Chapitre 45 : Dobby

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Greyback avait arrêté sa course dans un tout petit salon ne comportant que deux fauteuils de cuir rouge et un guéridon. Le salon se trouvait au fond d'un couloir, aucune porte n'en cachait l'entrée. Il n'y avait d'ailleurs qu'une seule entrée.

Emma était dissimulée derrière une statue se trouvant dans le couloir, non loin de ce petit salon, lui offrant alors une vue parfaite pour surveiller Greyback.

Tout le long du chemin, le loup-garou n'avait cessé de s'arrêter en plein milieu du passage et de renifler bruyamment. Emma pensa à plusieurs reprises qu'il avait deviné qu'elle se trouvait derrière lui, mais si cela avait été le cas, elle ne serait sûrement plus présente pour y penser actuellement.

Lorsque Greyback était entré dans le petit salon, il avait posé trois baguettes magiques sur le guéridon et avait pris place dans l'un des fauteuils de cuir. Le seul moyen pour les trois gryffondors de s'échapper d'ici était de récupérer leur baguette. Elle ne pouvait pas aller les libérer d'elle-même, car si elle se faisait remarquer, ça signerait sa mise à mort immédiate par son propre père. Ils ne pouvaient compter sur personne venant de l'ordre, celui-ci étant bien trop dispersé pour le moment et de toute manière, jamais il ne pourrait aller plus loin que le portail du jardin à cause du nombre incalculable de maléfices qu'y avait érigé son beau-père.

Le seul moyen de les faire sortir était de leur rendre leur baguette magique pour qu'ils se débrouillent seuls. Mais pour ça, il fallait réussir à les récupérer des mains de Greyback sans attirer l'attention des autres Mangemorts, puis leur remettre toujours en étant discrète...

Un " pop " de transplanage fit sursauter Emma. Elle se retourna vivement et découvrit un elfe de maison juste derrière elle.


- Qui es-tu ? Chuchota-t-elle en espérant ne pas se faire remarquer du loup.

- Je suis Dobby ! Je suis un elfe libre !

- Oh, oui. Je sais qui tu es. On m'a parlé de toi. Réalisa-t-elle en voyant son accoutrement.

- Dobby sait aussi qui vous êtes, Madame. Le Professeur Rogue a tout expliqué à Dobby.

- Chut... On ne doit pas se faire remarquer.


Lors de leurs nombreuses discussions, le parrain d'Emma avait évoqué Dobby, lui affirmant qu'il s'agissait d'un allié qui pourrait se montrer utile au moment venu. Il semblerait que ce moment soit arrivé. La chance paraissait enfin sourire à Emma, le petit elfe tombant à point nommé.


- Il faut récupérer les baguettes sans se faire remarquer.

- Dobby peut aller les chercher !

- J'ai dit " sans se faire remarquer "... Une lumière illumina soudainement les pensées d'Emma. Va dans ma chambre et prends la fiole noire qui est dans une petite boîte verte sur une étagère. Ramène-la-moi, s'il te plaît.


Dobby claqua des doigts et disparut. Emma jeta un coup d'œil en direction de Greyback, qui s'était mis à ronfler si fort que les murs en tremblaient.


- Dobby a trouvé la fiole, Madame.


Emma récupéra la fiole et ordonna à l'elfe de rester caché derrière la statue qui les dissimulait. À petits pas, Emma s'approchait du salon. Doucement, essayant de contrôler les tremblements de ses jambes. Elle passa l'entrée et se retrouva à quelques centimètres de Greyback. Jamais elle n'avait été si proche de lui de son plein gré. C'était toujours lui qui envahissait son espace personnel. S'approcher ainsi du loup lui donnait l'impression de monter sur un bûcher de con propre chef.

Une fois qu'elle fut juste à côté du loup, Emma ouvrit la fiole. Un petit bruit se fit entendre, mais les ronflements de Greyback étaient si forts qu'il n'avait rien entendu. Lui qui semblait si féroce en temps normal avait l'air d'être une cible facile.

