N°1203

Chapitre 4 : HABITUDE

« HABITUDE »

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La semaine suivante avait été bien plus tranquille. Suite à la mésaventure de mon premier jour, mes collègues faisaient de leur mieux pour que je me sente bien. Et je dois reconnaître que ça fonctionnait. Je n'étais pas spécialement habitué à ce qu'on fasse attention et qu'on s'inquiète pour moi, et c'était plutôt agréable. Venir les retrouver tous les matins n'était pas si difficile que ça.

Bien sûr leur bienveillance ne me faisait pas oublier mes doutes, mais disons que ça me permettait de penser à autre chose. Les jours suivants, je n'avais plus été en contact direct avec les enfant-maudits. Mon chef m'avait assuré que je pouvais prendre le temps que je voulais avant de travailler avec eux. En attendant, je m'occupai d'effectuer de classiques analyses d'échantillons et des recherches théoriques concernant les démons. Etudier ces enfants se révélait être vraiment intéressant. Le but de nos recherches consistait avant tout à identifier les raisons pour lesquelles les démons étaient plus résistants aux virus que nous. Si nous parvenions à comprendre d'où venait cette différence, nous pourrions sauver beaucoup plus de vies. C'était exactement pour cette raison que j'avais accepté de travailler à ARES LAB.

La semaine suivante encore, j'avais décidé de prendre sur moi et j'avais demandé à mon tuteur de le suivre de nouveau dans son travail. Il avait bien évidemment accepté. La journée s'était bien déroulée. J'avais toujours beaucoup de mal à voir de si jeunes enfants enfermés, mais si c'était réellement la meilleure solution alors je devais l'accepter.

J'avais également fini par me rendre compte que ces enfants pouvaient réellement se montrer dangereux. Pour m'aider à comprendre, mes collègues prenaient souvent le temps de me raconter toutes les fois où ils avaient été attaqués, griffés ou mordus durant leur expérience. Ces enfants avaient beau être calmes la plupart du temps, je comprenais que toutes ces mesures de protection étaient nécessaires. Pour la sécurité de tous.

Progressivement, la vue des démons enfermés ne me dérangeait plus autant. Progressivement, je m'habituais à leur présence. J'ai, à mon tour, pu participer aux analyses. Toujours suivi par mon tuteur, j'ai d'abord été chargé d'effectuer de simples prises de sang. Et puis, puisque je m'en sortais bien, j'ai pu réaliser des injections. Et puis, puisque tout se passait pour le mieux, j'ai eu le droit de recenser à mon tour les nouveaux démons qui nous étaient livrés. Bien sûr, les voir crier et se débattre comme s'ils souffraient réellement m'était toujours désagréable, mais plus autant qu'avant. Mes collègues étaient toujours là pour me rappeler qu'ils ne ressentaient pas réellement la douleur et que ce n'était que de la comédie.

Je n'avais de toute façon pas le droit de les décevoir, tout le monde était si fier de moi. Je n'aurais jamais pensé m'intégrer aussi rapidement et quelque part, je pense que ça me rendait heureux. " Le petit surdoué de ARES LAB"; C'était le nom que m'avaient donné mon chef et mes collègues. Personne n'avait jamais parlé de moi comme ça. Personne n'avait jamais été fier de moi comme ils l'étaient. Et ça me faisait plaisir, j'avais l'impression d'avoir enfin trouvé ma place.

Depuis, trois ans ont passé. Je travaille toujours pour ARES LAB et je me sens désormais totalement intégré. Je n'ai plus aucun problème pour manipuler les démons et je m'entends toujours aussi bien avec mon équipe. Je suis fier de pouvoir travailler pour une cause aussi importante que la sécurité sanitaire de mon pays. De plus, ce travail me permet d'avoir une bonne situation. Je suis nourri, logé et je peux vivre sans me soucier de la guerre qui gronde toujours dehors.

Aujourd'hui est un jour particulier. C'est mon anniversaire, je vais avoir 20 ans.

Avant de travailler ici, mes anniversaires étaient seulement des jours comme les autres, mais les deux anniversaires que j'ai déjà pu fêter ici étaient plutôt amusants. Mes collègues prévoyaient toujours de petits cadeaux ou un plat qu'ils avaient eux-mêmes cuisiné. Alors aujourd'hui, j'avais hâte de retrouver tout le monde. En arrivant au travail ce jour-là, tous mes collègues étaient venus me saluer pour m'offrir un petit cadeau. Un mug, un livre ou bien des cookies. Ce genre de petites attentions qui ne coûtent rien, mais qui font tout de même plaisir. Le directeur était également venu me trouver pour m'annoncer qu'il avait également prévu un cadeau.

A la fin de la journée, je l'avais donc rejoint dans son bureau comme il me l'avait demandé. Le connaissant, je doutais que son cadeau ne se résume qu'à une simple boîte de gâteaux, mais je n'aurais jamais pu deviner ce qu'il comptait réellement m'offrir. C'était un cadeau inattendu, une occasion à ne surtout pas manquer.

Il avait commencé par me rappeler les progrès que j'avais faits, puis il m'avait parlé des différentes annexes ARES LAB qui venaient tout juste d'ouvrir un peu partout dans le pays. Finalement, il me proposa de quitter la capitale pour rejoindre une de ces annexes. Pour récompenser mes efforts, il souhaitait me confier la co-gestion d'un laboratoire entier et d'une dizaine d'enfant-maudits. Plus qu'une simple promotion, il m'offrait là la possibilité de pouvoir réaliser toutes les expériences que je souhaitais.

Même s'il était prévu que nous soyons trois à travailler dans cette annexe, j'aurais bien plus de liberté pour effectuer mes recherches. Puisque c'était une chance inespérée, puisqu'ils me faisaient tous confiance, j'avais accepté.

Le mois prochain, je déménagerai donc à la campagne pour rejoindre ARES - A.