Chapitre 20 : RETROUVAILLES

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« Retrouvailles. »

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La première chose que je vis en ouvrant les yeux, ce fût Kuro. Il se tenait debout devant le canapé avec ma veste sur le dos. Il avait l'air préoccupé, mais j'avais d'abord pensé que c'était seulement parce que je dormais toujours et qu'il n'aimait pas rester seul.

" Hey... Bonjour~ "

" Shinto, quelqu'un est là. "

Je lui avais souri avant de refermer la fermeture éclair de sa veste bien trop grande, curieux de voir l'effet que ça pouvait avoir. Il avait l'air si petit avec ça sur le dos, ça lui donnait un air amusant. Pourtant, Kuro n'avait de toute évidence aucune envie de jouer.

Un peu déçu de sa réaction, je me redressai finalement pour m'asseoir. Je n'avais pas beaucoup dormi et j'avais du mal à émerger. Je devais être encore bien fatigué pour ne pas avoir accordé plus d'importance aux mots que le garçon venait de prononcer. Ce n'est qu'après quelques secondes que je réalisais que nous n'étions plus seuls. Mon corps se figea alors et je sentis effectivement le poids d'un regard fixé sur moi.

" Qu'est-ce... Qu'est-ce que tu viens de dire ? "


Kuro regardait derrière moi et j'eus besoin d'un instant avant de trouver la force pour me retourner et suivre son regard. Le garçon n'avait pas menti, un homme nous observait. Vêtu d'un uniforme militaire, il se tenait là, adossé contre le mur, les bras croisés. Je ne pouvais pas distinguer clairement son visage, mais je savais parfaitement qui il était. L'homme fini par se décoller du mur pour s'approcher en soupirant.

" Tu aurais dû me dire que tu rentrais, Shinto. "

Plus de doute possible, c'était bien lui. Ce que je redoutais le plus venait de se produire; Mon oncle était rentré. 


Je le regardais s'approcher de nous toujours aussi calmement alors que mon rythme cardiaque s'accélérait. Me retrouver face à l'homme qui m'avait tant aidé autrefois n'avait aujourd'hui plus rien de rassurant. Il m'avait toujours soutenu, mais aujourd'hui je le savais, ce serait différent. Pourquoi était-il rentré ? Me dénoncer ? M'aider ? Naïvement, j'espérais encore qu'il pourrait être de mon côté. 

Mon oncle baissa les yeux pour observer le démon. Réalisant alors qu'il en avait sûrement après lui, je me relevai hâtivement pour tirer et cacher Kuro derrière moi. Je devais le protéger. Surprit, le garçon trébucha et se rattrapa à moi de justesse.


L'homme reporta alors son attention sur moi en soupirant de nouveau. Sûrement déçu de me voir réagir ainsi pour protéger un vulgaire démon.

" Shinto, à quoi tu joues ? "

" Q-Qu'est-ce que tu fais là... ?

" Je t'ai vu aux infos hier. Ils ont dit que tu étais en cavale alors j'ai pensé que tu viendrais te cacher ici. J'avais visiblement raison... Les enfants finissent toujours par rentrer à la maison, pas vrai ? " Il m'adressa un sourire qui n'avait rien d'amicale. Sourire qu'il abandonna presque aussitôt pour reprendre un air plus sérieux. " Shinto, qu'est-ce que tu as fait, hein ? C'est vrai tout ça ? Tout ce qu'ils ont dit sur toi ? "

Alors il doutait ? Bien qu'il me connaisse depuis que je suis enfant, il se sentait obligé de me poser la question ? ... Une part de lui pensait que je pouvais réellement être le monstre qu'ils avaient décrit ? Oui, il doutait.

J'avais besoin d'aide, j'avais besoin de lui. J'avais besoin qu'il croie en moi, mais s'il doutait même un peu alors c'était peine perdue. Si au fond de lui il pensait réellement que j'avais perdu la tête, alors il n'écouterait pas un mot de ce que je pourrais lui dire. Je ne pouvais pas prendre le risque, je devais m'enfuir. 

" Ce ne sont pas tes affaires. Laisse-moi. ...S'il te plaît. "


Mon oncle, toujours aussi calme, s'avança un peu plus de nous. Il observa un instant le démon que je cachais derrière moi du mieux que je pouvais. Puis il s'abaissa et lui tendit la main, l'invitant à le rejoindre. 

" Tu es 1203, c'est bien ça ? Je vais te ramener chez toi, viens. Ça sera mieux pour tout le monde, pour Shinto et pour toi. Tu l'as déjà compris aussi, pas vrai ?

Kuro l'observait, silencieux. Dans un premier temps, il se cramponna un peu plus fortement à moi, mais après avoir fixé cette main tendue un instant, je le sentis relâcher doucement mon sweat.

Comprenant que le garçon hésitait, mon oncle s'approcha un peu plus. Il avait toujours été doué avec les enfants. ... Mais je ne laisserais pas me le prendre si facilement. Kuro était avec moi et il restera avec moi ! Je me reculai en tirant le garçon par le bras. 

" Arrête ça, s'il te plaît... Ne t'en mêle pas. Il ne retournera pas là-bas. I-Il reste avec moi. Il doit rester avec moi. ... Tu ne peux pas comprendre, alors laisse nous. Je t'en supplie, laisse-moi... "

" Oh si, Shinto. Je comprends très bien, au contraire. C'est un démon. Tu sais ce qu'ils sont, toi mieux que n'importe qui d'ailleurs. Tu es perdu parce que tu es sous son influence ... Tu es fatigué et tu es fragile depuis quelque temps, mais je te promets que si tu te rends maintenant, ce n'est pas trop tard. Je t'aiderais. Ensemble on s'en sortira. Je ne te laisserai pas seul, Shinto. Sois raisonnable.

" Non. C'est trop tard... C'est fini, je ne peux plus revenir en arrière. Ils m'accusent de meurtre et je sais ... j'ai compris qu'ils ne me laisseront plus jamais tranquille. Et puis j'ai promis... alors je ne peux plus changer d'avis. ... Désolé. Je suis désolé.


Je le vis dans son regard, mon entêtement venait de lui faire perdre son calme légendaire. Il se rapprocha pour me saisir par le bras, plantant son regard dans le mien. 

" Shinto ! Réveille-toi, bon sang ! Ce démon est avec toi depuis quelques heures à peine et ta vie est déjà menacée ! Tu es recherché dans tout le pays ! Pour meurtre ! Pour meurtre, Shinto ! C'est grave ! Ils sont tous après toi ! Tu ne vois pas que c'est à cause de lui ?! Shinto ! "


Je sais. Il pense bien faire. Il veut m'aider. Parce qu'il n'a pas vu tout ce que j'ai vu. Parce qu'il ne sait pas tout ce que je sais. Sa mission est de me protéger, mais je ne peux pas le laisser faire. Ma mission à moi est différente, je dois rester avec Kuro. 


D'un geste rapide, j'écartai son bras pour me libérer et reculer de nouveau. 

" Je ne peux pas. Il y a des choses que tu ne comprends pas. J'ai fait... J'ai... Ils m'ont fait faire des choses que tu n'imaginerais même pas. Ce n'est pas moi le fou ! C'est juste que ... ce ne sont que des enfants. On ne peut plus les laisser faire. Je ne peux plus faire ça... Je dois les protéger, tu comprends... ?  Laisse-moi partir. Oublie-moi, s'il te plaît.


"  Non Shinto. Je ne te laisserai pas gâcher ta vie à cause d'un démon. "

N°1203Où les histoires vivent. Découvrez maintenant