Chapitre 48 : Emma

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La porte du manoir s'ouvrit brusquement.


- EMMA !


Il n'y avait aucune réponse.


- EMMA !


Drago appela, encore et encore le prénom de sa femme. Mais il n'avait toujours aucune réponse. La peur commençait à le prendre. Il commençait à ne plus savoir comment respirer. Sa mère posa doucement sa main sur son épaule.


- Nous allons la chercher. Je vais prendre l'aile est. Occupe-toi du rez-de-chaussée et Lucius, elle se tourna vers son mari, tu te charges de l'aile ouest. C'est à ces endroits qu'elle passe le plus de temps.


Drago se précipita si vite dans les pièces du rez-de-chaussée que sa mère n'eut pas le temps de lui donner des paroles réconfortantes. Il n'y avait sans doute aucune raison de s'inquiéter. Elle monta à l'un des étages avec Lucius avant de se séparer pour retrouver leur belle-fille.

Narcissa fouiller pièce après pièce, en redécouvrant certains endroits de son manoir qu'elle n'avait plus visité depuis longtemps, mais l'heure n'était pas à la nostalgie. Ils devaient trouver Emma et quitter l'Angleterre pour la France dans les dix prochaines minutes. Ils ne savaient pas comment aller se terminer la bataille. Narcissa avait sa petite idée, mais il valait mieux être prudent. Ils avaient abandonné le Seigneur des Ténèbres, elle lui avait menti en affirmant que Potter était mort... S'il gagnait et qu'ils étaient encore au manoir au moment de son retour, ils seraient tous...

Elle s'arrêta en plein milieu du couloir, les oreilles aux aguets. Des pleurs. Ceux d'un... non...

Narcissa reprit sa course en suivant les pleurs. Elle trouva la porte de la chambre de son fils et de sa belle-fille grande ouverte. Elle passa le pas et ce qu'elle découvrit lui fendit le coeur. Emma avait eu son bébé.


- Je ne l'ai pas trouvé ! Cria Lucius depuis un couloir.

- Moi non plus ! Mère ? Demanda Drago.

- Ou-oui ! Elle est dans votre chambre !


Narcissa quitta la chambre pour se poster devant. Que devait-elle faire ?

Drago apparut à l'autre bout du couloir. Il s'arrêta un instant, fronçant les sourcils en entendant des pleurs. Lucius apparut derrière lui. Drago se précipita vers sa chambre, mais sa mère le retint par les épaules et le prit dans ses bras. Drago était prisonnier de l'étreinte de sa mère. Narcissa en profita pour articuler silencieusement quelque chose à Lucius, qui comprit aussitôt et prit un visage navré.


- Fils...

- Non ! Drago se retourna vivement vers son père. Nous l'emmenons avec nous ! Ce n'est pas négociable !

- Fils, écoute...

- Non ! Lorsque vous m'appelez ainsi, ça signifie que vous n'allez pas respecter votre promesse !


Drago passa devant sa mère et entra dans sa chambre. Il en resta paralysé. Pendant plusieurs minutes, il resta là, dans l'encadrement de la porte, à observer ce qu'il avait sous les yeux. Un bébé pleurait. Il y avait un bébé qui pleurait dans les bras de sa femme, qui ne bougeait plus. Du sang. Il y avait beaucoup de sang. Leur lit était baigné dans le sang, et le bébé pleurait. Leur bébé.

Il revint soudainement à lui et se précipita vers eux. Il n'osait pas les toucher. Il ne savait pas quoi faire. Il ne savait pas comment faire.

Narcissa s'approcha à son tour du lit et prit délicatement l'enfant dans ses bras. Elle le berçait et l'emmenait hors de la chambre. Lucius, en voyant sa femme arriver avec l'enfant dans les bras, posa une main sur son épaule et elle vint caler sa tête contre lui.

Drago tendit enfin la main vers sa femme. Elle avait toujours la peau douce, mais elle était froide. Elle était si chaude, d'habitude. Il s'assit à côté d'elle et prit son poignet dans ses mains. Il était froid, et mou. Il ne sentait rien. Il posa ses lèvres sur les siennes, mais il ne sentait aucun souffle. Il s'affaissa alors contre elle et se laissa aller. Des larmes inondaient ses joues.

Il ne comprenait pas ce qu'il s'était passé. Pourquoi ça s'était passé ? Pourquoi comme ça ? Pourquoi ? Pourquoi il n'avait pas été là ?


- Drago...


Lucius posa une main sur son épaule. Il tira son fils en arrière pour qu'il relâche Emma.


- On doit partir, maintenant, Drago. Je sais que c'est dur, mais pense à ton enfant.


Drago regardait son père avec étonnement, les yeux pleins de larmes. C'était la première fois que son père lui parlait ainsi, comme un père.

Drago n'avait pas envie de partir. Il ne voulait pas laisser Emma ici, toute seule. Ils avaient une famille à construire.

Le bébé se remit à pleurer, et Drago se réveilla enfin. Oui, ils avaient une famille à construire. Mais s'il ne partait pas, il ne pourrait jamais en avoir une. Il se leva alors du lit d'Emma, non sans peine, et lui embrassa le front pour la dernière fois. Il lui tourna le dos et tenta de marcher, un pied devant l'autre, jusqu'à la porte.

Sa mère berçait l'enfant, tentant de faire cesser ces cris. Il était tout petit, enveloppé dans un tissu blanc que Drago reconnus immédiatement. Il s'agissait de l'une de ses chemises qu'Emma lui avait " empruntée ". Quand elle était particulièrement fatiguée, elle prenait l'une de ses chemises pour l'aider à s'endormir.

Il sourit à ce souvenir et s'avança jusqu'à sa mère. Il tendit les bras et prit l'enfant. Il le serra fort contre lui en se dirigeant vers la sortie du manoir, suivit de ses parents. L'enfant se calma aussitôt qu'il fut dans les bras de son père et un immense sourire éclaira son visage. Ce sourire contamina Drago et, malgré sa peine immense qui semblait écraser son coeur, se sentit le plus heureux des pères.

Tel père, telle filleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant