvenions à faire bouger les choses.
Et puis soyons réaliste. Même si cette porte s'ouvrait maintenant, je n'avais nulle part où aller. Je n'avais pas le choix, je devrais de toute façon faire face à mes collègues.
Je me tournai une nouvelle fois vers 1203 qui s'était également arrêté le temps de reprendre son souffle. S'il me voyait suivre les autres j'avais peur qu'il ne comprenne pas et qu'il pense que j'avais menti. Je m'éloignai alors de la porte pour m'approcher autant que possible de lui. Il leva le nez vers moi et se rapprocha aussi en titubant, sûrement un peu sonné par la bataille qu'il venait de mener contre la porte.
" Au final, on ne peut rien faire contre cette porte, hein. "
Ce n'était sûrement pas la meilleure chose à dire à cet enfant, mais je ne savais pas ce que j'étais censé dire dans ce genre de situation.
" Ecoute, je sais que j'ai dit que j'allais t'aider, mais je ne sais pas comment vous sortir de là maintenant. On va sûrement venir me chercher et je devrais partir, mais je reviendrai. Je reviendrai, d'accord ? Et cette fois, je vous sortirai de là. Je ferais de mon mieux, tu dois me croire ! Alors ... en attendant, toi et les autres, vous devez tenir jusqu'à mon retour. "
Il ne bougea pas, continuant de me fixer de ses grands yeux d'enfant. Je n'étais pas sûr qu'il comprenne réellement le sens des mots prononcés, mais il était important pour moi de les lui dire.
" C'est une promesse, 1203. Quand je reviendrai, on pourra s'enfuir tous ensemble ! "
La porte du sous-sol s'ouvrit de nouveau, je n'avais plus le temps alors pour sceller ma promesse, je serrai son petit doigt avec le mien, juste comme j'avais l'habitude de le faire lorsque j'étais enfant.
" Tu vois ? Regarde, ça veut dire que nos destins sont liés maintenant. Je promets de revenir et toi tu promets de ne pas mourir. Tu dois rester en vie. C'est compris ? Tu comprends, pas vrai ? "
Le démon baissa les yeux sur sa main. Il n'avait sûrement aucune idée de ce que je venais de faire ou de ce que je venais de dire. C'était ce que j'avais d'abord pensé, mais avant que je ne quitte le sous-sol, il avait relevé les yeux vers moi. Le petit doigt toujours levé, il avait hoché la tête. En le voyant, je compris qu'il m'attendrait.
Le directeur en personne était venu me sortir de la cellule. Il m'avait relevé par le bras et je l'avais suivi, tête baissée.
Il m'avait conduit dans un des bureaux de l'étage pour me faire passer un entretien. Il se tenait face à moi et me posait tout un tas de questions. Il cherchait sûrement à comprendre pourquoi son "enfant prodige" était devenu fou. Il avait commencé par me demander si je me sentais mal, si j'avais des problèmes personnels et si je m'étais bien intégré dans mon équipe. Des questions relativement basiques. Puis, de fil en aiguille, il avait fini par me demander si j'avais l'intention de commettre un crime contre l'humanité.
Je n'avais fait qu'aider une enfant, je ne méritais pas que l'on me pose ce genre de question. C'était disproportionné, mais je savais que plus je ferais de remarques, plus ma peine serait grande. Je devais me contenter de répondre le plus simplement possible et surtout, de lui dire ce qu'il voulait entendre.
L'entretien dura plus d'une heure. Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, je n'étais pas renvoyé. Du moins, pas définitivement. Je devais réellement être le chouchou du directeur finalement. J'étais condamné à payer une lourde amende pour non-respect des règles de sécurité et j'étais suspendu de travail pendant six mois afin de pouvoir suivre une thérapie.
Si je respectais à la lettre tout ce qu'ils avaient prévu pour moi, je pourrais revenir travailler ici dans quelques mois à peine. Je disposais donc de six mois pour trouver le plan parfait pour aider ces enfants. J'espérai seulement que 1203 et les autres pourraient m'attendre jusque-là.
Cette fois-ci, je ne laisserai pas passer ma chance.
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N°1203
Aventura1203, c'est l'histoire d'une rencontre. La rencontre d'un jeune homme formaté par des années d'études pour correspondre parfaitement aux attentes de la société et celle d'un enfant qui lui, a été rejeté dès sa naissance. Il faut savoir que dans cett...