Chapitre 1 : Les apparitions

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Elle commençait à se réveiller. Il était cinq heures du matin et elle était encore fatiguée, mais malgré son désir irrépressible de rester blottie dans ses draps, elle se leva. Elle sortit de sa chambre et descendit les escaliers qui se trouvaient juste à sa droite. Elle arriva dans un couloir étroit. Elle prit la première porte à gauche et s'enferma dans la salle de bain. Elle se débarrassa de son pyjama rouge et entra sous l'eau chaude de la douche. Elle en ressortit après trois petites minutes, s'essuya rapidement avec sa serviette grise et s'habilla en vitesse. Elle enfila un large jean noir et un pull trop grand pour elle de la même couleur. Elle commençait à se brosser les dents quand on frappa à la porte.

- Emmanuella ! Je veux y aller, sort !

Emmanuella ne prit pas la peine de lui répondre. Elle prit une minute pour finir de se brosser les dents et sortit de la salle de bain. En ouvrant la porte, Emmanuella manqua d'assommer sa grande sœur qui attendait juste derrière. C'était une adolescente très fine et à grosse poitrine. Blonde au teint bronzé, elle portait des lentilles de contact bleues. D'après elle, cela lui permettait d'être plus jolie. Emmanuella trouvait cela très ridicule. Elle trouvait sa sœur superficielle. Elle passait son temps à courir après les garçons de son lycée. Elle en ramenait un nouveau toutes les semaines.

Emmanuella n'adressa pas le moindre regard ni le moindre mot à sa sœur. Elle sortit du couloir pour arriver dans une cuisine ouverte sur le salon. Ses parents ne faisaient pas attention à elle lorsqu'elle passa devant eux. Emmanuella ne prenait jamais de petit-déjeuner. Cela lui éviter d'avoir à supporter sa famille. Elle se rendit dans l'entrée, mit ses chaussures et sortit de la maison.

Emmanuella marchait d'un pas rapide et confiant, la tête haute. Elle enfonça ses écouteurs dans ses oreilles et monta le volume de sa musique. Elle était en chemin pour son collège. Elle détestait cet endroit, mais fort heureusement pour elle, il ne lui restait qu'une seule année d'étude avant de pouvoir le quitter pour de bon.

Un rat passa juste devant elle, manquant de la faire tomber. Elle s'arrêta pour fixer le rat avec haine. Celui-ci la regarda, puis repartit. Étrange. Elle n'avait jamais vu un rat faire une telle chose. Emmanuella secoua la tête et repartit. Elle devait se reprendre. Elle reprit son chemin en accélérant tout de même le pas.


Il était midi, Emmanuella venait de quitter la cantine de son collège. Elle était assise à même le sol dans un coin reculé de la cour. Elle étudiait les mathématiques tranquillement. Elle n'avait pas vraiment d'amis ici... elle n'appréciait personne en réalité. Elle ne les supporter pas, ils étaient trop stupides pour elle. Emmanuella avait l'impression qu'ils ne la comprenaient pas.

À quelques pas d'elle, un groupe de garçons de sa classe s'en prenait à un petit binoclard. Elle entendait leur chahut, les supplications du petit blond à lunettes, mais n'y prêtait pas attention. Avant, elle aussi devait gérer ce genre de situation. Mais elle avait appris à vivre avec et à se défendre. Elle s'était construite une réputation en béton auprès de tous les élèves, si bien qu'aucun n'osaient jamais s'approcher d'elle.

Emmanuella hésitait. Devait-elle aider le garçon ? Ou le laisser apprendre par lui-même ? Emmanuella Jefferson n'était pas méchante, loin de là ! Elle avait un grand cœur. Elle était incapable de faire le moindre mal au plus horrible animal, pas même aux araignées. Alors devoir laisser ce gamin se débrouiller lui retournait l'estomac mais c'était pour son bien. Pour le bien du garçon, il devait apprendre à se sortir tout seul de ce genre de situation. Pour son bien à elle également. Elle avait appris à devenir forte et sans cœur. Elle ne devait pas tout gâcher pour un simple gamin braillant comme une fillette de quatre ans.

Emmanuella força donc son esprit à faire abstraction des bruits qui l'entouraient pour se concentrer sur son exercice. Malheureusement pour elle, il n'y avait rien à faire. Elle était incapable de se concentrer. Elle ferma le livre avec un geste brusque et releva la tête. C'est à ce moment-là qu'elle le vit. Un homme habillé d'une longue cape noire et d'un masque semblable à un crâne. Il était planté dans la cour du collège. Il fixait Emmanuella. Aucun autre élève ne semblait le voir. Elle tourna la tête pour s'en assurer mais quand elle reposa son regard sur lui, il avait disparu.

