Attends-moi [Terminé]

Chapitre 5

— Qu'est-ce qui t'amène ?

Richardson décroisait ses bras avec lenteur. Le regard que lui jetait son neveu semblait suppliant. Le capitaine patienta alors sans le provoquer.

— Il faut que je te parle.

Ces quelques mots possédaient un pouvoir certain. À chaque fois qu'une personne les prononçait, un silence pesant s'installait. Richardson se pencha vers son interlocuteur avec la mine grave. Qu'avait-il à lui dire ?

— Je ne t'ai jamais vu aussi sérieux. Tu t'es débarrassé de ton ignoble tatouage ?

Hunter ricana sans entrain. Ce qu'il s'apprêtait à demander risquait de compliquer ses rapports. Autant avec son supérieur qu'avec son oncle. Toutefois, le pompier se lança en faisant fi de ses remarques :

— J'ai besoin d'une avance sur salaire.

Le visage du capitaine se décomposa. Richardson réfléchit plusieurs secondes avant de se décider à répliquer. Malgré son air interrogateur, il en connaissait la raison : Hunter s'était durement disputé avec ses parents et avait décidé de se détacher du cocon familial. La fortune de ses géniteurs ne l'intéressait toujours pas et il préférait s'assumer plutôt que continuer à en dépendre. Le capitaine opta néanmoins pour la neutralité :

— Pour quelle raison ?

— Ne fais pas cette tête-là. Tu sais pertinemment pourquoi.

— Pas du tout.

— Ma mère t'appelle tout le temps pour te raconter nos aventures. Je suis étonné que tu ne connaisses pas les mensurations de Diana.

Le capitaine ria franchement.

— Tu es complètement barré, mon pauvre.

— Je suis sans le sou et bientôt à la rue. Tu ne veux pas faire un geste ?

— Tu crois que c'est si simple ? rétorqua Richardson.

— Bien sûr. Sinon pourquoi viendrais-je t'emmerder ?

— Dis-moi ce que tu comptes t'acheter.

— Des seins et une piscine.

— ...

— Une voiture et un appartement, révéla-t-il, soudain sérieux.

— Tu as déjà tout ça.

— Non ! s'énerva-t-il. L'immeuble appartient à mes parents et la voiture aussi ! Tu le sais très bien.

Le ton monta. Hunter tapa le bureau du plat de la main. Pas impressionné pour autant, Richardson garda son calme. La nature de son neveu ne revêtait plus aucun mystère à ses yeux.

— Et qu'est-ce que je gagne en retour ? Tu penses que tout est facile. C'est la faute de tes parents qui t'ont toujours tout donné.

Hunter expira. La rage montait en lui.

— Peu importe. Tu acceptes ou pas ?

— Apparemment, ils embauchent au MacDo, peut-être que tu pourrais postuler ? s'amusa-t-il.

Hunter ne s'attarda pas dans ce bureau austère. Il se releva tandis que Richardson se gaussait en se balançant sur sa chaise roulante.

— OK, je t'avance, mais rien qu'un petit peu. Débrouille-toi pour savoir quoi prioriser et ne me demande rien de plus.

Un bref instant, le visage du jeune pompier s'illumina. Il se questionna sur l'urgence de sa situation : que devait-il privilégier ? Le logement ou la voiture ? La réponse paraissait évidente : l'appartement. Et au vu du montant inscrit sur le chèque que lui tendait son oncle, Hunter fut certain de son choix.