« ARES LAB »
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ARES LAB. Il s'agit du nom du plus grand laboratoire de notre pays. Tout le monde ici le connaît, même les plus jeunes d'entre nous. Il y a beaucoup d'histoires à son sujet et il fait même l'objet d'étude dans les universités. Si ce laboratoire a pu acquérir une telle réputation en quelques années seulement, c'est pour la simple et bonne raison que c'est grâce à lui que nous pouvons vivre correctement aujourd'hui. Ce laboratoire a permis de réaliser d'incroyables avancées médicales et de concevoir plus d'une dizaine de vaccins. Et nous n'avons jamais autant eu besoin d'institut tel que ARES LAB que ces dernières années.
Nous sommes en 2042 et nous sommes en guerre.
Notre pays est en guerre depuis des années déjà et, malheureusement, les armes à feu ne sont plus d'actualité. Les bombes du début de la guerre étaient déjà terribles, mais nous pouvions encore les éviter et nous protéger. Mais aujourd'hui, les attaques sont essentiellement chimiques. Nuages toxiques, virus et autres maladies artificielles sont désormais monnaie courante. Et croyez-moi, ces armes-là sont bien plus redoutables.
Le laboratoire ARES LAB a été créé dans le but de protéger les populations et d'éradiquer ces nouvelles maladies avant qu'elles ne fassent trop de victimes. Tous les plus grands spécialistes du pays y travaillent. C'est grâce à eux que nous pouvons continuer à vivre presque normalement aujourd'hui.
Puisque ARES LAB existe dans le but de garantir la survie de notre pays, d'importants moyens ont été investis pour la création de ce laboratoire. Les dons venant d'entreprises et de particuliers sont nombreux et continuent encore d'augmenter. La participation de tous est toujours nécessaire afin de garantir la poursuite des recherches. Les dons les plus courants sont généralement d'ordre économique, mais certains, à plus petite échelle, certains offrent également de la nourriture ou bien des services bénévoles. Ces dons sont relativement normaux, mais il en existe d'autres qui pourraient presque être qualifiés sacrifices.
Depuis l'ouverture du laboratoire, le gouvernement a ordonné la réquisition de certains enfants du pays. Cette obligation légale concerne tous les enfants rassemblant des caractéristiques physiques bien particulières : des cheveux blancs, une peau pâle et des yeux rouges. On dit que ces caractéristiques seraient le signe de dégénérescences génétiques causées par un virus ennemi. Ces enfants, qu'il convient désormais d'appeler "enfant-maudits", ou "démons", seraient habités par un virus qui à terme, les transformerait en véritables machines à tuer. Des études ont prouvé que ces enfants, aussi normaux puissent-ils sembler, présentent des déficiences de l'affection. Ils sont incapables de ressentir autres choses que des émotions négatives, ce qui les pousserait à agir violemment. Il est d'ailleurs assez courant de voir des témoignages de parents qui ont été blessés par leur propre enfant à la télé. Ces enfant-maudits sont d'autant plus dangereux qu'ils présenteraient des capacités physiques plus élevées qu'un humain normal. Le gouvernement ne pouvant pas prendre le risque de laisser ces enfants sans surveillance a donc décidé de les prendre en charge. Ainsi, chaque enfant-maudit doit être confié à ARES LAB afin d'être étudié et élevé dans les meilleures conditions possibles.
« Leur visage de porcelaine et leur air innocent peuvent facilement vous tromper. Mais sachez que ce ne sont pas des enfants ordinaires, ils ont en eux les gènes de véritables démons. Gardez bien en tête que ces enfants ne sont rien de plus que des armes infiltrées par nos ennemis. Ne tombez pas dans leur piège. Confiez-nous la garde de ces enfants et gardez espoir, la guerre un jour cessera. »
C'était le discours type qui nous était répété depuis le début de la guerre. Je ne saurais pas vous dire depuis combien d'années ce genre d'annonces inondaient nos ondes radios et télévisions, mais nous l'avions entendu suffisamment de fois pour ne plus le contester. Ainsi, tous les enfant-maudits étaient confiés au laboratoire sans plus de contestation.
Je m'appelle Sakuyama Shinto, j'ai 17 ans. Je viens tout juste d'accepter un poste à ARES LAB.
