Attends-moi [Terminé]

Chapitre 22

Demeure familiale

Assis sur l'un des nombreux divans du salon, Hunter remuait sa cuillère dans sa tasse de café. Depuis vingt minutes, ses géniteurs demeuraient prostrés devant le journal télévisé. Bien qu'il appréciât ce silence relativement agréable, il restait persuadé que résoudre les conflits apaiserait leur relation. Encore fallait-il parvenir à prononcer le premier mot...

Dehors, une pluie torrentielle arrosait les jardins fleuris du complexe. Hunter écoutait les gouttes tomber contre les carreaux tandis qu'à la télé, le présentateur énumérait les résultats des matchs de tennis. Passionnant.

À sa droite, une des domestiques lui apporta une assiette de biscuits qui libérait un délicieux fumet. Hunter aurait pu se projeter quinze ans en arrière, lorsqu'il rentrait de l'école devant des parents mutiques. À la seule différence qu'il compensait sa tristesse en mordant dans lesdits biscuits. Aujourd'hui, il rêvait plutôt d'un bon verre de cognac pour oublier...

— Mon chéri, comment vas-tu ?

Winona brisa la glace. Surprit, Hunter leva les yeux vers sa mère, d'apparence chaleureuse, mais froide à l'intérieur. Depuis toujours, elle s'attribuait le rôle de médiatrice, alors qu'en réalité, elle nourrissait plus les disputes qu'elle ne les réglait. Son père, en revanche, ne niait pas son indifférence. Tant que Hunter privilégiait ses désirs à la logique, il s'efforcerait de le repousser. Hannah, elle, gagnait beaucoup d'argent ! Mais elle les décevait en sortant avec Ethan... Hunter soupira, las.

— Très bien, merci. Que vouliez-vous me dire ?

Absorbé par son programme, Tim ne bougeait pas. À croire qu'il préférait sa télévision à son propre fils ! Comment Hunter aurait-il pu être équilibré avec des parents comme ça ? Cette question le turlupinait. Winona poursuivit :

— Nous voulions prendre de tes nouvelles. N'est-ce pas, Tim chéri ?

Un peu désorienté, le concerné leva furtivement la tête.

— Hein ? Hum, oui.

Il les abandonna de nouveau au profit d'une émission sur les fourmis. Captivant. Décidément, seul son oncle se démenait vraiment pour lui offrir une relation père-fils. Hunter savait qu'il pouvait compter sur lui, de jour comme de nuit.

— Est-ce que tu manges bien ? Ton travail te satisfait toujours ?

À l'évocation de sa profession, Tim le dévisagea avec mépris. Il ne digérait toujours pas ses choix malgré les années. Le fait qu'il se jetait à corps perdu dans les incendies, alors qu'il pourrait amasser des milliers de dollars le rendait malade. Qu'avait-il raté durant l'enfance de son fils ? Rien. Seul Hunter demeurait fautif. Depuis sa naissance, Winona et lui avaient absolument tout fait pour qu'il puisse suivre le même chemin qu'eux. En vain. Hunter aimait les choses simples, sauver des imbéciles lors d'incendie et faire souffrir une femme admirable.

— Tout va bien, mentit-il.

Impatient, Hunter se tortilla sur le divan. Il avait la bougeotte. Devoir subir un interrogatoire minable alors qu'il rêvait de rentrer pour s'allonger sur le canapé et regarder la télévision l'irritait au plus haut point. Quelle perte de temps ! Ses parents ne méritaient aucune clémence. Juste un crachat en pleine figure.

— Tu vois quelqu'un en ce moment ?

— Non. Pourquoi toutes ces questions ?

— Nous nous intéressons à toi. Quoi de plus normal pour des parents ? s'agaça Winona.