N°1203

Chapitre 31 : METHODES

« Méthodes »

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Tout juste remis de ma course poursuite de la veille, j'étais déjà lancé dans un nouveau marathon. Ca ne serait sûrement pas le dernier, je devais m'y habituer. C'était une évidence, ma vie ne serait plus jamais aussi tranquille et calme qu'elle ne l'était avant que je rencontre Kuro. Je l'avais enfin compris. Vraiment. Je ne me plaindrais pas et je ne flancherai plus. Je me battrai jusqu'au bout pour mon objectif. Je retrouverai Hiro, vivant.

Cette fois, tout était clair. Mon esprit était vide, il n'essayait pas d'imaginer à l'avance tous les scénarios possibles et inimaginables. Je courrai simplement aussi vite que mes jambes me le permettaient. Rien de plus.

Ma course ne dura qu'une vingtaine de minutes. Plus loin sur la chaussée, de la fumée s'échappait d'une moto accidentée, juste à côté d'une voiture renversée. Comme je le craignais, il était arrivé quelque chose à Hiro. J'avais bien fait de revenir. 

Je m'arrêtai près des véhicules accidentés pour reprendre mon souffle. Le pare-chocs du fourgon et l'entièreté de la moto avaient été déformés par l'accident. Craignant alors pour la vie d'Hiro, je regardai autour de moi. Heureusement, il ne me fallut pas longtemps avant de le retrouver. En suivant la traînée de sang qui courait de la moto jusqu'au pont, j'aperçus le garçon quelques mètres plus loin. Il s'était adossé contre un mur. Il avait dû se traîner jusqu'à l'intérieur du tunnel pour être à l'abri au cas où le moteur, encore fumant de la voiture, venait à exploser.

« Hiro ! »

Le garçon releva la tête, il était toujours conscient. En me voyant courir vers lui, il esquissa son habituel sourire, comme si de rien n'était. Quel idiot.

« Yo, S-Sakuya...ma. »

Il essaya de bredouiller quelques mots, mais le sang qui avait coulé jusque dans sa bouche l'en empêcha. Il grimaça et cracha renonçant alors à l'idée de parler. Vu l'état de sa moto, le fait qu'il soit toujours capable de parler relevait déjà du miracle.

« Il va falloir qu'on bouge d'ici Hiro. Je vais te porter. »

Sûrement porté par sa fierté, il serra les dents et se releva seul en s'appuyant contre le mur. Il pressait son bras libre contre ses côtes, et ses jambes tremblaient. Il ne voulait pas de mon aide, mais je plaçais tout de même mon bras autour de lui pour lui permettre de tenir debout plus facilement. Il soupira en m'assurant qu'il pouvait marcher seul.

Tout en le soutenant, je regardai autour de nous afin d'analyser rapidement la situation. Le fourgon de la milice était vide, ses passagers devaient donc toujours être en vie quelque part. Si pour le moment, ils n'étaient pas là, ils ne devaient pas être très loin. La moto était hors usage, Hiro ne pourrait pas marcher longtemps, et je ne pourrais sûrement pas courir longtemps en le portant sur mon dos. Pour le moment, le mieux à faire était de trouver un endroit où se cacher, le temps de trouver un moyen de contacter les autres.

Après l'accident, Hiro avait eu le réflexe d'aller s'adosser contre le mur d'un tunnel. Il avait sûrement essayé de s'y réfugier et c'était une bonne idée. C'était du moins la seule que j'avais. Je l'aidai donc à marcher jusqu'à l'intérieur du tunnel, espérant ainsi trouver un refuge plus loin.

Malgré tous les efforts qu'il faisait, Hiro ne parvint pas à conserver son sourire plus longtemps. La douleur était trop forte, et même lui pouvait se rendre compte que forcer un sourire lui faisait dépenser trop d'énergie inutilement. Lorsque nous fûmes suffisement éloigné, je l'aidai à se rasseoir. Il serrait les dents, prenant toujours sur lui afin de ne pas laisser transparaître sa douleur. C'était stupide. Ce genre de fierté mal placée ne m'avait jamais impressionné. Bien au contraire... Je vois bien que tu as mal et c'est normal... Tu n'as pas besoin de faire semblant. Pas devant moi.

Sa stupidité ne s'arrêtait malheureusement pas là puisqu'il me repoussa alors que j'examinais ses blessures. Bien que personne ne semblait s'en souvenir, j'étais médecin. Je pouvais l'aider.