J'ai fini mes études avec 4 ans d'avance. Je suis ce qu'il convient d'appeler un génie. J'ai conscience que cela peut paraître un peu prétentieux de le dire de cette façon, mais ça ne m'a jamais semblé si extraordinaire. Je n'ai jamais rien fait de particulier pour être reconnu comme tel. Mon parcours scolaire a beau être exemplaire, j'ai toujours été réputé comme étant quelqu'un de bizarre. Un passionné de science, mais solitaire. Un garçon sans problème, mais sans ami. Étrangement, il semblerait que ce soit le profil idéal pour travailler au sein du laboratoire le plus réputé du pays. J'en suis moi-même surpris, mais c'est la première fois que je me sens fier d'une décision que je prends. En acceptant ce travail, j'ai enfin l'occasion de devenir quelqu'un d'important. En travaillant pour ARES LAB, je pourrais enfin être utile. On dit souvent que seule l'élite est habilitée à travailler à ARES LAB et j'ai désormais la chance d'en faire partie.
Enfin, " Chance ", c'est ce que je pensais avant de commencer à travailler pour le service réservé aux enfant-maudits. J'avais d'abord été affecté au service virologie, et c'était selon moi, très intéressant. Mais rapidement, le recruteur m'a demandé de changer de service, me jugeant plus apte à étudier ces enfants si particuliers. J'ignore encore les raisons de cette décision, mais il m'a présenté cela comme l'opportunité que je ne devais surtout pas manquer. Il s'était montré tellement convainquant que je n'ai pas réussi à refuser. Mais honnêtement, j'ai très vite regretté ce choix. Les premiers jours dans ce service ont été réellement difficiles pour moi. En y repensant, j'étais sûrement un peu trop jeune pour ce travail.
J'ai compris que cela serait difficile pour moi, dès mon premier jour. Dès l'instant où j'ai aperçu un de ces enfants pour la première fois. Je ne m'étais jamais retrouvé face à un enfant-maudit avant ce jour-là, pas de si près. Leur visage me semblait être aussi humain que le mien. Ces enfants me paraissaient être aussi jeunes et aussi fragiles que n'importe quel autre enfant, si ce n'est plus. Alors je dois avouer que les voir enfermés dans leurs minuscules chambres mal éclairées et vides de toutes distractions me donnait mal au ventre. La plupart d'entre eux passaient leur journée recroquevillés dans un coin de leur chambre, le regard vide, l'air absent. Etaient-ils vraiment toujours en vie ? J'ai lu quelque part que les enfants avaient besoin d'un minimum de contact pour pouvoir survivre, mais eux, ils en étaient privés. Nous n'avions ni le droit de les approcher, ni de leur parler. Certains de ces enfants semblaient se laisser mourir, mais ils étaient bien trop précieux pour que ARES LAB les laisse faire. Ils étaient à la fois privés de vivre et interdit de mourir.
Comme n'importe qui, je n'avais jamais réellement prêté attention à ces enfants avant aujourd'hui. Je me souviens encore lorsque l'une de mes voisines avait confié son fils au laboratoire. Je me souviens des agents et du camion qui avaient emporté le bébé. Elle ne pleurait pas, elle l'avait juste donné. Elle s'en était débarrassé, juste comme ça. Et ça m'avait semblé normal. C'était normal pour tout le monde. Les enfant-maudits étaient des monstres confectionnés par nos ennemis, rien de plus.
Je ne m'étais jamais vraiment intéressé au sort de ces enfants, mais aujourd'hui, en les voyant comme ça, ça me semblait presque absurde. Pourquoi garder des enfants enfermés dans de telles conditions ? Même les animaux du laboratoire étaient mieux traités. Etait-il vraiment nécessaire de les enfermer individuellement dans des chambres si petites qu'elles pourraient être confondues avec des cages ? Sans parler des barreaux pour remplacer leur porte et du système de surveillance renforcé ? Etaient-ils réellement si dangereux ?
Mon supérieur m'avait mis en garde. D'après lui, il était tout à fait normal d'être gêné et de culpabiliser au début. Il m'assurait que j'allais m'y habituer, comme tous les autres avant moi.
Ce n'était qu'une question de temps.
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N°1203
Pertualangan1203, c'est l'histoire d'une rencontre. La rencontre d'un jeune homme formaté par des années d'études pour correspondre parfaitement aux attentes de la société et celle d'un enfant qui lui, a été rejeté dès sa naissance. Il faut savoir que dans cett...