Alors qu'Emma s'apprêtait à approcher la fiole de sa bouche ouverte, Greyback ouvrit subitement les yeux et plaqua si rapidement Emma contre le mur qu'elle n'eut pas le temps d'attraper sa baguette, qui se trouvait dissimuler sous sa robe. Sans doute devrait-elle prendre exemple sur son parrain en la cachant dans l'une de ses manches, la prochaine fois. S'il y avait une prochaine fois.


- Que comptais-tu faire ?


Emma ne pouvait pas répondre. Elle était effrayée. Paralysée. Elle ne pouvait pas se défendre. Greyback tenait fermement ses deux mains et faisait pression de son corps contre elle, anéantissant toutes tentatives de fuite.

Alors que la langue de Greyback s'approchait de sa joue, une force invisible lui fit lâcher la main d'Emma qui tenait la fiole. Elle saisit l'occasion et versa, non sans difficulté, le poison dans la bouche du loup alors qu'il grognait de colère.

Il se recula rapidement et frotta sa gorge de ses mains, comme pour tenter d'en faire sortir le liquide, mais il était trop tard. Il tentait de crier pour avertir les autres Mangemorts, mais aucun son ne sortait de sa gueule grande ouverte. Il regardait fébrilement autour de lui, probablement à la recherche d'un tableau pour l'envoyer quémander de l'aide, mais Lucius veillait à ce que certains endroits du manoir en soient dépourvus pour lui permettre d'avoir des discussions privées.

Greyback tomba à genoux au sol. Il tendait ses énormes mains poilues aux griffes acérées vers Emma, mais ses bras avaient commencé à partir en million de particules de poussières, bientôt suivit de ses épaules, de ses jambes et de sa tête.

Emma comprenait pourquoi ce poison était si difficile à se procurer. Il ne laissait aucune chance à la victime de s'en sortir, et surtout, il ne laissait aucun moyen de savoir ce qu'il s'était vraiment passé. C'était comme si Greyback ne s'était jamais tenu dans cette pièce.


- Merci, Dobby. Je serais probablement morte si tu n'étais pas intervenu. Merci beaucoup.


Emma posa une main sur son ventre pour tenter de calmer les battements de son cœur, trop rapide. Dobby bomba son petit torse de fierté.


- Il faut ramener les baguettes à leur propriétaire.

- Dobby était venu chercher les baguettes. Dobby sait où se cache Harry Potter et ses amis. Dobby peut leur rapporter.

- Parfait, mais attends une seconde.


Emma arracha un morceau de papier peint qui, avec l'usure du temps, commençait doucement à se décoller. Elle le posa sur le guéridon et saisit sa baguette. Avec le sortilège de découpage, elle fit une incision sur son poignet et le posa sur le morceau de papier. Grâce à un autre sortilège, des lettres se tracèrent.

Son parrain lui avait montré comment s'y prendre. Il disait qu'il était possible qu'Emma ait besoin de passer un message rapidement un jour, mais qu'elle ne dispose pas du nécessaire dans sa poche pour rédiger le message. Ce sortilège permettait d'écrire sur n'importe quelle surface sans plume ni ancre, mais également d'empêcher quiconque en dehors du destinataire de lire son contenu. Elle n'avait pas compris en quoi ça pourrait lui être utile, jusqu'à ce moment précis.


- Donne ce mot à Granger en même temps que sa baguette. Elle comprendra.


Dobby acquiesça et transplana de nouveau. Emma espérait que Granger comprendrait son message. Elle y disait de se rendre dans le coffre-fort de Bellatrix Lestrange. Si les rôles avaient été inversés, Emma ne s'y rendrait pas, pensant à un piège, mais elle comptait sur la témérité légendaire des gryffondors pour qu'elle suive son conseil malgré tout.

Emma n'était pas certaine de ce qu'ils trouveraient là-bas, mais ce qui était certain, c'était que sa mère ne cachait pas seulement l'objet dont faisait allusion son parrain lors de son mariage. Il y avait quelque chose de bien plus important là-bas.


Tel père, telle filleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant