N°1203

Chapitre 12 : RENCONTRE

« Rencontre »

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Personne ne s'était jamais méfié du « petit Shinto », et je n'aurais même-moi jamais imaginé me retrouver dans ce genre de situation un jour. Je n'avais certainement pas l'âme, ni les réflexes d'un kidnappeur, mais je savais qu'il fallait que je m'éloigne du laboratoire le plus rapidement possible.

Tout en conduisant, je me retournais régulièrement vers 1203 pour vérifier qu'il était toujours là, toujours vivant. Je pense que je n'avais jamais eu aussi peur de ma vie. Mes mains accrochées sur le volant tremblaient sans que je ne puisse les contrôler. J'avais peur certes, mais je devais être fort. A partir de maintenant je devais faire de mon mieux pour devenir la personne solide sur qui cet enfant pourrait compter.

Le fil de mes pensées fut assez vite interrompu par les râlements du démon. En me retournant une nouvelle fois, je vis qu'il venait de se réveiller. Il semblait complètement perdu et observait le paysage défiler par la fenêtre l'air terrifié. Pour lui qui n'avait jamais rien vu d'autre que les murs du laboratoire, se retrouver là devait être assez impressionnant. Je savais que mon rôle à ce moment était de le rassurer avant que la situation n'empire. Mais choisir les bons mots pour le rassurer n'était pas forcément évident.

" Je sais que tu as peur, mais reste tranquille encore un peu, d'accord ? On doit encore rouler juste un peu plus... "

Ne prêtant aucune attention à ce que je disais, le garçon paniqué tenta de se redresser, mais la ceinture de sécurité le replaqua contre son siège. Il n'avait pas les forces suffisantes pour s'en débarrasser. Il se retrouvait de nouveau attaché sans comprendre que cette fois, c'était réellement pour son bien. Il tenta de se défaire de la ceinture pendant que sa respiration s'accélérait dangereusement.

" Non, non, ne bouge pas. On est bientôt arrivé alors essaye de rester calme. D-D'accord ? Tu veux bien faire ça pour moi ? "

N'ayant pas la force nécessaire pour lutter trop longtemps, il se rallongea et d'une main je réajustai la veste pour ne pas qu'il ait froid. Je m'occupe de toi. Fais-moi confiance.

" N'aie pas peur s'il te plaît, je ... j'essaye de t'aider. " Je me retournai de nouveau, quittant furtivement la route des yeux pour le regarder. " ... D'accord, mh ? "

Il me fixa un instant, le visage toujours aussi inexpressif avant de se mettre à tousser violemment à cause de l'air qui commençait à manquer. Il se replia sur lui-même, portant ses mains sur sa poitrine. Il étouffait, mais serrait les dents pour ne pas crier. Ne pas crier même si ça fait mal, voilà la seule chose qu'on leur avait apprise.

Je me retournai vers la route, resserrant mes mains sur le volant. Je devais prendre une décision. Maintenant. Continuer de rouler pour suivre mon plan et prendre le risque de perdre le démon, ou bien m'arrêter et prendre le risque d'être repéré.

Non. Je ne ferais pas deux fois la même erreur. Tant pis pour la prudence, il fallait que je m'arrête. Il avait besoin d'aide. Maintenant.

Je garais donc la voiture sur le bord de la route à la lisière d'une forêt. C'était un coin qui me semblait assez tranquille, personne ne viendrait nous déranger. Enfin... c'est ce que j'espérais.

Je sortis à la hâte de la voiture pour rejoindre le démon à l'arrière. Dès l'instant où je détachai la ceinture de sécurité, le garçon se redressa brusquement et s'éloigna le plus possible de moi, s'entassant contre la portière. Il pouvait à peine respirer, mais il rassemblait ses forces pour s'éloigner de moi. Je comprenais qu'il soit méfiant et qu'il ne veuille pas me laisser approcher. Je ne pouvais pas lui en vouloir ... Après tout ce qu'il avait vécu, c'était normal.

Mais ce qui m'embêtait plus c'est que pour paraître moins faible, il retenait sa respiration afin de ne pas tousser. En faisant ça, il risquait sérieusement de s'étouffer et je ne savais pas comment l'aider. J'avais conscience que c'était en grande partie de ma faute, alors j'eus d'abord le réflexe de me reculer. Mais rien ne changea et sa vie était en jeu alors je ne pouvais pas me contenter de regarder et d'attendre.

" Ecoute, j'essaye juste de t'aider, tu comprends ? Tu te souviens de moi, pas vrai ? J'ai promis de t'aider, mais pour ça, tu dois me laisser faire. "

J'avais l'impression que je ne parviendrai jamais à le calmer, en tout cas pas de cette manière. Et puisque je n'arriverai de toute façon pas à négocier avec cet enfant, je décidai de m'approcher de nouveau. Sans surprise, il se recula d'autant plus. Son niveau de panique augmenta et à cause du manque d'air, il finit par s'écrouler. J'en profitai pour l'allonger de nouveau à l'arrière de la voiture espérant qu'il accepte de rester tranquille. Mais malgré le peu de force qu'il avait, il essayait toujours de se débattre.

Alors que j'essayais péniblement de le garder allongé, il mordit mon bras avec les forces qui lui restait. Il se mit à me fixer, l'air mauvais en grognant faiblement. Juste comme il l'avait fait à l'époque. J'imagine que c'était un peu devenu son réflexe de défense.

Comme la fois précédente, en comprenant que je ne cherchai ni à me défendre, ni à m'enfuir, il finit par se calmer, doucement. Puis, progressivement, il abandonna sa lutte et accepta de rester allongé.

Il relâcha mon bras, mais ne parvenait toujours pas à reprendre son souffle. Sa poitrine se soulevait à chaque respiration manquée... Je savais que c'était essentiellement parce qu'il avait peur de moi et que ma seule présence suffisait à amplifier sa crise, mais je ne pouvais pas le laisser.

Après plusieurs secondes, il parvint finalement à reprendre son souffle et par réflexe, il attrapa ma main. On nous a souvent répété que la force des démons était bien supérieure à celle des humains normaux et à cet instant, je ne pouvais que le confirmer... Si ça l'aidait à se calmer, alors je le supporterais jusqu'à ce qu'il aille mieux.

Ce n'était que le début et j'avais déjà du mal à gérer.