La sonnerie de la fin de la pause retentit dans la cour. Elle ramassa son sac et se dépêcha de partir en cours de latin. Cette sensation d'être observée. Elle l'avait déjà ressentit auparavant. Sans jamais rien voir. Cet homme était la preuve qu'on la suivait bien.


Emmanuella était rentrée chez elle aux alentours de dix-sept heures. Ses parents étaient partis manger dans un restaurant luxueux pour leur anniversaire de mariage et sa grande sœur en avait profité pour aller chez son petit copain en cachette. Emmanuella était assise sur son lit dans sa chambre. Elle lisait un manuel sur l'anatomie humaine, elle était passionnée par la médecine. Elle rêvait de devenir chirurgien. Elle savait qu'il y avait très peu de chance pour que cela arrive. Non pas qu'elle manquait d'intelligence, mais de moyens. Jamais ses parents n'accepteraient de lui donner l'argent nécessaire pour partir dans une université aussi prestigieuse. Emmanuella devrait trouver un moyen d'avoir l'argent, mais elle ne savait pas encore comment s'y prendre.

Une lumière verte aveuglante éclaira le ciel noir, la nuit étant tombée depuis plusieurs heures. Emmanuella se leva et traversa sa chambre pour observer l'extérieur. Une forme étrange se dessinait dans le ciel parmi les étoiles. Elle se demandait ce que cela pouvait bien être. Elle repensa à tout ce qu'elle avait vu ces derniers temps. Ces apparitions étranges, inexpliquées. Elle voulait aller voir de plus près, elle le devait. Elle savait aussi qu'il n'y avait rien de normal là-dedans.

Elle prit son courage à deux mains et décida de sortir. Elle prit un poignard qu'elle cachait derrière des livres de sa bibliothèque et descendit rapidement les escaliers. Elle sortit de la maison de ses parents et s'avança dans la petite ruelle. Elle ne prit pas la peine de fermer la porte à clef. Emmanuella leva directement la tête vers la tâche verte. Elle avait la forme d'une tête de mort avec un serpent lui sortant de la bouche et s'enroulant autour d'elle. Les espèces de nuages s'animait comme un film projeté sur un mur. Cette image fantomatique se trouvait au-dessus du cimetière. Il n'était pas loin de chez Emmanuella, alors elle décida de s'y rendre. Elle allait jeter un simple coup d'œil, elle retournerait ensuite chez elle, dans sa chambre, en sécurité.

Elle marchait d'un pas rapide jusqu'aux grandes portes de ferrailles du cimetière. Elle ne pouvait discerner ce qu'il s'y passait car un haut mur de pierres usées le délimitait. Emmanuella prit une épingle à cheveux. Elle en avait toujours une sur elle, cela pouvait toujours servir. Elle crocheta la serrure du portail et l'ouvrit avec précaution. Elle eut beaucoup de chance car le portail de fer ne grinçait pas. C'est toujours lorsque l'on veut être discret que les portes émettent des grincement aigu, mais pas cette fois. Elle entra dans le cimetière et repoussa la porte derrière elle. La lumière de la Lune lui permettait de voir où elle allait. Les nuages verts émettaient une lueur étrange eux aussi. Elle regarda autour d'elle. Au milieu des tombes, un homme se tenait dos à elle. Une longue cape noire survolant le sol.

Une sensation étrange se dégageait de cet endroit. L'atmosphère était lourde mais légère à la fois. Elle était menaçante mais la rassurait. La jeune fille aux long cheveux noirs ne pouvait expliquer ce qu'elle ressentait. Elle s'avança sans faire le moindre bruit. Elle était attirée par cet homme, comme si elle était sous son emprise.

Emmanuella commença à paniquer. Une main forte venait de recouvrir sa bouche et son nez, un autre bras la maintenait fermement pour l'empêcher de fuir. Quelqu'un l'avait attrapé par derrière. On la retenait prisonnière. Il avait beaucoup de force, elle ne parvenait pas à se défaire de son assaillant. Il ne voulait pas lâcher prise. Elle réfléchit un instant. Elle voulait savoir qui ils étaient. Sa curiosité était trop forte, elle prit le dessus. Emmanuella décida d'arrêter de résister. Elle se laissa faire. Peu à peu, elle sombra dans l'inconscience.

L'homme qui la tenait la laissa tomber au sol. Celui qui se trouvait au milieu du cimetière se retourna, observa la jeune fille, et disparut.

Tel père, telle filleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant